Si vous vous êtes un peu baladé sur mon site, vous aurez sans doute compris au fil des pages que l'écrit et les mots ont une place importante pour moi!
Depuis la naissance des "Graines de Vie" de petits commentaires sont venus naturellement se poser sur l'image dévoilant un peu - et je l'espère avec humour! - l'origine et le sens de la sculpture en donnant lieu chaque fin d'année au rituel livre des "Graines de Vie" que j'écris avec un grand plaisir.
Je me suis aussi essayée à un conte pour enfant: "Léontine et la caverne"(que vous trouverez dans la section "livres".
Bref, jouer avec les mots ouvre sur une infinité de possibles: plaisir surtout mais aussi déposition,conscientisation,guérison...la trace écrite, si simple à mettre en oeuvre (un papier, un stylo, un clavier) et à la fois si puissante est un outil merveilleux permettant de se dire.
Il y a les écrits intimes (juste entre soi et soi) et ceux qu'on a envie de partager.
Et voici donc l'objet de cette page: quelques morceaux choisis de mes écrits que j'envoie vers vous en espérant que vous prendrez plaisir à les lire autant que j'en ai pris à les écrire!
J'ai toujours aimé écrire...mais j'aime bien aussi qu'on me lise!
Si vous souhaitez être averti à chaque pulication,
En ce jour d’automne, à l’aube d’Halloween, qui faut-il le rappeler, est la fête des morts…à l’aune de cette actualité mondiale si terrifiante, violente, de ce climat ambiant si délétère….et la tendresse, bordel !
Mis à par avec ses proches, voire ses très proches, il faut reconnaitre que la tendresse n’a guère de place au sein de la folie du monde. Et pourtant ô combien il est important de la laisser émerger, nous envahir, nous enrober.
Bien sûr arrivent en tête de peloton mes enfants et mes petits-enfants suivi de près par mes ami.es mais bien que je les aime profondément, inconditionnellement, je ne suis pas toujours apte à l’exprimer dans la gestuelle, je suis plus à l’aise avec les textos😅.
Une forme de retenue s’est peu à peu mise en place, au fil des années et à l’insu de mon plein gré. Je ne sais pourquoi mais c’était beaucoup plus facile quand j’étais jeune. Je ne crois pas m’être rigidifiée ni même m’être blindée, cette tendresse en moi est toujours là, je le sais, je la sens mais elle est plus difficile à exposer.
Celui qui en bénéficie le plus et qui surtout m’y autorise sans aucune retenue, sans crainte du rejet, sans fausse pudeur et qui me le rend si bien, c’est mon chien (et tous ceux qui l’ont précédés).
Gratitude à la race canine que j’adore et en partie grâce à cette faculté qu’ils ont de faire jaillir de moi cet élan d’amour, ces baisers et ces caresses que je ne me retiens pas d’exprimer, et ce à toute heure du jour (et parfois même de la nuit !). C’est si bon de pouvoir ouvrir son cœur sans se soucier de rien, juste se « répandre », lâcher la posture, tomber le masque et se laisser aller.
L’autre exutoire pour ressentir ce sentiment si doux et qui fait tant de bien, cette expression concrète de l’amour c’est à travers mes Graines de Vie que je le trouve. Je m’y réfugie avec un plaisir non dissimulé, revendiqué. N’allez pas croire pour autant que je ne suis qu’un chamallow doux et sucré…loin s’en faut ! J’ai aussi, comme tout un chacun, mes parts d’ombres et mes démons que j’ai d’ailleurs plusieurs fois tenté de faire émerger dans mon travail…et j’ai à chaque fois échoué sans comprendre vraiment pourquoi…. Je tente, j’essaye, j’échoue, j’abandonne et reviens à mon essentiel : faire surgir cette tendresse dont je suis remplie, déverser ce trop-plein qui m’envahit et l’envoyer dans le monde, vers vous, pour le partager, le faire résonner.
Ce n’est pas un acte de générosité, c’est sans doute plus égoïste que ça, c’est une façon de me révéler, de me faire du bien et si, comme l’onde provoquée par le jet du galet dans la mare, cela vous revient, tant mieux !!!
Avec tendresse.😘
La salle d'attente
Mardi 16h30, salle d’attente de mon médecin généraliste, 2 personnes présentes.
Prête à fuir ou impatiente d’en finir, une vieille dame,
tête baissée, est assise sur le bout de sa chaise.
En face de moi, un homme en bermuda et claquettes
à la mine renfrognée surfe sur son portable en toussant,
nous faisant généreusement don de ses microbes sans aucun complexe!
A deux doigts de le tancer mais sans m’y résoudre pour autant,
je m’évertue à lui lancer des regards noirs et appuyés dans l’espoir que le message passe… sans succès….
jusqu’à ce qu’il disparaisse dans le cabinet de l’autre médecin.
La vieille dame est elle aussi appelée pendant qu’une autre prend sa place sur un bonjour discret.
Mon médecin est en retard, comme d’habitude mais je prends mon mal en patience…après c’est mon tour !
Depuis l’entrée,
l’arrivée tonitruante d’une nouvelle patiente se fait entendre.
Elle parle fort mais
à qui parle-t-elle ?
A la secrétaire, à tout le monde, à personne ?
La voilà qui entre, se pose en face de moi, le verbe haut à la cantonade, se demandant quelle heure il est, si elle ne s’est pas trompée d’horaire, de jour, vérifiant son portable qu’elle dit être tout nouveau, le faisant sonner au volume maximum tout en s’excusant de ne rien comprendre à son fonctionnement enchainant qu’elle est comme ça et qu’elle l’a toujours été, qu’elle a 78 ans et qu’elle vit seule, qu’elle parle à tout le monde quand elle sort, ceci expliquant cela et puis que c’est comme ça !
Elle ne s’adresse à personne en particulier mais le message est clair, elle est open !
L’autre femme, assise deux chaises plus loin, baisse la tête, tentant ainsi de se soustraire à sa vue.
N'ayant pas vraiment envie de lui donner la réplique malgré cet appel appuyé d’un besoin de communication débordant, je plonge moi aussi mon regard au sol, espérant échapper au tsunami verbal.
Mais, peu sensible à mon message subliminal, la voilà qui me complimente sur ma tenue et mon chapeau, me révélant qu’elle a été modiste mais pas que…qu’elle a eu plusieurs métiers (elle rit) , qu’elle a travaillé dans des écoles, et qu’elle a toujours été une femme engagée, humaniste, toujours au service des plus démunis contre les puissants de ce monde, que la politique c’est de la merde (elle rit) et qu’ils sont tous à mettre dans le même panier, mais qu’elle s’en fout, elle, elle mène son petit bonhomme de chemin, qu’elle a toujours fait ce qu’elle voulait et que c’est pas à 78 ans que ça va changer (elle rit) mais qu’au passage, elle aime bien notre médecin mais c’est quoi ces affiches qui appellent à manifester pour le corps médical, ah oui, l’augmentation du prix de la consultation, c’est vrai que franchement c’est une honte, 25 € avec toutes ces années d’étude mais quand même elle est toujours en retard et puis aussi elle trouve que je suis sympa, elle aime bien ma façon de m’habiller, elle voit bien que je suis une femme libre et libérée (elle rit) mais du coup, il est quelle heure-là ? et ce nouveau téléphone auquel elle ne comprend rien ça l’énerve, d’ailleurs ce monde est devenu fou, et ce tremblement de terre au Maroc, quelle catastrophe, cette planète part en cacahouète….
Madame Wermuth ...
C’est à moi !
Libérée, délivrée ?
Malgré les quelques pauvres onomatopées que j’ai réussi à placer dans cette logorrhée, j’ai finalement vite lâché mes défenses et me suis laissé aller à l’écouter avec plaisir !
Sa pulsion de vie communicative, ses propos intelligents et pas si décousus finalement, sa soif de communiquer, ses rires…mais aussi sa solitude….tout en elle m’a touché, m’a ému et ces quelques minutes, denses, en son exubérante compagnie ont suspendu le temps et fait de cette attente un joli moment ! Et hop, le p'tit dernier!
Psychanalyse du « Passage à vide »
Il y a des jours légers et joyeux où l’on a le sentiment que l’univers tout entier répond à nos attentes, ceux, simples et paisibles, où la vie s’écoule en suivant un cours qui nous convient et d’autres, moins faciles à gérer mais qu’il faut néanmoins traverser, les dents serrées, le poing levé pour se donner la force de résister à cette lente et insidieuse descente vers l’engluement.
Ces états d’être, nos états d’âme, non spécifiquement liés à une réalité objective de la situation m’envahissent parfois sans véritable raison, du moins sans raison consciente et identifiée.
Et de fait, tout va bien… mais pourtant, sans savoir pourquoi.. c’est pas ça !
Je tourne en rond, sans véritable envie, je brasse de l’air, tentant de me motiver à entreprendre, créer, bouger….à la lisière inconfortable du déni, je choisis de le nommer pour l’affronter : je traverse un passage à vide et j’ai hâte d’être à nouveau à gué.
Mais au risque de me retrouver noyée
sous vos doux messages de soutien (je vous connais !),
je tiens à vous rassurer avant d’aller plus loin dans cette psychanalyse sauvage, je ne suis pas au bord du suicide
ni même en dépression, encore moins en burn-out😉
Alors, comme à mon habitude, je m’interroge.
Bien que la majorité les attendent avec grande impatience- et je le comprend aisément- ce temps des vacances, temps suspendu où tout repère s’évapore, où toute « obligation » sociale se dissout…. n’est pas ma tasse de thé !
Ou peut-être est-ce dû à l’impuissance ?
Celle de ne pouvoir aller de l’avant comme projeté, soumise, pour le moment, à une situation que je ne peux changer malgré toute ma volonté.
Je n’aime pas avoir le sentiment de ne pas avoir la main sur mon destin !
Toute puissance, quand tu nous tiens 😊
Je rame mais je m’accroche, mon tempérament ne me permettant pas de faire autrement !
Je sculpte, un peu, mollement !
Je dessine : c’est le bon moment pour.
Je lis, beaucoup.
J’ai toujours eu du mal à gérer l’inaction.
Il me faut des projets, un os à ronger, une bataille personnelle à livrer, une veuve ou un orphelin à sauver !
La vie n’est pas un long fleuve tranquille et c’est tant mieux car je préfère les remous., plus à l’aise dans les « batailles » auxquelles elle nous confronte que dans celles contre moi-même.
Aujourd’hui et comme toujours, et malgré ce dicton si galvaudé, rien ne vaut l’écriture (la parole) pour panser nos plaies en mettant des mots sur nos maux pour que la catharsis agisse.
Je me sens déjà mieux !
Merci à mes lecteurs.
Restrictions budgétaires
Non, mon coup de gueule n’est ni à propos du pouvoir d’achat, du prix de l’essence, du gaz ou de l’électricité ...même si j’en conviens , ce serait légitime !
Je parle ici de la Région Île de France et de sa présidente Madame Valérie Pécresse
qui a décrété et acté en novembre dernier la fermeture de tous les EDI pour décembre 2022, si, si !!! Magnanime, nous pouvons continuer à accueillir les jeunes jusqu’en mars, peut-être même jusqu’en juin, mais à ce jour, rien n’est moins sûr ! Restrictions budgétaires oblige, elle a fait le choix indigne de couper les cordons de la bourse à celles et ceux qui sont les citoyens de demain, à ceux qui en ont peut-être le plus besoin, à ceux qui sont les plus fragilisés, les plus démunis.
Depuis 8 ans j’interviens en tant que vacataire dans un EDI du 77.
Mais qu’est-ce donc qu’un EDI ?
C’est l’acronyme d’« espace dynamique d’insertion » qui , adressés par les Missions Locales, accueille des jeunes adultes entre 16 et 21 ans .
Comme son nom l’indique, l’insertion ou la ré-insertion en est l’objectif. Les jeunes restent plus ou moins une année à l’EDI et sont accompagnés par des éducateurs spécialisés et un maillage de vacataires dont je suis. Ils sont accueillis toute la semaine et participent à des ateliers créatifs (art plastique, kamashibai , clown, théâtre, cuisine, écriture) et à d’autres plus traditionnels (français, vie pratique, gym…)
Ils sont fragiles, paumés, écorchés vif, quelques fois agressifs.
Leur armure en acier trempée n’est pas facile à fissurer mais avec le temps, la confiance s’installant peu à peu , ils acceptent plus ou moins de s’ouvrir, de laisser aller,
de s’abandonner….autant que faire se peut.
Ils sont accompagnés, soutenus, écoutés valorisés dans un cadre souple mais qui tient, dans une « proximité » à juste distance, dans une ambiance décontractée parfois drôle, voire très drôle , parfois sérieuse et réflexive où les affects émergent de part et d’autre dans des limites claires.
Bienveillance, intérêt et respect, voilà ce dont ils ont besoin, voilà ce que nous tentons au mieux de leur donner, en tant qu’Humains et dans nos postures de thérapeutes .
Certains sont déscolarisés depuis longtemps, d’autres livrés à eux- mêmes avec des parents « déficients » ou largués ou trop autoritaires, d’autres fraîchement arrivés sur notre sol ( Afrique/ Cap vert/ Maghreb/ Pays de l’Est….) ne parlant pas Français, une petite poignée avec des pathologies psychiques non diagnostiquées ou mises au déni ….
Des filles, des garçons... des cultures , des codes, des éducations (très) différentes qui se percutent, s’entrechoquent réussissant à faire groupe, se reliant et se ralliant les uns aux autres et avec nous, dans le sentiment de créer/recréer fratrie, famille... voire même parfois surgir une histoire d’amour !
Ils ont plus ou moins de "potentiel", ils sont touchants et si attachants...je les adore même si ce n’est pas toujours simple mais si on remet en perspective leur trajectoire et leur jeune âge, alors, tout devient possible pour eux à la hauteur de leurs capacités respectives.
Après un an passé à l’EDI (c’est le temps imparti) certains trouvent un boulot, un stage, quelques uns retournent à l’école, d’autres sont dirigés vers des CATTP (Centre d'Accueil Thérapeutique à Temps Partiel )…
L’essentiel de la mission c’est qu’ils trouvent leur chemin, récupère une place, reviennent dans la boucle, dans la société, dans la vie.
Depuis 8 ans que j’y interviens (3h/semaine - atelier clown/impros), il y a eu quelques « échecs » bien sûr mais pour la majeure partie c’est gagné !
Ces citoyens de demain, même s’ils « reviennent de loin » peuvent remporter la bataille et cette « victoire » qui est la leur est aussi la nôtre et il n’y a rien de plus gratifiant que de les voir retrouver le sourire, l’estime de soi et des perspectives d’avenir.
La fermeture des EDI est une honte !
Faire des économies sur le budget de la région, s’est sûrement nécessaire mais indéniablement pas sur ce poste là.
Pensées vagabondes
Dans le silence de l’atelier, les mains plongées dans la matière, le cerveau,comme un cheval fou ivre de liberté, se plaît à galoper en tous sens et son contraire. Souvent mes amis s’invitent à la table : ceux à la présence régulière et tangible, ceux qui ont quitté le port , qui sait pourquoi et sans plus jamais refaire escale , ceux qui combattent héroïquement contre la maladie d’un proche ou la leur, ceux qui résistent, qui vieillissent, ceux qui projettent, qui s’enflamment, qui s’exclament…Puis, sans crier gare, la voix de ma mère prend le relais : « Accompagnant le geste à la parole, Papa nous disait toujours que nous étions nés avec le mot « chance » écrit sur le front ». Mes grands-parents ayant fui et survécu au génocide arménien, sans doute ceci explique cela allié à l’indéfectible amour de la vie chevillé au corps de mon grand-père ! La psychogénéalogie transgénérationnelle développée dans les années 70 par Anne Ancelin Schützenberger (dont je vous conseille entre autre la lecture d’« Aïe mes aïeux ») étudie les liens et les incidences entre le vécu de nos aïeux (évènements,traumatismes, secrets de famille…) et le nôtre. L’amour de la vie et la « chance » seraient-ils transmissibles aussi? Sans doute !J’espère alors que mes enfants et petits enfants en hériteront eux aussi (je fais tout pour!) .La « chance », en l’occurrence c’est d’être née ici, dans un pays libre de penser, de vivre et d’aimer comme on l’entend. Sans compter que, j’en ai conscience, j’ai été bien servie…Gratitude (là, je pose mes outils fissa, croise les doigts et touche le bois de ma table... au cas où...on n’est jamais trop prudent!).Ce qui, cela va de soi,fait rebondir ma pensée sur ce monde qui nous entoure : ces jeunes femmes iraniennes risquant leur vie, cheveux au vent, défiant avec courage un régime totalitaire, arbitraire, délétère….Cette jeune fille de 12 ans sacrifiée sur l’autel de la folie d’une autre, cette guerre à nos portes dont l’issue reste incertaine, ces femmes et enfants qui vivent et meurent sous les bombes, ces jeunes hommes servant de chair à canon pour satisfaire la mégalomanie d’un seul….Quelle violence, quelle folie !Retranchée à l’’atelier, l’ abri est précieux et la création, un doux refuge où l’on peut façonner le monde tel qu’on aimerait qu’il soit. Et d’ailleurs, qu’en est-il des pièces qui se créent pendant ce temps suspendu? Se chargent-elles de ces pensées désordonnées, de ces bombardements d’émotions parfois contradictoires ? Sans aucun doute !La tête transmet à la main qui fait et le cœur se charge du reste.
Retour d’expo
Ils ne sont sans doute pas les seuls ni même les 1ers mais ils sont sans aucun doute dans le trio de tête !
Faire de sa quête d’amour son métier…voilà qui résume bien les artistes même si créer ne se résume pas non plus qu’à cela.
Vendre, pour certains, n’est pas toujours chose aisée !
Vendre ce qui sort de nos mains, ce qui est à l’intérieur de nous, ce qui nous anime, ce en quoi on croit…c’est délicat ! S’accompagnant parfois de pensée magique, de doigts croisés, de grigris… chacun son truc…en ce qui me concerne c’est une démangeaison répétée de la paume gauche qui m’alerte sur une vente supposée 😉.
L’Homme est un animal superstitieux et son corollaire, parfois irrationnel !
Quel paradoxe de toujours l’espérer tout en le redoutant à la fois car ce sentiment de reconnaissance et d’amour pourtant souhaité n’est guère simple à gérer.
Vendre me procure tout à la fois un léger malaise lié au dieu Argent comme si cela corrompait un peu l’amour ou me ramenait à cette éternelle question de la légitimité (dont à la fois je ne doute pas !) et une vraie joie pleine, entière, ressourçante…celle d’être choisie.
Un petit bout de moi qui vous rejoint sur votre chemin. A la croisée de l’impalpable, de l’indicible, l’œuvre nous réunit, nous relit.
En revanche, il me faut confesser que rentrer bredouille- plus crument dit, sans une thune dans la poche…même si l’on s’en défend, l’égo en prend toujours un coup, y’a rien à faire, c’est comme ça !
Il souffre de ne pas avoir été élu, il en déduit qu’il n’est pas à la hauteur, pas aimé, pas, pas …. et cette égratignure, blessure certes fugace mais néanmoins réelle nous fragilise.
L’égo vacille, se cabre puis s’en remet, digère jusqu’à ce que l’espoir chevillé au corps refasse surface, propulsé dans la prochaine expo, celle qui va cartonner et tout réparer !
Je ne sais qui a dit que vendre est la seule vraie reconnaissance de l’artiste.
Je confirme : le sonnant et trébuchant remporte la timbale et nous propulse dans les étoiles, les yeux brillants, le cœur content.
Loin de moi pour autant de minimiser les mots d’amour reçus verbalement, les émotions visibles et sincères offertes et les échanges chaleureux…C’est si doux aussi, si bon, vraiment, mais il faut avouer que le nerf de la guerre c’est vendre et que c’est indispensable/indissociable à la poursuite de notre métier d’artiste.
Ginette et Paulette- acte 2 : les Tamalous
C’est mercredi.
Ginette et Paulette sont attablées à leur terrasse de café préférée.
Paul, le patron du bistrot, les yeux plissés par son sourire masqué vole de table en table pour saluer le retour tant attendu de ses habitués.
L’effervescence est à son comble en cet historique mercredi 19 mai !
Il n’est même pas encore midi que déjà toutes les tables sont occupées.
Des jeunes, des vieux, côte à côte, unis dans la joie des retrouvailles.
Des rires entremêlés, des discussions enflammées créent un bain sonore qui résonne jusqu’au bout de la rue.
Y’a d’la joie, dans le ciel par-dessus-les toits !
Ginette et Paulette installées au milieu de ce maelström de fureur et de bruit sirotent avec gourmandise leur apéro préféré : un p’tit Porto à la couleur rouge ambré.
- Alors ma Ginette, raconte… Ça va ?
C’est-y qu’tu boites ou quoi ?
- M’en parle pas!Ce matin en me levant, je pose le pied par terre, je me hisse péniblement sur mes 2 jambes un peu ankylosées et vlà t’y pas que j’me tord la cheville, encore !!! Et y’a aussi mon bras. Je ne sais pas pourquoi mais je n’arrive plus à le lever au-delà de l’épaule. Pratique pour attraper un truc au-dessus du bout de ton nez ! Faut développer des stratégies de malade pour chopper les verres sur l’étagère : prendre un petit marchepied pour se hisser à la bonne hauteur...au risque de se casser la margoulette et de se fracasser le crâne sur les tomettes de la cuisine ! Ce qui d’ailleurs m’est arrivé pas plus tard qu’avant-hier…Figure-toi que j’ai cru que je m’étais pété le col du fémur et puis finalement, ouf, non ! Mais sur le coup je me suis fait un film : appel aux Pompiers, ambulance, brancardiers, hôpital, opération….et on sait ce que ça donne à nos âges canoniques…le col du fémur, certains ne s’en relèvent jamais ! Du coup, plus de peur que de mal mais tu verrai le bleu que je me paye, c’est pas joli, joli et avec les vacances qui arrivent le une pièce n’y suffira pas… je vais peut-être opter pour une combinaison de plongée !
- J’ voudrai pas t’offenser ma Ginette mais j’avoue que je me sens moins seule ! Bienvenue au club des Tamalous !
- Les Tamalous, c’est quoi ça ?
- Ben, les « t’as mal où ». Le club privé et réservé aux membres de l’âge béni où tout commence à dérailler et que tu enchaines chaque jour de nouveaux p’tits bobos, histoire de ne pas se lasser et d’avoir tout le temps quelque chose de nouveau à raconter!Un privilège exclusif qui t’assure au moins d’être écoutée. Mais attention à ne pas en abuser car ça finit vite par lasser. Autrement dit, stratagème à utiliser néanmoins avec parcimonie !
Allez, à mon tour, je me lance: Dernièrement, mon genou craquait et ma hanche était douloureuse. Et pfttt va comprendre, ça a disparu un peu comme c’est venu.Maintenant c’est une contracture à l’omoplate qui a pris le relais : un mois que je les saoule avec ça.Elle ne me lâche pas la grappe et malgré des séances répétées d’ostéo, y’a rien à faire, elle reste là, accrochée à mon dos comme une moule à son rocher ! Alors je me plains, pas trop quand même et avec décence, mais faut reconnaitre que ça mobilise l’attention…c’est pas que j’aime vraiment ça mais si ça ne résout pas le problème ça a quand même l’avantage de ne pas se faire oublier…et de se sentir aimée !Bref, comme dirait l’autre, c’est pas beau d’vieillir ma brave dame !Ce corps qui part en cacahouète, échappant à ton contrôle, désobéissant à ta volonté…Et à part ça pour changer de sujet : Et ton Maurice alors, raconte…
- Oula, longue histoire !
Nous nous sommes finalement rencontrés en chair et en os, si j’ose dire ! Moi surtout en chair et lui, surtout en os, hihihi! Il m’a invité chez lui pour un brunch. C’est moderne le brunch, c’est très « djeun’s », un genre de p’tit dej tardif ou de déjeuner précoce.D’autant qu’avec ce fichu couvre-feu, les diners aux chandelles c’était walou mais maintenant qu’on a le droit de veiller, on va pas se gêner pour en profiter !Bref, nous vl’à attablés tous les deux, et de café en brioche vl’à t’y pas que nous nous retrouvons au lit. Ça fait drôle quand même cette intimité, ce peau à peau et ces baisers.Ayant perdu le mode d’emploi depuis des lustres, j’étais dans un état de panique totale, cherchant à trouver le bon angle, le bon axe, l’alignement des planètes….Et là, bim, un mouvement trop brusque, un stress trop grand :cou bloqué, cervicale déplacée, torticolis assuré…Quant à lui, impossible de se déplier, cloué au plumard par une crampe récurrente au mollet!Jeu, set et match, retour au vestiaire, coup d’essai plié ! Penauds, frustrés par cet élan coupé en plein vol, on est retourné à nos agapes alimentaires pendant que je prenais rendez-vous chez l’ostéo et lui chez le kiné !Si le ridicule ne tue pas le romantisme nous devrions survivre à cet échec retentissant mais faut quand même avouer qu’avec nos corps vieillissants, même si on fait preuve de bonne volonté, c’est pas gagné !
C’est alors que Paul s’est pointé à notre table appelant au silence l’assemblée pour porter un toast à la vie retrouvée et à ses deux plus anciennes clientes préférées du quartier : Ginette et Paulette pour ne pas les nommer.
Notre petite heure de gloire avait sonné.
Toutes rouges, toutes gênées, on s’est un peu fait prier mais franchement, entre nous, on a sacrément kiffé.
Nous, les Tamalous, faisons ici serment que jamais nous ne nous résignerons et resterons debout malgré tout, un point c’est tout !
Il l'été temps!
Paraît que l’été sera chaud
On dirait que ça commence maintenant !
Il l’été temps
parce que jusqu’à présent
pardon, hein mais on s’pelait le jonc!
Et puis rayon confinement
là aussi, ça sent bon...
y’en a plus pour longtemps !
On est dans les starting blocks
l’été toque à la porte
l’année qui vient de s’écouler
on l’oublie, on s’en moque.
Sortez les maillots, les chapeaux
les râteaux et les sceaux
et rendez-vous tout bientôt
sur le sable chaud !
Yo!
Tribute à ma « tribu »
J’ai toujours rêvé de faire partie d’une grande famille et d’avoir une grande fratrie. Toute petite déjà, je n’aimais rien de moins que d’être nombreux, ensemble. Le syndrome de la fille unique, sans doute !
Issu d’une famille italienne, mon père avait 9 frères et sœurs.Issue d’une famille arménienne, ma mère en avait 3.Petite fille, rien ne me mettait plus en joie que les fêtes de Noël ou d’anniversaire où une bonne douzaine de convives étaient réunis autour de la table.Le bruit des exubérantes (ah ! la fougue méditerranéenne !!!) conversations passionnées (auxquelles je ne comprenais pas grand-chose !) les rires tout autant expansifs et les parties de cartes ou de loto qui généraient encore plus de décibels… (le jeu, c’est du sérieux !).
La vie, la joie, le plaisir d’être ensemble, unis et réunis.Je me souviens comme c’était bon.Autour de moi, tous ceux que j’aimaiset qui m’aimaient sans l’ombre d’un doute, sans question, sans attente.
Quand je voyais ces frères et sœurs réunis et complices même si parfois j’étais aussi témoin de désaccords et d’engueulades, ce que je pressentais sans pouvoir l’analyser c’était ce lien qui malgré tout finissait toujours par l’emporter, indestructible, inconditionnel.
émotionnelles et familiales et que je me retrouvais seule avec mon papa et ma maman, j’installais toutes mes poupées et mes nounours en rang d’oignon et me projetais en mère de famille nombreuse, tantôt tendre et bienveillante, tantôt directive et autoritaire !
L’enfance, source où naissent nos rêves, ne doute pas faire jaillir une eau vive qui, adulte, les verra fleurir.
Plus tard, jeune femme, je retrouvais avec ma belle-famille ces grandes tablées familiales où se rejouaient les bonheurs de l’enfance.
Ce plaisir simple mais si plein de partager repas, vacances, et jeux de cartes ...même les emportements de mon beau-père quand il perdait me mettaient en joie !
« Le clan », disait-il ! En faire partie me rendait si heureuse. Ma tribu s’était agrandie.
Je parle souvent de ce sentiment d’appartenance au groupe. Certains sont plus ou moins preneurs, moi plutôt plus !
Puis je devins mère.
Un fils d’abord, qu’enfant, je m’étais juré qu’il ne resterait pas seul.Nous lui fîmes donc « cadeau » -et à nous aussi- d’une petite sœur 4 ans plus tard. Mon plus grand regret est qu’il n’y en ai pas eu un troisième mais ceci est une autre histoire !4 à table, c’est pas ce qu’on peut appeler une grande famille mais c’est bien mieux que 3 !Les voir se chamailler, se câliner, puis plus tard se câliner, se chamailler et encore aujourd’hui…quel bonheur de voir les liens qui les unit, la complicité, les souvenirs, la trace de notre histoire commune.
Et puis grand-mère.
Aujourd’hui le premier est papa, la seconde a le ventre bien rond...bientôt nous serons un de plus à table ! Et j’espère en secret pas si secret qu’il y en aura plein d’autres à venir…une brassée de petits-enfants, j’ai les bras assez grands !
Nous avons perdu notre « chef » bien-aimé mais quand toute la famille réunie se retrouvera cet été autour d’une grande tablée, je serais comblée. Mon rêve d’enfant s’est réalisé,
Les liens du sang sont très puissants mais ceux du cœur ne le sont pas moins. Car à cette « tribu » familiale s’en ajoute une qui a son extrême importance.Celle de mes amis, de ceux qui me sont si chers, ceux que nous avons choisi parce que c’est eux, parce que c’est nous. Ceux à qui l’on peut tout dire en toute confiance, ceux avec lesquels on rit, on vit, ceux sur qui le temps n’a pas de prise.
L’amitié, ce rocher si puissant, ce sentiment d’amour où seul le charnel est absent.
A mes « tribus » avec amour.
😍🤩😄❤️❤️❤️❤️
Au début, ce n’était qu’un petit ➕ comme une décoration qui mettait une touche de couleur, un peu de 🕹️ dans le texte...un petit ➕ sans grande importance⚠️
Puisque c’était à disposition, pourquoi s’en priver et puis tu sais ce que c’est, derrière nos🖥️ et nos ⌨️ nous nous laissons facilement entraîner dans les modes👚, modalités, codes ⛔ qui surgissent à travers la 💻 et dont peu à peu, insidieusement, l’on s’empare sans même vraiment s’en rendre compte.
Un petit côté 🐑 de Panurge qui ne peut pas rester trop loin du troupeau🐾 au risque de s’en croire rejeté.
Quoiqu’on en dise, le sentiment d’appartenance au 👨👨👧👦 est puissant et y résister n’est pas toujours chose aisée.
Ma 🎨 était alors assez réduite : des 💋, des ❤️, des❤️, des 💋…
Puis les ❤️.ont changé de couleur, le rouge n’était plus systématique.
Des 💗, voire des💛 des qui 💓 ou qui 💖 ont fait leur apparition.
Bref, petit à petit 🐣 faisant son nid, les émojis ont fait le leur et le babillage de 👶 s’est développé vers une 👅plus développée, plus complexe- même si il y a encore du 🚶♀️ à parcourir!
Car oui, j’ose le dire, les émojis sont bien un langage à part entière.
Chacun les siens en fonction de ses préférences: 🌺😻☀️😎🙋♀️🤞🙏....
Il m’arrive maintenant parfois d’écrire une ligne d’émojis
revêtant un signifiant aussi clair et compréhensible
que des mots, voire ➕ !
Et la force de ces petites choses si bien nommées c’est qu’elles véhiculent vraiment l’émotion que l’on veut faire passer l’état dans lequel on se trouve et ce, sans aucune ambiguïté possible pour le réceptionnaire.
Le choix des mots ✍️, de la syntaxe, de la ponctuation❗ peut toujours prêter à confusion ou du moins à une interprétation 💬 divergente entre celui qui ✏️ et le 📖.
J’ai toujours été cliente de la ponctuation qui permet, autant que faire se peut, de donner corps à l’émotion💕 dans laquelle je me trouve👍.
Grande consommatrice de points en tous genres : suspension...exclamation !!! interrogation ??? dont, parfois, souvent, j’use et abuse, je me suis rendu compte, ou on me l’a fait savoir, que certains de mes 💌 ne les décryptaient pas toujours ou y mettaient un ⬆️ qui n’était pas le mien.
Même si nous parlons le même langage chacun de nous avons une sphère mentale, intellectuelle, émotionnelle personnelle et singulière, un maniement et une codification de la 👅qui nous est propre.
Avec les émojis, si elles sont bien choisies (et parfois ça demande du 🕰️) pas de doute, c’est clair, net et précis!
Ce qui a inspiré ce post est un des nombreux échanges de textos avec mes enfants👪 foisonnants de clins d'👁️ drôles, de « private joke » tendres 💞dont un des derniers avec mon 👦 qui m’a fait 🤣
Retour immédiat de 🤣🤣🤣 qui ont fait le job👌...
Je savais, sans l’ombre d’un doute, qu’au-delà de 💻il 👂🤣 !!!
Merveilleux isn’t it 😍😍😍
Décidément, je confirme 😍🤩❤️❤️❤️.
🤗🤗🤗🥰
Alors on sort !
Aux terrasses de café aller trinquer,
au resto, bientôt, entre amis aller diner,
se faire une toile dans les salles de ciné,
vibrer dans les concerts de nos groupes préférés
et se déhancher sur le tube de l’été...
Traverser les frontières, direction l’étranger
aller se baquer dans les rivières
ou sur les bords de la mer Égée...
Dans l’herbe des champs se prélasser
au soleil s’allonger dans les prés
Faire des châteaux de sable doré,
en éventail mettre nos doigts de pieds
et sentir notre corps tout entier
se réchauffer.
Et surtout enfin s’enlacer, s’embrasser
sans rien redouter…
Reprendre le cours de nos vies
là où on l’a laissée,
rêver, rêver, rêver
de projets qu’on puisse réaliser
avancer, avancer
et se laisser porter
par la vie, l’amour, l’amitié ...
Quitte à se faire ballotter
au moins le nez à l’air et la bouche libérée
toute l’expression de nos visages à nouveau dévoilée
nos joies, nos peines sur nos traits, affichées,
retrouver la lisibilité de notre humanité.
Encore un peu patienter,
continuer à s’accrocher,
l’été arrive, ça va aider
et vite après, nos masques faire voler
par-dessus les toits et à jamais
et enfin respirer l’air de la liberté retrouvée.
La cerise sur le gâteau!
Colère sur colère, frustration sur frustration, contrainte sur contrainte…
Le nouveau plus grand pâtissier du monde nous a concocté un millefeuille indigeste sans crème mais avec le glaçage est glaçant !
Bouhhh, t’exagère quand même : on peut s’estimer heureux (pour le moment !) on n’est pas reconfinés !
C’est vrai que notre président est cohérent : il avait parlé d’une guerre.. s’ensuit le couvre-feu !
Mais attention hein, les mesures prises au printemps ne sont pas un échec : elles n’ont pas réussi, faut pas confondre !
Et nous voilà cloitrés chez nous à partir de 21h !
J’ai l’impression de retomber en enfance. C’était l’heure maximale du coucher quand j’étais enfant et tout comme aujourd’hui, c’était non négociable ! Sauf que c’était mon papa et ma maman qui ordonnaient et que j’avais 6 ans !
Les théâtres, les cinés, les restos, tous ces lieux de vie, de joie, de partage cherchent la solution pour pallier à la situation mortifère et échapper autant que faire se peut à une fermeture définitive, à une faillite potentielle.
Pas grave, on ira boire l’apéro à l’heure du gouter, on dinera à 18 h comme à l’hosto (au moins comme ça, notre estomac sera fin prêt si par malheur on devait s’y retrouver !) et à 21h, hop, au lit !
Il parait que suivre le rythme de la nature est bon pour la santé !
On va pouvoir tester ça pendant les 6 prochaines semaines, youpi !
Levés à l’aube, on fera notre gym devant notre écran de télé ou de portable, une petite douche et à 8h, séance de ciné pour bien commencer la journée. Retour maison pour le télétravail en visioconférence… la convivialité virtuelle et le brainstorming de groupe derrière l’écran…le lien social c’est quand même important ! Si le patron est sympa on pourra peut-être s’accorder d’aller de temps en temps au théâtre entre midi et deux !
C’est vrai que l’apéro à la fenêtre ou sur Zoom c’était chouette !
Là, on passe à la vitesse supérieure: on ne peut pas arrêter le progrès !
Dinette partagée par écran interposé, moi j’te l’dis, on va kiffer !
Elle est pas belle la vie ?
Allez, on s'accroche, courage …il va encore nous en falloir !
Ressources Humaines
Il en faut de la ressource, parfois, pour résister à la morosité qui nous étreint.
Etant mon propre DRH dont le seul employé est moi-même (tu suis jusque- là ?!), si je dresse un bilan sincère (les DRH, ils aiment bien ça, les bilans !) de mon état émotionnel actuel…il y a des chances pour que je m’accorde un arrêt de travail immédiat et m’envoie direct chez le psy !
Sachant qu’avec la meilleure volonté du monde, il va être difficile (et fatiguant !) de passer du divan au fauteuil pour jouer les rôles consécutivement, je me suis dit que déblatérer sur le papier devrait faire l’affaire.
Je tiens par ailleurs et dès maintenant à m’excuser auprès de mes lecteurs de leur imposer ça mais, ayant signé pour le meilleur et pour le pire, le temps est venu pour eux de supporter (dans tous les sens du terme !). Car oui, MsieursDames, je l’avoue, ces temps-ci, c’est vraiment pas la joie !
Moi DRH : « -Alors, ma ptite dame, racontez-moi ce qui vous amène ? Qu’est-ce qui se passe ? »
Moi, patiente : « -Eh bien, comment vous dire et par où commencer ? »
Moi DRH : « - Allez-y, ne vous en faites pas, déballez tout en vrac comme ça vient »
Incertitude, questionnements, colère : quand retrouverons-nous nos vies d’avant ???Ras-le bol du masque, des gestes barrières, des parcours fléchés, du gel hydroalcoolique, des cours de gym/yoga à peine repris et déjà arrêtés, des conditions de travail si compliquées à gérer, des soucis familiaux, de l’impuissance, du manque d’envie, du manque d’idées, du manque de projets, des expos à pleurer quand elles ne sont pas annulées , du public frileux et désenchanté, de la météo automnale , de la grisaille……………et cerise sur le gâteau, du PV salé qui m’est tombé dessus lundi matin !
Et pis tiens, pendant que j’y suis, ras-le bol des pistes cyclables qui envahissent toute la voirie, des vélos et des trottinettes qui surgissent devant toi partout, tout le temps, des travaux de prolongation du métro, du tram ou je ne sais quoi d’autre qui t’obligent à faire tout le tour du quartier pour accéder à la rue de derrière chez toi, des rues accessibles avant qui ne le sont plus maintenant….»
Le masque de traviole et humide, essoufflée par cette logorrhée, les joues rougies par la colère, le front plissé et les sourcils froncés, j’’envoie le DRH dans l’arène histoire de souffler et récupérer !
Il n’y a pas que le Corona qui joue avec notre système immunitaire (depuis peu ils l'ont féminisé: c'est devenu LA covid...un comble, non🤬 ). En ces temps incertains et violents, nos défenses, nos résistances sont elles aussi fragilisées, nos ressources amoindries, nos structures mentales et physiques …déstructurées! D’où la question essentielles : quelles sont nos ressources ? Comment s’y prendre pour qu’elles restent actives, disponibles, efficientes ? Certains diront que ce temps est propice au changement, à l’introspection…OK mais là, l’introspection, ras-le bol, place à l’extrospection !
Une saine colère vaut mieux qu’un déni sous le tapis !
Moi DRH : « - je vois, je vois. Allez, respirez calmement, je vais vous inviter à vous allonger pour une petite relaxation guidée »
Parfait, c’est exactement ce qu’il me faut. De l’empathie, de la bienveillance, de l’écoute pour me recentrer, respirer, et me laisser aller à rêvasser…que, Méthode Coué SVP, tout va bien finir par s’arranger…Si possible dès demain, ce serait bien 😉
Je sens que ça va déjà mieux.
Expulser, rien de tel pour rester en bonne santé et l’écriture, bel exutoire, ça pour sûr, elle assure !
Et vous, mes lecteurs, ça roule?
Merci de m’avoir laissé déblatérer!😊
Aime,mange,lis!
Il y a les méchants virus mais il y en a de délicieux !!!
La lecture en est un dont je ne voudrai surtout pas guérir : toute vaccination est inenvisageable et quoiqu’il en soit serait inopérante !
Il parait que pendant le confinement, les gens ont redécouvert ce doux plaisir et que les librairies ne se sont jamais mieux portées qu’en cette étrange période …Tant mieux !
En ce qui me concerne, lire tient une place très importante dans ma vie et ce depuis le lycée.
En section littéraire, A, comme on disait d’mon temps ma bonne dame, le virus en question m’a infecté : Émile s’est pointé et Zola a pris possession de moi !
Ah, que j’ai aimé et aime encore cet écrivain généreux, bavard et prolixe qui te tartine 2 pages pour décrire un grain de sable !
Zola on aime ou on n’aime pas, question de pointe de vue, moi j’adore !
J’adore parce qu’on y est.
Zola c’est du cinéma qui défile sur du papier, Zola c’est de l’écriture animée. Bien sûr, j’ai lu les autres classiques au programme mais lui seul est resté vraiment prégnant, décisif, initiateur.
Depuis lors…je lis !
Je lis chaque soir.
Je lis dans mon lit.
Je lis des polars, des thrillers, beaucoup.
Des plus faciles que d’autres et des plus exigeants car le polar, s’il est certes « divertissant » est aussi un genre littéraire à part entière, souvent terreau sociologique, psychologique, prétexte à décrire le monde et ses démons, ses paradoxes, ses failles, ses déviances mais aussi ses rédemptions,
ses résiliences, ses pardons.
Je lis aussi des auteurs plus « littéraires ».
Ceux qui demandent une plongée, une attention, nécessitant parfois un effort plus soutenu parce que leur écriture est plus singulière, leur monde intérieur plus touffu, leur « passation » plus exigeante.
Dans la vraie vie, je suis une fille fidèle.
Je le suis aussi aux auteurs que j’aime et dont je suis le parcours avec impatience et appétit.
D’œuvres en œuvres, certains, parfois, me déçoivent, d’autres continuent à m’enchanter, à me surprendre, à m’émouvoir, à m’extasier devant tant de talent, de prise de risque, de beauté, de poésie, d’émotion……
L’écriture peut être un si juste miroir, une puissante médecine, une prise de conscience révélatrice, un sain défouloir…
Moi ce que j’aime, c’est qu’on me raconte une histoire, une histoire suffisamment bonne pour que je m’y abandonne, qu’on me prenne en otage, un otage consentant pour partir en voyage sans en connaitre ni la destination ni les participants et surtout pas l’issue.
Quand je traine pour ne pas le finir, que je retarde le moment des dernières pages pour finalement le refermer avec la même tristesse que quand je quitte un ami…plus riche je suis, plus plein aussi...appartenant au monde, plus vivante je me sens !
On dit que la réalité dépasse souvent la fiction.
C’est bien, la réalité mais que la fiction est essentielle pour parfois rendre la réalité supportable !
Ma dernière lecture m’a été soufflée par une de mes amies dans laquelle j’ai une confiance absolue rayon lecture …mais pas que ;)
Quand elle me conseille un auteur, je n’ai aucun doute sur le fait que si elle aime, j’aimerai !
J’ai donc découvert Claudie Gallay et insidieusement, c’est sa lecture qui m’a incitée à écrire ce billet !
Du mal à plonger dans les premières pages.
Des phrases très courtes, sèches, simples.
Ça n’accroche pas. C’est ainsi, je ne saurai dire pourquoi.
Un livre c’est du fond, une histoire, mais c’est aussi une forme, des imbrications de mots, un rythme, sans oublier une bonne temporalité personnelle, une disponibilité.
Alors, je tiens bon, je m'accroche et lui laisse une chance faisant au début, plus confiance à mon amie qu’à l’auteur !
Et petit à petit, ça monte, tout doucement, presque à mon insu…je me rends compte qu’elle a tissé une toile invisible et que, comme la mouche, je me retrouve piégée… je me suis fait avoir sans m’en apercevoir.
Une écriture ciselée et singulière qui parle de l’art et du terroir mêlant deux mondes qui se percutent faisant naitre une femme à elle-même.
Alors je me laisse aller à « La beauté des jours » et à celle de ses mots :
« C’est quand on ne bouge plus qu’on tombe »
« Les morts sont des invisibles, ils ne sont pas des absents »
« Elle se sentait enfin en équilibre, comme lorsque, en de rares et brèves occasions, ce que l’on est parvient à rejoindre ce que l’on croit être, et se noue à ce que l’on fait ».
Et tous ceux que je n’ai pas encore lus et que j'ai hâte de découvrir!
Mange, aime....et lis!
Uchronie
Définition : Récit d'évènements fictifs à partir d'un point de départ historique.
Vendredi 4 septembre 2020
Après quelques jours de grisaille, le soleil a repris ses droits dans le ciel parisien, la température affiche fièrement 24° et ça sent encore un peu l’été. Aux portes du premier week-end de rentrée l’heure de la renaissance vient de sonner.
De la musique et des rires s’échappent des fenêtres ouvertes. Dehors, les passants à visages à découvert, se saluent en se serrant chaleureusement la main pendant que les amis se claquent la bise en s’enlaçant plus qu’il n’est de mise !
Un tsunami de joie, une déferlante d’amour a tout à coup envahi le pays.
Six longs mois déjà que le temps s’est figé. Le printemps s’en est allé sans que nous n’ayons pu en profiter, l’été ne fut guère plus propice à la légèreté mais bon an mal an, contraints et forcés nous avons traversé et tant espéré !
Et subitement, sans que nous ne sachions ni pourquoi ni comment, le rêve est devenu réalité.
En à peine une journée, les labos, les hostos se sont vidés, le gel à la poubelle et bas les masques à jamais !
Le corona s’en est allé… comme il était venu, pshittt, il a soudain disparu !
La vie reprend enfin son cours, laissant derrière elle son cortège de contraintes sanitaires. Le monde peut à nouveau respirer en toute sérénité !
La télé, les radios du monde entier ont diffusé en boucle l’annonce inespérée. De grands rassemblements ont été programmés, les réseaux sociaux ont diffusé l’info invitant la planète à fêter de concert l’évènement du siècle.
Le corona ne reviendra pas, la pandémie est finie, il est grand temps de célébrer la vie !
Rebuts
De nos jours, on trouve de tout dans nos rues !
Des rebuts qui en disent long, qui nous révèlent et nous exposent laissant apercevoir sur le bord de nos trottoirs un pan de vie, d’intime dont nous nous sommes lassés, dont nous ne voulons plus…les objets, tout comme nous, ont un temps de vie limité. Le bonheur des uns à se débarrasser fait le bonheur des autres à récupérer ! Du gagnant/gagnant en quelque sorte qui désormais, est presque devenu un sport !
Bois en tout genre, caisses, valises, meubles, vêtements, chaussures, miroirs, palettes…un bric à brac à ciel ouvert, une pollution visuelle ou une caverne d’Ali-Baba qui parfois recèle un trésor, une perle rare émergeant sans crier gare.
Je me souviens, il y a quelques années, ma clown ayant des velléités de petit rat de l’Opéra réclamait un tutu avec insistance ! Et le tutu vint à ma clown lors d’une ballade canine très balisée ! Là, sur ce trottoir qu’on empruntait chaque jour, un peu de tulle blanc et noir dépassait de deux sacs plastiques…Pas un, ni deux, mais 3 tutus en excellent état, 2 blancs courts et un noir long, pile poil à ma taille s’offraient à moi !!! J’exultais de joie, c’était Noël au printemps et quelle synchronicité ! Comme si l’Univers m’avait entendu et répondait à mon attente ! Magique et clownesque !
Hier, une « rencontre » d’un tout autre genre s’est présentée (et n’en profite pas pour faire un raccourci ou y voir un quelconque lien avec le paragraphe précédent !) Là, au milieu des masques usagers, des sacs plastiques éventrés d’où jaillissaient des détritus alimentaires émergeait…une poupée gonflable !!! Les seins pointant vers le ciel, les jambes dégonflées comme une paire de collant plastifié s’entremêlant dans une position improbable, elle semblait avoir vécu, avoir été « aimée » en quelque sorte mais il faut croire que même avec les poupées gonflables…c’est pas toujours pour la vie !
Hormis le fait que j’aurais préféré qu’elle soit gentiment , décemment planquée dans un sac poubelle et non abandonnée là, à la vue de tous, criant en silence que cette intime solitude soit traitée avec plus de sollicitude... Au risque de faire monter au plafond les féministes, dont je suis, étrangement, je ne sais pourquoi, cela m’a touché…elle m’a ému !
De nos jours, on trouve vraiment de tout dans nos rues !
Retour vers le futur!
A peine rentrée sur le bitume Lilasien, dès le premier regard, les vacances sont déjà loin !
J’évalue à la louche et sans trop me tromper, une bonne semaine d’huile de coude bien musclée !
A peine rentrée sur le bitume Lilasien, dès le premier regard, les vacances sont déjà loin !
J’évalue à la louche et sans trop me tromper, une bonne semaine d’huile de coude bien musclée !
Réveiller gentiment la maison endormie, un bon grand ménage à l’appui, redonner vie au jardin devenu une jungle sèche et rabougrie hormis le lierre qui a tout envahi…3 jours plus tard , le dos en vrac, 10 sacs 100 litres s’alignent devant le portail comme 10 petits nègres à abattre !
Ménage, courses, jardinage….
Vite, checker le calendrier : quand est-ce qu’on va pouvoir se re- barrer ? J’aime toujours avoir un os à ronger et rêver c’est bon pour la santé !
Mais avant ça, ici maintenant, de revenir à la réalité, il est temps !
Les emmerdes, les soucis qu’on s’était évertué à museler, ont resurgi ragaillardis, réveillés par le baiser de la vie comme la Belle au bois endormie.
Le glas a définitivement sonné la fin de l’été refermant la parenthèse enchantée mais, comme les abeilles destinées à butiner, ce qu’on a vécu, ceux qu’on a aimé nous laisse en bouche ce persistant gout de miel doré qu’on continuera de savourer tout le reste de l’année.
A ma famille, à mes amis, à la Madeleine et vive la Vie mes chéris !
Pensée du soir...
D’où surgit le sentiment de sécurité ?
Et comment le quantifier ?
Y’a t-il une échelle de valeurs ?
Pourquoi se sent-on plus sécure ici que là ?
C’est le lieu en soi ?
Ou quelque chose de plus subtil, n’étant étayé par rien de concret et/ou d’explicable…
A quoi ça tient ?
C’est Intuitif ?
Mathématique ?
Intellectuel ?
Émotionnel?
Tous ensembles ou en partie ?
Et concernant les gens :
Pourquoi avec certaines personnes et pas toutes ?
Et à des degrés différents...
Et là encore, comment l’évalue t-on ?
C’est étrange parfois ce qu’on ressent …
il y a des sentiments qui ne s’expliquent pas.
Ils surgissent comme ça, comme une évidence à laquelle on ne peut échapper.
A la douche !
En vacances, un de mes petits bonheurs, c’est la douche d’extérieur !
Je me fais des films comme au ciné, je me la joue Robinson Crusoé !
Allez, venez, je vous fais visiter.
Adossées à la falaise, 3 petites dépendances contiguës dans l’allée eurent sans doute dans leurs jeunes années, une fonction aujourd’hui oubliée.
Magnanerie, poulailler ... ?
Nul ne le sait, seule la maison en détient encore le secret.
Les toits de tuiles se sont depuis longtemps effondrés, les grosses pierres de pays jointées à la terre séchée donnent un charme suranné à ces petits espaces de tout juste 3m2 .
Dès que j’ai pris possession de cette maison, ces 3 petits cocons ont retenu toute mon attention.
Mais qu’en faire, là était toute la question !
Rapidement une idée tant pratique que nécessaire (et tellement romantique !) a pointé son nez : la douche d’été était née !
Une planche de bois scellée dans la pierre accueillant le combiné, le lierre qui court un peu plus chaque année, une vieille saumonière en fer rouillé comme étagère, un parasol en guise de toit , un vieux banc et une patère, des petits cailloux, des caillebotis, un joli tapis…
Le tour est joué, le décor planté, y’a plus qu’à se laisser aller au divin plaisir de l’air sur la peau mouillée... sensualité et connexion avec Gaïa assurées.
Le rideau de douche est tiré, moment d’intimité en parfaite symbiose avec l’été donne envie de pousser la chansonnette orchestrée par les cigales qui font un raffut du diable !
La température matinale est idéale mais pour ceux qui sont du soir, la lumière qui baisse, l’air qui fraichit n’est pas non plus désagréable…à chacun ses plaisirs, comme on dit, la douche d’été, à toute heure, c’est que du bonheur !
Certains sont un peu récalcitrants car oui, bien sûr, quelques petites bébêtes, quelques petits insectes s’invitent parfois sous ce toit.
Mais après tout, c’est bien normal, les intrus, ici, c’est nous et Mère Nature quoiqu’il en soit conserve toujours ses droits !
Il y a des petits plaisirs dans la vie, de ces instants fugaces qui font trace laissant sur nos peaux, dans nos cœurs, un simple et doux sentiment de bonheur.
C’est ce que je ressens chaque jour, quelle que soit l’heure, sous le jet de la douche d’extérieur !
21 juillet : une soirée de vacances
2 amies sur une terrasse qui papotent et profitent de ce temps partagé,
Un apéro bien arrosé qui s’étire sur une soirée déjà bien entamée.
Un moment pour passer le temps en attendant que les fourneaux tardifs finissent le boulot…
Le décor est planté !
Pendant que notre dinette mijote gentiment, nous décidons avec Charlotte de faire un petit jeu d'écriture, juste pour le plaisir.
Reste à trouver la consigne.
Le Canard Enchainé traine sur la table et un article nommé "le dernier bulletin" lui saute aux yeux!
C'est plié, consigne trouvée, temps d'écriture imparti: 5 mn!
C'est parti!
Tableau 1 :
21h 30 Le dernier bulletin (5mn issu d’un titre d’article du canard enchainé)
Cher ami,
Un petit mot pour vous informer que mon dernier bulletin de santé n’est pas bon.
Le docteur Jorge m’a annoncé que je n’en avais plus pour longtemps et que les jours m‘étaient comptés.
Je tenais à vous faire part de l’amitié que j’avais pour vous depuis toutes ces années.
Je vous en prie, ne soyez pas triste, j’accepte mon sort avec sérénité même si j’aurais aimé rester plus longtemps à vos côtés.
Prenez bien soin de vous et pensez à moi de temps en temps.
Ceci sera donc mon dernier bulletin ici-bas.
Je vous aime
Je ne le savais pas mais je viens d’apprendre que le 21 juillet est la fête nationale belge !
Rien à voir avec mon post si ce n’est peut-être l’humour et le burlesque de la soirée !
Tableau 2 :
22h 30 : A table!
Il est temps de ranger carnets et crayons, le diner est prêt!
Attablées sur la terrasse qui signe le temps des vacances, Charlotte et moi nous régalons d’un boudin aux pommes bien confites arrosées d’un petit rosé de pays frais et gouleyant quand la sonnerie de la porte retentit.
Une légère et fugace inquiétude m’envahit…Qui cela peut-il bien être à cette heure avancée ?
J’entends un groupe de personne parler et le tintement d’une cloche de vache !?
J’ouvre la porte sur 5 ou 6 hommes, jeunes et vieux, et une femme. Un des plus âgés me salue avec un accent de terroir gardois très prononcé que je peine à comprendre.
-« Z’auriez pas vu passer un mouton…. on a perdu un mouton » me dit-il
Sourcils qui remontent, bouche qui s’ouvre concomitant
avec un silence abyssal le temps que mes neurones décodent l’information… la cloche de vache rythmant la stupéfiante discussion, destinée sans doute à guider le mouton perdu dans les vignes ou sur les chemins avoisinants, à retrouver son chemin.
J’apprends dans la foulée que nous sommes voisins, ce qui vient compléter le tableau champêtre de mon environnement : le braiement des ânes de la maison d’en face !
Des ânes et des moutons vivant en bordure de départementale…vous conviendrez que c’est pas banal !
Mais revenons à notre mouton !
Désolée de ne pouvoir les aider, désolée de ne pas avoir vu le mouton, je leur promets d’être attentive, de les prévenir si je l’aperçois, voire de l’héberger si besoin (oh oui, oh oui !!!)
Nous nous saluons chaleureusement et je rejoins Charlotte pendant qu’ils remontent le chemin.
Comme quoi tous les moutons ne sont pas de Panurge et j’espère que ce petit fugueur rebelle aura retrouvé le bercail sans encombre.
Je tâcherai d’avoir des nouvelles…
L’arrivée en fanfare
Ouf, nous voilà arrivés !
Après 9 h de sauna sur asphalte, quelques bouchons épars mais sans les bulles, le chant des grillons nous accueille avec insistance ne laissant planer aucun doute : nous sommes dans le sud et l’été est bien installé.
Rinçés mais heureux d’être parvenu à destination sans encombre, pas de répit pour autant, on enchaine!
Passer chez « Beaux Yeux » pour faire le plein : melons charnus et sucrés, oignons gros comme un petit ballon, pêches et brugnons qui jutent sur le menton, tomates cœur de bœuf, ananas et noires de Crimée…on est parés !
Décharger la voiture blindée comme si l’été aller durer une année…ouille, j’avais oublié la raideur de l’escalier, son étroitesse et la hauteur inégale des marches… c’est une petite maison qui exige qu’on la mérite, les veilles dames ne se laissent pas approcher sans un peu résister!
Petit tour du propriétaire pour évaluer l’huile de coude à fournir…à vue d’œil les vacances à proprement parler sont repoussées de quelques jours !
Six mois que nous ne lui avons pas rendu visite et comme pour se venger, Mère Nature a repris ses pleins droits.
La Bambouseraie d’Anduze n’a qu’à bien se tenir, de nouveaux bambous de 10 bons mètres de haut se sont invités, bloquant presque l’accès au jardin. Les feuilles sèches jonchent les caillebotis et l’allée ressemble à une jungle touffue et haute où graminés et touffes d’herbe sèches se disputent la place. Un bon après-midi de jardinage en perspective !
Sortir table, chaises et lumière sur la terrasse, remettre en route la douche d’extérieur, sortir les palettes du salon de jardin, vider l’eau noire de la piscine dont le tapis disparait sous la couche accumulée de feuilles et prunes pourries, royaume des moustiques, guêpes et autres volants suivi d’un nettoyage musclé à l’eau de javel, chasser les toiles d’araignées qui ont envahi le moindre recoin sans oublier un bon ménage pour redonner à la maison un visage à son avantage !
Y’a d’la joie, bonjour bonjour les hirondelles, y’a d’lajoie, du boulot par-dessus les toits….
Mais demain est un autre jour et en attendant de s’y coller, il est grand temps de se poser, de déboucher la bouteille de rosé et de trinquer à ces vacances qui commencent en fanfare, comme chaque année !
Courage et ténacité dans 2 / 3 jours, le temps du repos bien mérité pourra enfin commencer !
Les vacances, c'est bien connu, ça se mérite avant qu'on en profite!
PS : Les lois de la connexion internet étant impénétrables ici-bas entraine un décalage temporel qui, somme toute, sied au rythme alangui du sud et de la dolce vita…
Chi va piano, va sano !
Le grand départ
On y est presque, l’heure des vacances va sonner, le grand départ est annoncé !
Comme chaque année à cette époque, les sandales dans les starting-blocks, le maillot à coques, les robes et les shorts…la valise d’été se prépare entrainant la sempiternelle valse des hésitations: qu’est-ce que j’emmène ???
Chaque été je me dis que je vais voyager léger, que pour buller pas besoin de se fringuer et que de toute façon, comme d’habitude, les trois-quarts de la valise restera sagement dans le tiroir et reviendra bien pliée à la case départ ! Mais au final, je ne peux m’empêcher d’en rajouter, au cas où, on ne sait jamais…l’âge ne compte pas dans l’équation, la fille en moi n’y échappe pas !
Bien qu’italienne pour moitié, le farniente ne m’a jamais transporté, je n’ai jamais été douée pour l’inactivité. Alors, pour y pallier et combler si nécessaire ces longues journées, ajouter un peu de matériel pour créer, quelques partitions de piano à re-déchiffrer, de la lecture pour justifier de lézarder au soleil toute la journée et puis écrire, écrire sans voir le temps passer !
Casser nos codes et lâcher prise n’est pas toujours chose aisée même si le temps des vacances offre une belle opportunité pour s’y essayer sans pour autant que ce soit gagné !
Bon, revenons à nos moutons…
La valise, c’est réglé !
Reste l’inamovible parcours du futur vacancier : trouver une bonne volonté qui s’occupera des plantes pour ne pas qu’elles cuisent derrière la baie vitrée, résoudre la question du courrier : le faire suivre ou bien faire le faire garder ?
Puis le jour J, bien faire le tour de la maison sans oublier de fermer le vasistas au plafond, couper l’eau, boucler l’atelier, tourner encore un peu en rond, l’œil aux aguets, le cerveau bouillonnant, refaire un tour de vérification (ça sent le TOC, attention !) avant de tourner le dos et la clef en se disant in petto qu’on peut y aller et que tout va bien se passer.
La voiture est chargée, le GPS branché même si, depuis le temps, je pourrais faire la route les yeux fermés. Le chien tremblote déjà, décidément cet engin, il ne s’y fait pas ! Pour le calmer, je l’ai shooté : 10 petits grains d’homéopathie et hop, nous vlà partis, ni l’un ni l’autre ravis à l’idée de rouler toute la journée dans une voiture non climatisée !
Mais bon, il serait indécent de pleurnicher nous qui avons la chance de partir en vacances !
Malgré tout je ne peux m’empêcher d’avoir ce sentiment mitigé, comme toujours tiraillée entre la joie de partir et l’envie de rester. Tout ça n’est pas très clair et à chaque fois je m’interroge : est-ce bien nécessaire ? Et pour quoi faire ? Est-ce que l’ennui ne va pas l’emporter ? Et cette chaleur de plomb, il va falloir la supporter, qu’est-ce qu’on va faire de nos journées ?
Mais une fois là-bas, quand la maisonnée est au complet, qu’autour de la table à la nuit tombée sous le ciel étoilé, les enfants, la famille, les amis sont réunis, que la vie se partage, qu’on mange, qu’on boit et qu’on rit, ce temps suspendu révèle alors toute sa saveur et vaut vraiment d’être vécu.
Toutes les interrogations, les peurs, éclatent comme des bulles de savon d’où ne subsiste, pour l’heure, qu’un doux parfum de bonheur.
La séance
Quelques uns.es d’entre vous, mes merveilleux et fidèles lecteurs,se sont interrogés : Mais qui est donc ce Docteur Jorge et d’où sort-il ? Est-ce que c’est moi (celle qui écrit, est-ce un vrai amoureux secret ?....) En tout cas, je vois que ça vous a fait gamberger, et j’aime bien !!!
En fait, pour tout dire, le Docteur Jorge n’existe que sur le papier ! Arrivé de nulle part lors de l’écriture de « la consigne », j’ai tout de suite compris qu’il allait revenir sur le devant de la scène, m’offrant une belle opportunité d’écriture sur une thématique qui me tient particulièrement à cœur !Le revoilà donc entouré des 8 patients de son groupe de parole qui, à travers le prisme de mon personnage, seront, pour chacun d’eux, le temps d’un post, dans la lumière !
Ceci est une fiction.
Toute ressemblance avec des personnages existants est purement fortuite !
1-Edouard
Aujourd’hui, un nouveau est arrivé…Relation de cause à effet, le groupe semble plus calme qu’à l’accoutumée.
Regards circonspects, murmures et petits apartés bruissent dans l’escalier…le changement n’est pas trop notre tasse de thé, ça nous déstabilise, ça nous fait un peu flipper.
Pour rejoindre notre salle attitrée, le Docteur Jorge ferme toujours la marche histoire de vérifier que l’un de nous ne s’évapore pas dans les recoins de l’institution sous prétexte qu’il entend des voix l’appeler par son nom.
Tout est installé, le rond de chaise formé…commence alors le ballet des chassés-croisés : chacun prend place exactement là où il l’a décidé donnant lieu à quelques légères échauffourées très vite recadrées.
Cernée par Germaine et Adolf qui ne peuvent s’empêcher de cancaner, je me cale sur ma chaise, exécute en loucedé quelques respirations pour me calmer en attendant que la séance commence.
Ah, décidément ces deux - là, y’a rien à faire, j’les ai vraiment dans le nez ! Peu importe où je m’assieds, je les vois toujours rappliquer à mes côtés. Le Docteur Jorge dit qu’il faut que je laisse couler, que ça ne sert à rien de m’énerver et que ça me fait travailler.
Je l’adore ce Docteur Jorge et pour ne rien vous cacher, je crois que je m’en suis amourachée.
Une fois, je me suis lancée, je lui ai avoué…il est si beau et si gentil….Il n’a pas répondu, il a juste souri.
J’ai compris, j’ai pas insisté mais ça ne m’empêche pas de l’aimer.
J’ai appris depuis que c’était normal et que ça s’appelait un transfert… moi j’veux bien mais n’empêche, moi, j’aimerai bien lui plaire !
Ça y est, sa main s’est levée, c’est le signal pour faire silence, la séance va maintenant commencer. Tous les regards tournés vers lui, les blablas se sont taris, l’attention de tous est requise et la bienveillance de mise.
« Commençons la séance en accueillant Edouard qui rejoint notre groupe. Edouard, la parole est à toi. »
-« Bonjour, je m’appelle Edouard et…….
Petit et râblé, un genre au carré, Edouard se tient droit comme un I, les bras croisés sur la poitrine en guise de bouclier.
La mine grave et le visage fermé, sa bouche disparait sous de grosses bacchantes qu’on dirait cirées. Ses yeux d’un noir de jais scrutent l’assemblée …quand ils croisent les miens, je me sens déjà rejetée.
Seul le Docteur Jorge semble épargné par cette indifférence larvée.
La cinquantaine déjà bien entamée, le verbe haut accompagné d’une gestuelle appuyée, il se décrit comme un homme aigri, solitaire et aimant peu la vie. Ronchon, bougon et soupe au lait, il prévient dès maintenant qu’il déborde souvent. Les gens, les autres, l’ennuient à l’exception d’un cercle très réduit. Une légère arrogance doublée d’une théâtralité étudiée émane de lui à l’insu de son plein gré ! Il se plaint de tout et de rien, le monde qui l’entoure n’est pas à la hauteur de ses attentes, tous des cons, c’est son opinion. Entendez en sous-texte qu’il n’en fait pas partie, il est au-dessus du lot, ça ne fait pas un pli. Il affirme, il sait, aucun doute ne semble le traverser sans compter qu’il n’arrive pas à masquer le plaisir qu’il prend à être écouté !!!
Oula, ça va être coton, je le sens ! Molière ne l’aurait pas renié : un misanthrope au comportement passif agressif a fait son entrée. Je ne sais pas trop si je vais réussir à le supporter mais pour vous dire la vérité et en toute confidentialité, j’ai réagi de la même façon avec chacun d’eux avant de finir par les aimer …un peu!
Le docteur Jorge nous a assez répété qu’ici il n’est pas toléré de juger et que la surface de l’Etre, comme l’iceberg, ne révèle en rien la partie immergée.
Il faut souvent payer un lourd tribu pour se croire protégé.
Comme vous vous en doutez, j’ai moi aussi mes propres aspérités, je ne suis pas là par hasard mais par nécessité. Mais ceci est une autre histoire qu’il sera temps de vous conter plus tard.
16h, déjà…finalement et comme toujours, je n’ai pas vu le temps passer entre écoute flottante émotions et pensées plus ou moins structurées…
Le Docteur Jorge clôt la séance, chacun se lève, se salue sommairement et disparait dans l’escalier.
2- Germaine
Mardi 14h : Le rond de chaise est au complet, le groupe s’est installé, la séance va commencer.
Aujourd’hui, le Docteur Jorge a l’air fatigué, ses yeux sont cernés, sa mine en papier mâché …Sa nuit aurait -elle été agitée ?
A peine assise voilà déjà que je divague l’imaginant se retourner comme une crêpe toutes les 5 minutes dans sa couette, cherchant désespérément toute la nuit un sommeil qui le fuit ou peut-être faire des pirouettes avec une nouvelle conquête…
Ne sachant rien de lui, je ne peux m’empêcher d’échafauder des scenarii sur sa vie. Je sais ce que vous pensez, c’est obsessionnel, c’est compulsif mais c’est pas ma faute, c’est lui qui me l’a dit, c’est transférentiel !!!
Et pendant que mes pensées s’envolent, revenant ici et maintenant, je me rends compte que la séance a commencée et que Germaine a pris la parole….
Elle est belle Germaine. Pulpeuse, rousse et racée, elle dégage un je ne sais quoi, le charme étudié d’une femme à apprivoiser.
Au tout début, elle m’a touché. J’y ai cru, à sa fragilité. Je l’ai soutenue, j’étais toujours de son côté, je l’ai même défendue au risque d’être rejetée…en un mot, je l’ai aimée…et puis, ça s’est gâté !
Après la séance, on allait se boire un café, histoire de se requinquer et d’avoir le plaisir entre filles, de parler un peu chiffons, beaucoup garçons ! C’était bien, on riait, complices on se sentait.
Se décrivant toujours peu sûre d’elle-même, disant ne pas s’aimer vraiment, je lui soufflais à l’oreille qu’elle se méconnaissait et que moi, je voyais en elle quelle femme puissante et magnifique elle était…
Et puis un jour tout a basculé. Comme ça, d’un coup, tout a volé en éclat, la Germaine que je connaissais n’était plus là. Pfuiiit, disparue celle que j’aime. A sa place, une sale garce.
Une menteuse effrontée qui ne recule devant rien, dangereuse et perverse qui n’a d’autre intérêt que le sien, narcissique et affabulatrice qui attend que le monde se plie à ses besoins …une comédienne hors pair, une actrice qui sort de l’ordinaire laissant sur son passage une trainée de poudre incendiaire. Mais peu importe, les autres peuvent crever pourvu qu’elle se sente bien et qu'elle croit contrôler.
En séance, dès qu’elle ouvre la bouche, c’est pour pleurer sur son sort, se lamenter en reprochant au monde entier qu’elle est sans cesse manipulée, utilisée, victime de tous les maux que la terre ait porté.Ne jamais prendre sa part, n’avoir aucune responsabilité, ne se poser qu’en éternelle victime irréprochable subissant les affres de bourreaux improbables…Germaine est passée maitre en la matière devant l’éternel !
Sidération, tristesse, perte, colère, trahison …Me suis-je totalement trompée, fourvoyée, ai-je été si aveuglée que je n’ai rien soupçonné ? A-t-elle à ce point changé ou m’a-t-elle complètement manipulée, ensorcelée, à mon insu, depuis le début ? Auquel cas, quel était son but ???
Je la hais, je la hais, je la hais….
-« Zoé ?...Zoé ?... ZOE !!! »
J’entends enfin le Docteur Jorge m’appeler, les chaises qui raclent le parquet, le groupe qui est déjà levé, la séance achevée. Encore une que je n’ai pas vu passer, encore une perdue dans mes pensées…
-« Docteur Jorge, je peux vous parler ? »
Il acquiesce, laissant les autres s’en aller…
- « Docteur Jorge, c’est Germaine... toujours assise à mes côtés, sans cesse avec Adolf à me narguer… elle me cherche et je vous jure qu’elle va finir par me trouver…moi, j’vous l’dis, je suis à deux doigts de craquer !La regarder, l’écouter, je ne peux plus le supporter.Je la déteste, elle m’a trahi.Cette sale peste, j’aimerai qu’elle disparaisse, qu’elle sorte définitivement de ma vie. Je sens que ça me met en danger tout ça, cette colère, cet émoi, je crains que ce venin ne s’empare de moi et ne me lâche pas…faut lâcher, pas d’autre choix…mais c’est pas si facile que ça !
Il est déjà très tard… mes yeux papillonnent et se ferment sans crier gare.
Derrière mes paupières alourdies de sommeil le monde extérieur disparait en une fraction de seconde me reléguant dans un ailleurs informe.
S’extraire du canapé est déjà une gageure, se laver les dents une torture…Vite, rejoindre le lit, se glisser sous la couette et laisser le corps s’abandonner avec volupté à l’étreinte de Morphée.
Si la verticalité nous définit en tant qu’espèce,
il faut quand même avouer que l’horizontalité
a aussi acquis ses lettres de noblesse !
Oh, que c’est bon !
A la lisière des mondes, j’adore cet état d’une semi conscience vagabonde. Promesse d’un sommeil réparateur porteur d’une potentielle vie parallèle ou d’un vide abyssal, pas non plus si mal !
Je lâche prise …enfin… plus de maitrise.
Mon corps s’alourdit, ma respiration ralentit et s’approfondit…le monde, en une poignée de secondes, s’est évaporé pour laisser place à ce temps suspendu au gout d’éternité…qui demain matin verra un nouveau jour se lever.
Ce que j’ignore encore c’est ce que cette nouvelle nuit m’apportera, vers quelle aventure elle m’emmènera. Où? Avec qui ? Qu’est-ce qu’on fera ? Qu’est-ce que mon inconscient me soufflera ?
Est-ce que ça répondra à mes questions ? Est-ce que ça dissoudra mes colères, mes tristesses, mes frustrations ? Aurais-je de la visite ? Ceux que j’ai perdu, ceux qui ont disparu, ceux que je ne vois plus, ceux que j’aime ou des inconnus ?
La nuit porte conseil si l’on en croit le dicton. Le conseil sera-t-il bon ?
Ce qui m’a longtemps posé question c’est si l’on rêve en couleur ou en noir et blanc ? Je rêve en couleur, c’est bien plus porteur !
Au réveil, j’en ai souvent oublié la teneur, ce qui reste est un sentiment, une impression comme Monet dans ces soleils couchants. Certains sont plus prégnants, peut-être plus importants…
Il m’arrive de pleurer et me réveille alors avec la mâchoire crispée d’avoir probablement tant serré les dents. L’autre nuit, par deux fois, j’ai ri ! ça m’a réveillé tellement ça m’a surpris ! Vous dire pourquoi, là, je ne sais pas mais c’était tellement bien que depuis, chaque soir, je croise les doigts pour revivre ça ! Et puis il y a des nuits qui n’en finissent pas. Celles où le sommeil ne vient pas malgré la fatigue et sans savoir pourquoi. Alors on se tourne cent fois, regardant les heures défiler avec lenteur jusqu’au petit matin où Morphée vient enfin nous prendre par la main.
C’est étrange le sommeil…certains le fuient, d’autres s’y réfugient…moi j’y vois l’occasion d’une seconde vie où tous les possibles sont permis : les lieux, les gens, le passé, le présent, tout se croise, se mélange, tout parait cohérent ou totalement délirant… un espace unique et singulier, un dedans/dehors -corps/psyché qui chaque nuit nous invite à remettre en perspective la vie.
Faites de beaux rêves mes amis.
Yasmina
Je m’appelle Yasmina et j’ai 9 ans.
Je vis avec mes parents et mes 3 frères dans une cité de banlieue parisienne. Notre petit appartement perché au 27ème étage nous donne l’impression de vivre dans les nuages mais quand on se retrouve le soir tous les 4 dans notre chambre, la nuit étoilée n’apaise pas l’ambiance survoltée.
Mon père dit qu’on va devoir déménager car une fille qui grandit dans la même chambre que les garçons, ce n’est pas bon.
Je n’aime pas l’école, je n’y trouve pas ma place et on ne m’en fait pas.
Je ne suis pas bonne élève, c’est pas que je ne comprends pas mais je ne suis pas vraiment là…souvent perdue dans mes pensées, le plus souvent en mode guerrier au cas où on vienne me chercher.
Mes frères et mon père me disent toujours que la meilleure façon de se défendre c’est d’attaquer et qu’en toute circonstance, faut que je sois prête à riposter.
Un jour mon père m’a dit qu’il aurait préféré n’avoir que des garçons, peut-être pour la transmission du nom, sans doute aussi plus simple pour lui en ce qui concerne l’éducation…
Alors j’ai répondu comme j’ai pu à l’injonction, exit la petite fille, place au garçon manqué même si de temps en temps c’est un peu lourd à porter…mais on s’y fait !
A la récré je suis toujours seule, je n’ose pas me mêler aux autres et personne ne vient me chercher pour jouer. Je crois qu’ils ont un peu peur de moi.
Je n’arrive pas à communiquer.
Les filles se moquent et rient sous cape en me voyant et je les entends dire en chuchotant que je suis grosse et moche… Ça fait mal, c’est méchant.
Quant aux garçons, ils m'ignorent totalement.
Alors je reste dans mon coin, triste et isolée, et quand on s’approche trop près de moi, je crie, je hurle ma peine à travers mon agressivité.
Heureusement de temps en temps, ma mère, me dit que je suis jolie quand je souris…Mais c’est ma mère, c’est pas pareil.
J’aimerai faire autrement mais je n’y arrive pas, je me suis construite comme ça. Je me suis forgé une armure, pris du poids, j’ai fourbi les armes, donner de la voix et me suis petit à petit renfermée pour mettre le plus de distance entre le monde et moi.
Avec 3 grands frères, un père très sévère et une mère démissionnaire, je n’ai pas vraiment eu le choix.
Je ne me sens pas aimée et je ne m’aime pas non plus.
C’est comme ça, ça doit être mon karma.
Hier matin, parachutée en plein milieu d’année,
Léa est arrivée.
La maitresse l’a présentée à la classe qui l'a immédiatement adoptée, complètement charmée.
Personne ne s’assied jamais à côté de moi alors la maitresse lui a dit de se mettre là.
Hier matin, parachutée en plein milieu d’année,
Léa est arrivée.
La maitresse l’a présentée à la classe qui l'a immédiatement adoptée, complètement charmée.
Personne ne s’assied jamais à côté de moi alors la maitresse lui a dit de se mettre là.
En s'approchant elle m’a souri, m’a dit bonjour si gentiment que ça m’a fait tout chose dedans.
A la récré, sans hésiter, elle est restée à mes côtés.
On a parlé de nos parents, de l’école, de l’amitié…
Je ne l’écoutais pas tout le temps, trop bombardée d’émotions.
C’était bizarre, ça m’a fait drôle mais c’était bon.
Je suis rentrée à la maison, j’ai rien dit, j’ai pas parlé, j’ai tout gardé en moi comme un trésor sacré.
Je me sentais bien, mes frères m'ont trouvé toute drôle, m’ont demandé ce que j’avais alors pour ne pas changer je me suis un peu énervée, j’avais pas envie de leur raconter, ça m’appartient, c’est mon jardin secret.
Je ne sais pas si vais pouvoir dormir, ça tournicote dans ma tête, j’ai peur que demain tout s’arrête et que Léa se détourne de moi.Mais quelque chose me dit qu’entre nous deux c’est bien parti.
J’entends toujours les autres filles se dire qu’elles sont meilleures amies...
Et tout à coup je me surprends à espérer qu’avec Léa ce soit pour toute la vie …ou au moins jusqu’à ce qu’on ait assez grandi !
J’ai hâte d’être demain, c’est bien la première fois que la perspective d’aller à l’école me réjouit.
Tout a basculé en une journée, la vie vient de me prouver que rien n’est jamais figé pour l’éternité et qu’être acceptée comme je suis est permis.
Je file me coucher dans mon lit, rêver de Léa mon amie, mon habibi et peu importe aujourd'hui si comme chaque soir les garçons font du bruit.
Bonne nuit.
Carte postale
En ce petit matin, le ciel était d’un bleu presque diaphane.
La température déjà douce et agréable laissait présager une journée comme on les aime.
Une de ces journées qui invite à se prélasser, à laisser vagabonder les pensées en laissant les heures filer … calme et volupté... une journée faite pour buller!
A l’horizon quelques boules de coton poussées par un petit vent s’amalgament, se défont…une architecture se dessine, une licorne s’anime, un poisson volant se fige quelques instants…un ballet poétique et intemporel.
Pas un arbre à la ronde, un paysage de plaine s’étend jusqu’au lointain.Rien que le regard ne retient.
Une ruralité beauceronne bercée par le silence du matin.Tout est calme, seul le chant des oiseaux vient s’immiscer dans ce silence feutré.
Aujourd’hui, le repos est pour tous garanti, les agriculteurs ne chevaucheront pas leurs tracteurs, les récoltes attendront lundi.
Mais voilà que tout à coup le vent se lève, faisant frissonner les herbes.
Le ciel s’obscurcit, le coton est devenu informe et gris…ça sent la pluie.
Très vite tout bascule, le jour laisse place à la nuit.
Un éclair zèbre le ciel...1,2, 3…un roulement sourd et le tonnerre déclare la guerre.
Quelques grosses gouttes de pluie se sont mises à tomber dessinant sur la terre des mandalas moirés.
L’orage est arrivé balayant en un instant cette belle journée d’été.
Quelques secondes plus tard, il pleut à verse inondant les champs dans un bruit assourdissant.
La nature déchainée comme une furie que rien ne peut calmer, nous renvoie à l’essentiel, impuissants et si petits face à ce spectacle à la fois inquiétant et attirant qui ravive nos peurs d’enfants.
Déjà, la pluie s’arrête comme si elle avait tout à coup changé d’avis… plus de bruit.
Petit à petit le gris bleuit, la terre détrempée a déjà tout absorbé, ça sent le foin le coupé.
Et voilà, c’est fini.
La colère du ciel s’est tarie, le soleil revient pour réchauffer les siens,
l’arc en ciel n'est pas loin.
Un paysage idéal de carte postale.
A l’instar des Hommes, Mère Nature peut parfois se montrer versatile et ses mouvements d’humeur fébriles nous rappellent que sans conteste, celle qui mène la danse…c’est elle !
La consigne
J’ai reçu une consigne d’écriture ; un beau prétexte, pour sûr !
La voici :
Petit texte libre, avec pour contrainte d'inclure les mots suivants:
La dernière séance de groupe fut animée, pour ne pas dire explosive mais une fois de plus, je m’en suis un peu échappée…contre ma volonté !
Comme chaque mardi, la réunion avait lieu dans la salle du sous-sol de l’institution.
Je me suis toujours demandée si ce choix était justifié par le fait de nous laisser nous exprimer en toute liberté, sans contrainte ni peur de déranger les autres résidents ou s’il était plutôt de l’ordre d’une mise à l’écart déguisée, histoire de protéger une ambiance se voulant paisible et feutrée !
Toujours est-il que, comme chaque mardi, le Docteur Jorge ouvrant la marche, nous descendons l’escalier en rang serré jusqu’à la porte désignée toujours fermée à clef.
Le rond de chaise est installé, chacun prend place comme à l’accoutumée et même si le docteur ne cesse de nous répéter qu’il serait bien de permuter, histoire de ne pas voir le monde toujours du même côté, pense-tu, chacun reprend sa chaise comme si son nom était marqué dessus !
Nous sommes huit et aujourd’hui comme souvent, je sens que ça va être olé-olé !
Y’a du gaz dans l’air, ils sont tous excités et ils me font penser à un volcan prêt à exploser.
J’ai un peu peur et comme on ne sait jamais ce qui va se passer, moi j’ai pas envie de finir en fumée alors je m’assieds toujours près du mur où l’extincteur est accroché ! Je n’ai aucune idée de comment l’utiliser, je l’avoue, mais ça me rassure et je suis moins angoissée.
Cela dit moi aussi, aujourd’hui, je suis bien remontée, prête à tout faire valser si la moutarde me monte au nez !
Le Docteur Jorge ouvre la séance sans tarder, avec douceur mais fermeté. L’ambiance du jour est agitée, on sent que ça bouille de tous côtés, ça sent le roussi, ça va péter !
Assise entre Germaine et Adolf, ces deux -là me toisent avec un petit air de supériorité comme si j’étais la folie incarnée !
Germaine, à peine posée, se penche vers Adolf pour discuter sans même me calculer. Plusieurs fois je leur ai dit de se mettre à côté, que ce serait bien plus simple pour se parler, mais pas moyen de les faire changer, leur place c’est leur place et point barre c’est plié !
Le Docteur Georges a beau les tancer, rien n’y fait, ces 2 là défient volontairement l’autorité…je crois qu’il a décidé de laisser quimper car il semble voir du sens dans cette complicité !
Du coup, je me retrouve toujours coincée entre eux deux … à force, je m’y suis faite alors bonne pâte et pour ne pas m’énerver - le Docteur Jorge dit qu’c’est pas bon pour ma santé - je laisse filer…
Leur conversation finit par me bercer, je sens que je décroche…
Et me voilà partie dans mes pensées…
Pâte…
Tarte…
Ô ! Comme j’adorais regarder ma mère préparer sa fameuse tarte avec les pommes du verger.
Elles étaient belles nos pommes, d’un jaune presque doré, pas comme celles du supermarché avec leur effet ciré et leur date de péremption tamponnée. Les nôtres étaient valides toute l’année, juteuses et goûtues à souhait et croyez-moi tout le monde en raffolait !
Bref, je me revois dans la cuisine, m’agrippant à son tablier pour grimper sur le tabouret et l’aider à malaxer…Mélanger la farine, le beurre, les œufs, une pincée de levure et le tour est joué.
Mes mains à ses mains mêlées, joyeusement on pétrissait du bonheur à partager. Parfois j’avais même le droit à une petite tartine de beurre sucrée pour me faire patienter….
Patienter….la conversation de Germaine et Adolf a cessée et j’entends le Docteur Jorge recadrer l’assemblée, la séance a l’air enflammée …
Retour à la réalité… parfois un peu délicate à affronter !
Le Docteur Jorge dit que mon problème à moi c’est d’être souvent perchée et qu’il est là pour m’aider à m’enraciner.
Je l’aime bien ce médecin !
Les dents de la colère
Une de mes chères amies avec laquelle je partage, entre autre, le gout des mots m’a soumis l’idée d’une consigne d’écriture à partager sur le sujet de la colère.
Elle me disait que ses colères visaient l’espace « publique », ce à quoi je lui rétorquai que les miennes étaient quasi exclusivement tournées vers la sphère privée, colères qui sont pour moi les plus virulentes, les plus impactantes et souvent les plus douloureuses.
Ma petite dernière a été déclenchée par une récente séance chez le dentiste ou plus exactement, chez l’implantologue ! Là, on est au cran du dessus, un cran beaucoup plus chic pour les chicots !
Ceci expliquant donc cela, voilà le pourquoi du comment et prenons place dans le fauteuil !
Mais avant, flash-back !
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai été assise sur un fauteuil de dentiste !
Petite, c’était le jeudi matin (le mercredi de l’époque …et oui ma brave dame, ça ne date pas d’hier !). Et pas une semaine de temps en temps, hein, plutôt tous les jeudis matins que dieu faisait (si c’est lui qui s’occupe des jeudis !).
Appareil dentaire diurne avec son fil de métal qui barre mes dents comme pour souligner l’erreur de cette mâchoire trop avancée pour, quoiqu’il en coute, la faire reculer.
Appareil dentaire nocturne avec son large élastique noir enchâssant ma petite tête relié à 2 crochets métalliques prolongeant l’appareil susnommé…mi aviateur mi extraterrestre … « Torture » et humiliation garanties, image de soi écornée, petite fille désespérée.
Mais l’autorité maternelle affirme que c’est pour mon bien , alors…
Et après le dentiste, pour couronner la journée (c’est le cas de le dire !) c’était systématiquement foie de veau purée ! J’ai longtemps gardé une dent contre les jeudis matins !
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai eu des colères…certaines à propos de rien, certaines justifiées par tout, des colères saines, salvatrices, constructives mais aussi des colères mal adressées , des colères décharges au risque de tout balancer au mauvais endroit, au mauvais moment…Bref, des bonnes et des mauvaises colères en somme !
Plantons maintenant le décor de la dernière en date :
Quartier parisien très chic, immeuble Haussmannien très classe, appartement d’une superficie presque indécente, d’un blanc éclatant comme s’il avait été peint hier, rosaces et moulures alambiquées au plafond, vitraux au plomb à motif floral colorés faisant office de séparateurs.
En salle d’attente, 2 canapés XXL en cuir blanc immaculé accueillent nos fesses un peu serrées par le stress mais histoire de nous faire passer le temps sereinement Vogue et autres magazines de la presse raffinée jonchent une table basse en verre dépoli, le tout baigné par une musique d’ambiance feutrée et classique cela va sans dire ! Au mur, pour s’encanailler un peu, une très grande toile de Jérôme Mesnager associé à une vielle plaque de rue nous rappelle que nous ne sommes pas sur un plateau de cinéma, que la vraie vie, celle de la rue j’entends, est bien là !
Parlons maintenant de ceux qui peuplent le lieu.
Tous, sans exception sont eux aussi en blanc. Un blanc médical bien sûr mais aussi un blanc presque virginal !
La secrétaire à l’accueil ressemble à une figurine de mode et s’exprime dans un Français littéraire à faire pâlir un énarque, assistantes et médecins (ils sont plusieurs à partager le cabinet) sont tous irréprochables de bienséance et de bonne éducation mais totalement dépourvus d’empathie, de chaleur et de sincérité.
Des Mâdaaame par ci, Mâdaaame par-là, très ampoulés et très froids ponctuent toutes leurs phrases et donne à leur parole un goût robotisé. L’humain désincarné de toute substance émotionnelle. Vous me direz qu’ils ne sont pas là pour ça. Certes mais la chaleur humaine et le sentiment d’être visible en tant que personne est à mon sens, essentiel dans la relation soignant /patient.
A l’arrivée, derrière la porte massive de l’entrée ladite secrétaire, sans un sourire, un bonjour à peine susurré, m’envoie direct en salle d’attente en attendant d’être appelée.
Quelques minute plus tard, une assistante vient me chercher…je suis déjà rentrée donc… pas de bonjour énoncé !!! Juste un « Mâdaaaame , veuillez me suivre s’il vous plait ». Ce à quoi, un peu énervée, je lui renvoie un « bonjour » bien trempé qu’elle ne peut manquer de remarquer !
Et me voilà installée dans le fauteuil, blanc bien sûr, du maitre de céans.
Le voici qui, après quelques minutes d’attente, arrive, triomphant comme un acteur entrant en scène, petit sourire aux lèvres un poil arrogant, sans un bonjour bien sûr pour respecter la politique de la maison !
Un échange des plus sommaires, il sait ce qu’il a à faire et en ce qui me concerne, je comprends bien que le mieux c’est que j’ouvre la bouche et que je me taise !
Il farfouille, il opère me demandant d’ouvrir plus grand que grand même si déjà j’ai l’impression que mes lèvres sont étirées jusqu’à mes oreilles… et pendant ce temps, Monsieur discute avec son assistante d’un problème de porte, de codes, de clés…me laissant totalement isolée, oubliée avec le sentiment amer d’être entièrement à sa merci, juste une bouche et des dents avec personne dedans !
Après en avoir fini, il me renvoie, toujours un peu grandiloquent, vers la secrétaire pour régler mon dû me « promettant » qu’après être passée à la caisse, il viendrait me saluer comme tout bon comédien à l’issue de sa prestation. Et que croyez-vous qu’il se passa ?
Rien, personne, le silence et l’absence… je ne l’ai plus revu ni même entendu !
Je suis repartie comme je suis venue, sans un bonjour ni un au-revoir,…un numéro, une bouche, un porte-monnaie, rien de plus.
Ne vous méprenez pas, il ne s’agit aucunement de « lutte de classe » ou de vindicte populaire mais d’une saine et digne colère humaine face à une relation déshumanisée, désincarnée, désolidarisée.
Voilà le genre de colère inextinguible, inaltérable, impardonnable qui peut m’envahir et ne jamais refluer. Une colère personnelle et socialement engagée, revendiquée, justifiée!
Et puis il y a les autres, plus intimes, avec les plus proches et parce qu’il y a plus d’affects, plus volatiles ! Mais ceci est une autre histoire…
En attendant, il est plus que probable que je garderai plus d’une dent, ou d’implants, contre lui …et même si, hélas, je vais devoir le revoir et qu’il est plus que probable que le même rejet prédomine cela aura un temps…jusqu’à ce qu’il tombe complètement dans l’oubli !
Snoopy et l’élastique de la vie.
Samedi 23 mai 2020
Alors les déconfinés, ça boume depuis qu’on est libéré ?
Étrangement, paradoxalement, personnellement… ça allait presque mieux pendant le confinement…c’est normal docteur que mon moral ne soit pas à la hauteur
Il y eu des hauts, il y a des bas dont je fais ici état dans ce petit résumé des 2 derniers mo
On se confine : sidération, colère, frustration, impuissance…sentiment de spoliation, perte de repères.
Tout s’arrête, nos vies sont désormais mises en quarantaine, tout part en cacahouette aspirant àdes jours meilleurs tout en tentant de maitriser nos peurs. Situation inconnue, anxiogène, surveillée, contrainte, limitée.
Moral en berne et perspectives incertaines.
Constat de Bérézina, je déprime, je suis en ruine!
Puis, petit à petit, comme on dit, l’oiseau fait son nid…
On croise les doigts pour ne pas choper ce maudit corona et finalement passe le temps… résignés, quoiqu’il en soit, on n’a pas le choix !
Alors on s’y fait, on s’y plie en se disant que finalement ce temps suspendu, cet inconnu n’est pas si désagréable que ça.
On se réapproprie sa maison, on bricole, on nettoie, on trie, on vit le temps différemment.
On revient sur soi, se recentre, renouant avec des ressources déjà bien ancrées et qui ont fait leurs preuves, on en découvre de nouvelles, se surprenant à prendre du plaisir autrement. Ce nouveau quotidien devient peu à peu gérable, quelque chose de paisible s’installe à l’insu de notre plein gré en se disant qu’après on fera ça, on ira là, on se rattrapera, quoi !
Moral en demi-teinte mais qui jour après jour retend vers la lumière.
Le déconfinement se profile, une date est enfin annoncée:
On monte au plafond, on s’accroche aux rideaux, la joie et le soulagement nous envahissent, les projets resurgissent.
La vie est devant soi et même si on entend parler de monde d’après, on se dit que tout ça c’est du blabla, nous on s’en fout, ce qu’on veut c’est juste être là , profiter de l’été et rester en bonne santé.
Moral au top, on tente de croire que tout cela ne sera bientôt plus que de l’histoire ancienne.
Déconfiné on y est : les premiers jours sont heureux, plein de promesses, plein d’envies, des projets plein la tête même si malgré tout subsistent inquiétudes sanitaires et questions pratiques.
Jusqu’à ...ce qu’on sorte vraiment, qu’on queute sur les trottoirs devant chaque commerçant, qu’on n’y rentre qu’à nombre compté, qu’on reste en distance, qu’on respire comme on peut derrière un masque désormais devenu objet sacré, qu’on…qu’on…qu’on…ne vive pas vraiment comme on l'avait imaginé!
Badaboum, le moral en prend un coup dans l’aile et soudain le monde d’après a un visage concret et pas gai !
Et puis on est aussi un peu paumé, pas tout à fait sorti de ces 2 mois de confinement, un pied dans l’avant, un autre dans un maintenant qu’on a du mal à cerner, s’approprier…tout reste compliqué.
Ce foutu moral ne sait plus trop où il en est, il alterne dans la même journée entre optimisme et déprime ballotés sur des montagnes russes difficiles à gérer et assez épuisantes à dompter.
Très vite maintenant viendra l’été...à quelle sauce va-t-on être à nouveau mangé ...de là découlera un moral plus ou moins trempé!
Quand retrouverons-nous la sécurité d’un monde qu’on reconnait, la stabilité d’un état émotionnel naturel et la spontanéité non affectée par la menace du danger.
Si guerre il y a, la bataille n’a pas encore été remportée et il faudra sans doute encore s’accrocher pour ne pas, de temps en temps, sombrer.
Allez, les vacances pointent déjà leur nez, on s’imagine retrouvant toute sa smala, tous réunis autour d’un bon repas, bien arrosé pour fêter ça et idéal pour regonfler à bloc notre petit moral blessé pour qu’au plus vite, on l’a bien mérité, il redevienne d’acier !
Vivent les vacances et comme le dit le philosophe Snoopy acceptons d'être soumis à l'élastique de la vie!
« Un jour je me sens en forme mais le lendemain c'est la déprime... Les hauts et les bas se succèdent... J'ai l'impression d'être accroché à l'élastique de la vie. »
Charles Monroe Schulz « Snoopy, prend de la hauteur »
Journal de bord d'une confinée...parmi tous les autres!
Une époque formidable !
Jour 1 : Mardi 17 mars 2020
Nous y voilà, jour 1 du confinement pour lutter contre la propagation du corona virus.
Hier, courses hebdomadaires au supermarché, comme tous les lundis matins depuis plus d’une décennie. Ben oui, chez moi, le lundi matin c’est gym et courses… c’est comme ça pis c’est tout !
En général, vers 11h, heure à laquelle je pousse le portillon de ma superette carrefour, il faut avouer que le réassort en rayon n’est pas encore à son top level ! Les employés sont encore le nez dans les cartons, à genoux dans les rayons pour combler les trous laissés par les clients du dimanche matin.
Hier, bien que m’attendant à un jour de course pas comme les autres, la réalité a, comme à son habitude, dépassé la fiction !
Foule mais pas sentimentale, me bouscule pour rafler avant moi la dernière bouteille d’eau. Rayons : PQ, pâtes, sauce tomate, conserve, yaourts… totalement vides. Queue interminable en caisse, regards suspicieux, corps sur le qui-vive…
L’air est tendu, l’ambiance pesante, la peur presque palpable. Peur de l’autre, peur de manquer, peur d’être contaminé…En un jour ou pas beaucoup plus, le monde alentour a radicalement changé. Sensation d’être en guerre, ce que n’a d’ailleurs cessé de marteler notre Président, hier soir, s’adressant en direct à la Nation.
Du jour au lendemain, nous avons basculé dans un monde inconnu et anxiogène, soumis à vivre une situation qu’aucun de nous n’aurait pu imaginer.
Tout un chacun parle, souhaite, espère une solidarité sans faille mais dans le même temps, chacun se replie sur lui-même, pris au dépourvu comme une mouche dans une toile d’araignée, empêtré dans ses inquiétudes, questionnements, projections.
Il faudra du temps avant que nous acceptions vraiment ce qui vient de nous tomber dessus. Nous sommes dans un processus de deuil. Deuil de notre vie d’hier, deuil de nos familles, amis, collègues dont on est coupé sans vraiment savoir pour combien de temps au juste, deuil de notre travail, activité, deuil de notre quotidien et sentiment de la perte totale de contrôle de nos vies. Et pour cause !!!
Et le 1er stade du deuil c’est le déni! Ce qui explique le monde dans les parcs dimanche et la foule dans les marchés. Viendra ensuite la colère, la négociation, la dépression et, enfin, l'acceptation. C’est ainsi, c’est humain.
Hier était étrange mais aujourd’hui plus encore.
Sortant mon chien pour une mini-ballade, j’ai ressenti une ambiance pesante et inconnue : pas de bruit de circulation à part 1 ou 2 voitures, 2 ou 3 scooters presque anachroniques, rideaux baissés des commerçants. Quelques rares passants, masques sur le nez pour les plus prévoyants (mais où donc en ont-ils trouvé ???) ou écharpe pour les plus système D, se croisent du regard, un peu hagards, prêts à changer de trottoir ou à laisser une distance plus que respectable pour éviter une proximité désormais intégrée comme à risque (l’autre est toujours plus dangereux que soi-même).
Un sentiment de monde post-apocalyptique mais beaucoup moins cool que les films de SF !
Voilà pour aujourd’hui.
Il y en a au moins 14 autres de ce type qui vont suivre.
Prenez soin de vous.
Elucubrations
Jour 2 : mercredi 18 mars 2020
Ça va toi ?
Bon, on sait que c’est nécessaire
On sait que c’est pertinent
On sait que c’est temporaire
On sait que c’est pour le bien de chacun et de tous
Mais quand même… c’est dur à digérer et ça ne fait que commencer !
Toujours aussi étrange dehors !
Et dedans un peu aussi.
Un léger sentiment d’être «prisonnier», reclus à l’insu de son plein gré !
Certains diront qu’il faut vivre cette situation comme un retour aux sources, en profiter pour se reconnecter à l’essentiel, nous obligeant à laisser « l’avoir » pour nous focaliser sur l’ « être » …
Oui, bon, d’accord avec tout ça sur le principe mais pour être franche, c’est quand même pas si simple !
Cela dit, chacun se dépatouille avec soi-même et cherche des pistes pour traverser « l’épreuve » à sa façon et du mieux possible.
En ce qui me concerne rien de nouveau sous le soleil. Mes lieux ressources ont toujours été mon atelier et mon chez moi. Ma maison, mon nid, mon cocon, mon refuge, ma caverne. Ce lieu qui me ressemble, me traduit, me reflète, là où je peux être totalement moi-même, sans contrainte et sans masque.
Alors, me diras-tu : tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes !
Ben, non, pas tout à fait.
Car tu me manques déjà, physiquement j’entends (en tout bien tout honneur cependant !) sans parler de ma famille, mes copines de la gym, du yoga, mes collègues… et savoir que ce n’est pas demain que cela va changer…
Allez, courage, encore un jour de passé ;)
Ce n’est qu’une illusion
Jour 3 : jeudi 19 mars 2020
Ça va toi ?
Ce matin à mon réveil (tardif, je l’avoue !) le soleil illuminait la maison, le ciel bleu et la température douce pouvait donner l’illusion d’un jour de vacances.
Le silence du quartier, le bruit des tondeuses, le son des outils, les conversations des voisins, le rire des enfants de la copropriété, les notes de piano s’échappant des fenêtres pouvaient donner l’illusion d’un jour de vacances.
Jusqu’à ce que j’allume la télé pour le journal du 20h…
Les images des hôpitaux surchargés, des personnes âgées isolées de leurs proches dans les EPHAD, les chiffres exponentiels des nouveaux cas recensés, celui des morts qui ne cessent d’augmenter…
Et ça ne n’est hélas pas une illusion et ça ne ressemble pas du tout à des vacances.
Prends soin de toi et tu verras, le temps des vraies vacances reviendra.
Tout le temps du monde….
Jour 4 : vendredi 20 mars 2020
Ça va toi ?
Seulement 4 jours et je ne sais déjà plus quel jour on est !
Je sais que demain c’est le WE mais je me dis qu’en ce qui me concerne, moi qui ne télé-travaille pas, ne suis ni médecin, ni infirmière, ni pompier, ni flic, ni instit ou prof…cela ne veut plus rien dire du tout ,comme dirait Aznavour !
Alors, pour pallier à ces repères qui peu à peu s’estompent, je tente d’instituer de nouveaux rituels.
Pour moi, ritualiser a une fonction bien précise : rassurer, baliser, avoir le sentiment d’être aux commandes…mes commandes !
Et oui, une vie « d’artiste » c’est cool mais ça demande aussi de se fixer un cadre (pas trop flottant) visant à se mettre au travail plutôt que de procrastiner. Car la limite est mince et la glandouille tentante quand on n’a ni horaire à respecter, ni patron à contenter, ni salaire à gagner !!!
Bref, tout ça pour dire que c’est pas encore ça mais, bon, Paris ne s’est pas fait en un jour !
Ce qui a l’air de tenir : un peu de yoga (salutation au soleil et à la terre), un peu de méditation avec mantra, un appel à un ami (c’est mon dernier mot Jean-Pierre ;), un peu (trop !) de FB, toujours un peu/bcp d’atelier (mais plus compliqué en ce moment car les objectifs sont lointains) et pour finir, un peu d’écriture…histoire de te bassiner un peu tous les jours !!!
Et toi, qu’est-ce que tu fais de tes journées confinées?
Prends soin de toi
Youpiii c’est samedi
Jour 5 : samedi 21 mars 2020
Ça va toi ?
Chouette, c’est samedi mais là pas de repas en famille, pas d’apéro, pas de jeux de cache-cache dans toute la maison avec ma petite fille, pas de chœur pirouette cacahouète accompagnée à la guitare par Papy, pas de jeu du loup ou autre jeu de société. Rien, que quick, nada !
Mais haut les cœurs, restons positifs, comme le dit Voltaire c’est bon pour la santé et tentons de dresser une liste pour le confirmer :
Au rayon personnel et immédiat :
Pas de coup de téléphone en cascade de démarchage divers et variés
Pas de foule dans les magasins
Pas d’embouteillage sur l’autoroute
Pas de chargement de voiture pour le marché de la création
Pas de réveil à faire sonner demain à l’aube
Pas de pression pour finir la dernière pièce en cours.
Ce qui implique de façon plus générale :
On usera moins le talon de nos boots préférées
Notre garde-robe sera aussi préservée
Nos pyjamas en molleton ou en coton seront ravis d’être autant portés.
La peau de nos mains, par le lavage acharné et répété ressemblera bientôt à celle d’un nouveau-né
Sans parler de nos pores complètement assainies par la pollution qui, même elle, s’est barrée !
A la fin du confinement, nos neurones seront complètement reposés.
Tous les films, séries, livres qui passent à notre portée, nous aurons dévoré.
Par voie de conséquence notre quotient intellectuel aura probablement explosé…
Nous serons tous devenus surdoués
Attention, pour anticiper les revendications diverses et variées que vous pourriez m’adresser concernant les bienfaits du confinement que j’aurais oublié, je tiens à préciser que cette liste est non exhaustive. Je n’aimerais pas à avoir à supporter un procès dès que cette merveilleuse et si excitante période sera levée.
En résumé, arrête de pleurer et n’oublies pas ta priorité : reste, autant que faire se peut, en bonne santé!
Jusque-là tout va bien !
Jour 6 : dimanche 22 mars 2020
Ça va toi ?
Rooohhhh, mais là va falloir que ça se calme hein !
Moi qui me demandais comment j’allais gérer, supporter, traverser, occuper ces lonnngues journées de confinement…
Comment remplir, combler, utiliser tout ce temps libre ?
Que faire de cette vacuité imposée ?
Et bien tu me croiras ou pas, le confinement, je commence presque à y prendre goût, si, si !
C’est vrai quoi : je dors jusqu’à pas d’heure, je me couche à pas d’heure, pas de rendez-vous, pas de contraintes (hormis celles liées à la situation bien sûr !) ni injonction, ni obligation...
Quant à l’inquiétude du « mais qu’est-ce que je vais faire » ?
Balayée, envolée. La journée passe trop vite, je n’arrive même pas à trouver du temps pour travailler un peu à l’atelier !
Mais dis-donc ma p’tite Marie, serais-tu sur le chemin de l’acceptation ou serait-ce une autre forme de déni à la sauce Danny Boon « je vais bien tout va bien » ?
Pour tout te dire, je n’en sais fichtre rien. Ce que je sais c’est que pour le moment, c’est gérable, supportable, presque agréable … Jusqu’à ce que, au secours, je regarde le journal de 20H et les nouvelles du pays et du monde.
Mais tant que je peux entendre le son de ta voix au téléphone, savoir que tu vas bien et être sûre que nous sommes toujours en lien…alors moi aussi je vais bien !
Mais bon, redescends un peu de ton perchoir la Marie, c’est bien beau tout ça mais faut quand même être clair, on est loin du paradis et je parie qu’on sera tous du même avis : vivement quand même que ce soit fini !!!
Sur ce, porte toi bien, lave tes mains, respecte les gestes barrière et reste chez toi.
Injonctions paradoxales
Jour 7 : lundi 23 mars 2020
Ça va toi ?
Étrange élasticité du temps de confinement… la journée passe à une rapidité que je n’aurais pas soupçonné il y a moins d’une semaine !
Cela peut sûrement s’expliquer au temps passé sur la toile, en particulier à vider plusieurs fois par jour ma boite mail du nombre incalculable de « lettres » reçues par les sites de médecine alternative auxquels je suis (mais plus pour longtemps!) encore abonnée !
Plutôt cliente, en général, des méthodes douces j’avoue que là, les « alternatif santé » et autre du même acabit, non contents de m’inonder de précieux conseils surement très pertinents pour me protéger du méchant coronavirus : résultat optimal assuré, parce que je le vaux bien et que je veux prendre soin de moi (si,si, ils disent ça ! comme si ce n’était pas le cas de tout le monde😤😤😤).
Mais, car il y a un mais : si et seulement si…je clique sur « le lien ci-dessous », m’inscris sur THE programme où tout me sera révélé des vérités cachées et qu’évidemment je paye un modeste tribut pour le prix de ma santé ! Honte sur eux !!!
Je comprends et respecte le fait que tout travail mérite salaire mais là, humanistes comme ils se définissent, la moindre des choses serait de donner à tous un libre accès à l’information du siècle et aux remèdes miracles, non ???
Décidément depuis une semaine, le monde marche sur la tête et les infos contradictoires fusent de toute part !!!
Les uns veulent que le confinement se durcisse, certains disent qu’il ne sert à rien de tester la population, les autres disent son exact contraire, on parle depuis quelques jours de la Chloroquine qui pourrait être LA solution, d’autres encore croient en une théorie du complot...
Tout ça s’opacifie chaque jour un peu plus, qui sait de quoi demain sera fait et à quoi devrons-nous nous plier ?
Bref, après ce petit coup de gueule salutaire, je file sur mon tapis pour ma séance de yoga et méditation quotidienne…ça va me calmer direct… et me préparer à affronter « sereinement » la claque désormais habituelle du journal télé !
Demain sera un autre jour et en attendant, prend bien soin de toi.😘
Et d’une !
Jour 8 : Mardi 24 mars 2020
Ça va toi ?
Et ben ça y est, une semaine de passée… déjà diront certains, seulement diront les autres.
Et oui, en ce moment tout est vraiment une question de point vue personnel, de ressenti individuel à propos d’un vécu universel !
Et à la veille de l’annonce, ô surprise, d’un prolongement de 4 semaines de plus j’ai décidé qu’à partir de demain je resterais en pyjama jusqu’à la reprise de la vraie vie !
A chacun ses révoltes !
Qui plus est, avec toutes ces séances de gym sur internet, sans compter celles de yoga et de méditation, je ne serais, à la fin du confinement, et bien sûr si j’y survis, pas loin d’un Bouddha en phase d’Eveil prêt pour les prochains JO !
A chacun ses délires !
Mais je n’oublie pas non plus que pendant ce temps, dehors, médecins, infirmières, aides-soignants, pompiers se débattent et se battent, au risque de leur propre vie, pour tous ceux qui souffrent.
A chacun son destin.
Porte toi bien surtout et reste debout.
Des questions…pas de réponses !
Jour 9 : mercredi 25 mars 2020
Ça va toi ?
Comment te dire… que je n’ai pas grand-chose à te dire !
Jour après jour, je m’installe dans un nouveau rythme, si le contexte n’était pas ce qu’il est, somme toute et comme déjà dit, vraiment pas désagréable.
Les journées passent toujours aussi vite, presque trop, mais je ne sais pourquoi le travail à l’atelier est plus laborieux qu’en temps « normal » !
Serait-ce malgré tout lié à ce que nous vivons et qui infuse insidieusement ma zone de créativité ? Ou peut-être une plongée moins centrée liée à une concentration moins profonde ?
Une chose est sûre c’est que j’ai encore quelques semaines devant moi pour répondre à la question et, sans vouloir être indécente, tu me diras que tant que je n’ai que ça comme souci, y’a encore de la marge!
Et pendant ce temps, le chiffre des personnes infectées et des morts ne cesse d’augmenter.
Et le confinement alors ???
Quand on verra-t-on les effets ?
Et la stratégie gouvernementale ?
Est-ce la bonne ?
Et la Chloroquine ???
Toutes ces questions…tous ces doutes…toute cette impuissance…toutes ces peurs…tous ces espoirs…toute cette attente… tout ce temps…
On y arrivera si tu prends soin de toi.
Pouce
Jour 10 : jeudi 26 mars 2020
Ça va toi ?
Bon, tu le sentais venir hier, hein ?
Moi oui !!!
Je ne prendrai pas de gants, j’irai direct au cœur du sujet, sans te ménager… je te le dis avec un peu de brutalité mais je sais que tu es bien armée : Aujourd’hui c’est off, un point c’est tout!
C’est vrai, le confinement ne prend pas de vacances, le corona encore moins, hélas !
Mais c’est pas une raison pour que moi aussi, je m’attelle à la tâche sans relâche !
Alors là je dis stop, pouce, break !!!
Je fais silence, je fais retraite, j’entame une grêve, une trêve (pour toi !) des mots.
Attention, ne te fourvoies pas, c’est pas que j’ai rien à dire, ô que non, c’est pas mon genre, c’est que là, ce soir, 21h28 précisément, je dis pouce !
Je sais que tu m’accorderas ce répit, que tu me pardonneras cette démission temporaire, sans m’en tenir rigueur même si je soupçonne ta frustration, ton impatience frétillante à vite me retrouver et ton plaisir ainsi décuplé !!!
Promis juré, je me ferais pardonner et sois rassurée, je reviendrai demain pour te dire que je n’ai peut-être rien à te dire mais tant à te donner.
Et en attendant porte toi bien et prends soin de soi !
Un ange passe
Jour 11: Vendredi 27 mars 2020
Ça va toi ?
19h45
Je ne sais pas toi mais moi, depuis le début du confinement, je croule sous les posts FB et en particulier sur les petits messages qui circulent par messenger.
Tous plus anxiogènes les uns que les autres, plus alarmistes de jour en jour mais il faut aussi le dire pour être tout à fait honnête, saupoudrés d’autres, plein de tendresse, d’amour, de cœur en tout genre : en solo, en bouquets, des roses, des rouges, des qui clignotent, qui battent…
Bref tu l’auras compris et je sais que si toi aussi tu es une « connected people » tu reçois les mêmes puisque nous nous les envoyons, renvoyons, transférons…
Je l’avoue, ça me gave parfois, souvent, mais je sais aussi que ce sont des pensées adressées et une chose est sûre c’est que ça occupe la journée !
Mais revenons au propos initial : en début d’après-midi, je reçois un message m’affirmant tout de go que les anges existent et que je suis la personne la plus merveilleuse du monde, ô que oui !
Mais il y a quand même une condition à remplir : ne pas couper la chaine et faire circuler ces anges à 7 personnes que j’aime.
Si je suis obéissante, ce soir à 20h 25 précise, il m’arrivera quelque chose de génial mais attention, pas comme ça tombé du ciel, non, il est précisé que ce sera par téléphone (mais je ne sais pas si c’est prévu sur le fixe ou le portable…quel dilemme, quel suspens… du coup, je garde les 2 sous le coude, au cas où!!!
Tu penses bien que j’ai fait circuler à mes amies dans la vraie vie, je ne suis pas chienne, le bonheur même virtuel ça se partage ! Et l’après-midi a passé, nous voilà presque à l’heure du diner…je ne tiens plus en place !
Il est 19h 48… tic-tac tic-tac …patience ….
20h 31 : comme chaque soir, on a applaudi aux fenêtres, comme chaque soir, on tremble, frissonne, s’angoisse devant le journal de 20h… mais le(s) téléphone(s) reste muet, toujours pas d’ange à l’horizon !
Bon, on s’emballe pas, en ces temps troublés on sait que tout est chamboulé et je viens bien croire que même là-haut, quelque part au pays des anges, la situation est compliquée !
20h37…tic-tac, tic-tac, les minutes durent des heures, je n’en peux plus d’attendre, je ne sais pas si je vais encore pouvoir tenir longtemps…ce suspens me lamine !!!
20h39 : mais si bien sûr, j’ai compris, je viens enfin de réaliser : les anges sont eux aussi victimes du confinement et ceci explique cela !
Ouf, me voilà rassurée, je n’ai pas été oubliée, c’est pas d’ma faute, c’est pas d’la leur…c’est encore le vilain corona qu’est passé par là, grrrr !
Histoire de finir sur une note positive, et hormis le fait que j’ai encore espoir qu’ils ne soient qu’en retard, le message disait que ceux qui n’avaient plus d’ailes on les appelle des amis.
Alors, tant pis pour les anges, sans une once d’hésitation, je choisis les amis, je TE choisis.
Prends bien soin de toi mon ami et vive la vie !
Le téléphone ne pleure pas, il sonne !
Jour 12 : Samedi 28 mars 2020
Ça va toi ?
Moi, j’suis rincée, ma langue est gonflée, mes cordes vocales usées, mes zygomatiques fatigués, mes oreilles laminées, mon cerveau explosé, mes doigts tous boudinés…mais mais mais mon lien social est resserré, ma famille plus que soudée, mes amis en toute proximité téléphonée mais en file d’attente listée histoire de pas trop saturer dans une même journée !
Tu l’auras compris, le temps du confinement est bien chargé surtout rempli d’amour et d’amitié qui malgré l’éloignement des corps renforce l’attachement des cœurs.
Et pendant ce temps dehors, on nous annonce toujours plus de morts… on n’est pas près de retourner dehors…
OK, on va gérer, je propose qu’en attendant et faute de mieux, on continue à se téléphoner et tant pis pour nos organes malmenés !
Prend soin de toi…et n’oublie pas de m’appeler ou c’est qui le ferais !
PS : mais pas tout de suite, là c’est bon, j’ai eu ma dose pour la journée !!!
Jour 13 : Dimanche 29 mars 2020
Jour 13 : Dimanche 29 mars 2020
Ça va toi ?
Tout fout le camp, le monde entier est chamboulé sauf le changement d’heure qui continue à nous gaver mais là, pas touche au sacré !
C’est dimanche… et pis c’est tout !
Bisous
Et de deux !
Jour 14 : lundi 30 mars 2020
Ça va toi ?
Bon, ben les p’tits loups, piano piano, step by step, jours après jours… we did it !
PS : A l’annonce du confinement, je m’étais engagée, entre moi et moi, à coucher sur le papier ce journal d’une confinée. Challenge relevé !
Pour autant, je ne sais pas encore si je vais continuer même si, en général j’aime bien aller au bout de ce que je me suis fixée et que, je te l’accorde, le confinement n’est pas près de se terminer.
Sans compter qu’auquel cas je risque de continuer à te saouler mais, n’oublie pas, de me lire, tu n’es pas obligée… Oufff, enfin soulagée !!!
Coucou, la revoilou !
Jour 15 : mardi 31 mars 2020
Ça va toujours toi ?
T’y as cru ? Le suspens n’a pas duré très longtemps !
Tu pensais être enfin tranquille, débarrassée de cette foutue nana qui tous les soirs depuis 15 jours ne se gêne pas pour polluer ton FB ou ta boite mail en toute impunité !
Non mais c’est vrai, quoi, le confinement c’est déjà dur !
Chaque jour, tu passes des heures au téléphone, reçois et réponds à des tonnes de messages tantôt sinistres, tantôt drôles, tendres, des messages d’amour universel ou d’autres chargés de peurs, de frustrations, de colère, des complotistes, des rebelles, des anti-gouvernemental, des pro- Macron et aussi des appels au secours du personnel soignant, des appels aux dons, aux masques, aux blouses, au respirateurs, aux médicaments, aux places dispos, aux lits manquants, au tests sanguins, sur bandelette, à la Chloroquine aux antibios, au curare, à la morphine, des messages pour soutenir ceux qui font tourner le pays, les caissières, les agriculteurs, les éboueurs, les transporteurs sans compter qu’à 20h tu es à la fenêtre pour applaudir nos héros sur le front tout en gardant un œil sur le feu histoire de ne pas en plus faire cramer le diner (c’est déjà assez la merde comme ça, au moins qu’on mange bon !) et une oreille sur le journal télé pour avoir les derniers chiffres catastrophiques qui te font frémir mais que tu ne peux t’empêcher d’écouter, tout en te promettant que demain, t’arrête ça, trop anxiogène ….
Alors si en plus de tout ça y’a l’autre fofolle qui continue à pointer son nez, juste au moment où tu crois être enfin peinard, vautré dans ton canapé, prêt à décompresser devant ta télé avant d’aller te coucher en espérant que ta nuit ne sera pas trop agitée et que les quelques heures de sommeil qui te sont allouées te permettra de te ressourcer pour pouvoir supporter une 16ème journée…
Franchement, merde, Marie, un peu d’empathie !
T’inquiète pas, prends soin de toi, le confinement ne durera pas toute la vie, respire, elle finira par lâcher prise !!!
Ceci n’est pas un poisson d’avril
Jour 16: mercredi 1er avril 2020
Ça va toi ?
Je te l’annonce tout de go : tu n’es pas prêt.e de te débarrasser de moi et pour cette fois c’est pas ma faute !
C’est celle d’une de mes lectrices et néanmoins amie qui, je n’en doute pas, se reconnaitra et qui me somme (si,si!) de continuer à vous bassiner !
Il est bien évident que je ne la citerai pas, tant pour respecter la nécessaire confidentialité mais surtout pour sa protection : pas question de prendre le risque de la voir se faire lyncher à la minute où le confinement sera levé !
Trop dangereux, pour elle, trop de responsabilité pour moi qui entrainerait une culpabilité que je ne saurai gérer.
Alors tu me diras, mais pourquoi être allé jusque-là, qu’est-ce donc qui l’a poussé à se révéler de la sorte sans une réelle conscience de cette terrible prise de risque ?
Pour tout te dire, je n’en sais rien mais à mon tour de te livrer mon sentiment à ce propos :
Ça m’a TROP fait plaisir et vraiment touché.
Merci à toi, belle inconnue mystère
Résultat des courses :
Moi je re-signe, toi tu fais avec et ce jusqu’à nouvel ordre !
Pour résumer :
C’est pas ma faute
C’est pas un poisson d’avril (d’ailleurs j’ai toujours trouvé ça nul comme tradition) et franchement, bon courage pour aller accrocher un poisson en papier dans le dos de ton voisin par temps de confinement !
Comme quoi il y a du bon en tout… elle est pas belle la vie ?!
C’est pas tout ça mais n’oublie pas l’essentiel : Reste au chaud et prends soin de toi.
Double peine
Jour 17 : jeudi 2 avril 2020
Ça va toi ?
Moi, Marie Wermuth déclare officiellement qu’à partir de ce jour, le temps des excuses, justifications, permissions, contritions et autres mots en « tions » est désormais et à jamais révolu !!!
Levez la main droite et dites « je le jure »…Je le jure !
Ceci étant posé, de quoi donc vais-je bien pouvoir parler aujourd’hui ?
De l’actualité bien sûr et tout particulièrement d’une information émanant de notre premier ministre que j’ai entendu hier soir évoquer du bout des lèvres.
Il ne t’a pas échappé que l’on commence très vaguement mais sûrement à évoquer l’APRES… ou plus précisément, le déconfinement comme ils disent (je signale que Word me le souligne en rouge !)
Excepté la question brulante du « quand », se pose aussi celle du « comment ».
Ce qui se murmure c’est qu’il y a peu de chances pour que ce confinement soit levé pour tous et en même temps.
Faisons un parallèle, une métaphore et imaginons que le zoo de Vincennes (de sa nouvelle appellation le Zoo de Paris) c’est la France, avec, comme tu le sais, tout le respect et l’amour que j’ai pour les animaux.
Tu comprendras aisément qu’à l’heure de la promenade ou des repas, pas question de les libérer tous en même temps… imagine la cata ou plus précisément, le carnage !
Bon, revenons maintenant à mon coup de calgon.
Il est donc question, celle-ci n’étant semble-t-il pas encore tranchée (comme tant d’autres !!!) de plusieurs axes possibles :
- On nous libère par région : probables d’abord les moins touchées puis on remonte vers les plus.
-> là, déjà, si tu es comme moi en Ile de France ou dans le Grand Est ou quasi partout sur le territoire, t’es mal!
2ème piste : on nous libère par « tranche » d’âge, autrement dit, les jeunes d’abord puis on descend
-> là, 2ème couche, si comme moi tu as atteint voire dépassé, l’âge de la sagesse, t’es doublement mal.
Pour résumer, être parisienne et vieille c’est pas la joie !
Tu crois qu’ils me laisseront sortir avant mars 2021 ?
Sinon je ne vois que 2 solutions : une chirurgie esthétique en urgence ou un recours à des faux papiers !
Je veux sortir !!!!
En attendant prend bien soin de toi et si t’as une idée à me soumettre à ce sujet…
Help, je compte sur toi !
Pas de bras, pas de chocolat !
Jour 18 : vendredi 3 avril 2020
Ça va toi ?
Pas de maison des vacances
Pas de trio gardois Chacha, Papa et Mamie Golotte
Pas de soirée apéro et plancha avec la famille et les copains
Pas de Gardon (c’est la rivière!)
Pas de visite chez le pépiniériste donc pas d’achat compulsif de fleurs ou plante !
Mais en contrepartie et pour se consoler :
Pas de trajet de 9h en voiture…et retour !
Pas de piscine à vider (au secours cet été !!!)
Pas de grand ménage et de maison à remettre en route
Pas de ratissage de feuilles
Pas d’engueulade probable avec ce connard de voisin
Alors qu’est-ce qui nous reste ?
Un jour à suivre, presque identique à la veille, l’avant-veille, l’avant-avant-veille et probablement le lendemain, l’après lendemain et le jour d’après…
En attendant la terre continue de tourner, le soleil à se lever, la lune à se découper en quartier, les étoiles à briller… La vie suit son cours confiné.
Pis d’abord aujourd’hui j’suis pas d’humeur à rigoler, histoire de varier les plaisirs et pour tout te dire, râler j’aime bien et c’est la vie aussi !!!
Ris, pleure, gueule, chante, fais ce que tu veux, fais comme tu peux, l’important c’est qu’on soit vivant.
QCM (questionnaire à choix multiple)
Jour 19 : samedi 4 avril 2020
Ça va toi ?
Si c’est pas malheureux d’être confiné chez soi par une si belle journée de printemps !
Si j’avais su : j’aurais émigré en Suède, ou peut-être en Allemagne ou sinon à Marseille!
Si j’avais prévu : j’aurais acheté du produit de lessivage, des éponges, des tines de peinture, des rouleaux, des bâches et j’en aurai profité pour repeindre ma maison.
Si j’avais pu j’aurais préféré l’hiver pour être confinée.
En attendant, je passe le temps à chercher quel os je vais encore bien pouvoir ronger journée après journée.
Je creuse, je creuse et à force de creuser je finis par trouver !
Pas question de se résigner, de végéter, de déprimer…exception faite comme tu le sais, du moment le plus critique à supporter : le sacro-saint journal télé.
Mais entre-temps du lever au coucher, au cas où tu n’y aurais pas pensé et avec tout mon respect pour ta créativité, voici quelques pistes basiques à explorer.
Fais ton choix et coche ta case préférée.
C’est très tendance en ce moment alors on ne va pas se priver (et pour être tout à fait honnête, ça étoffe le billet !!!).
Aparté : Ne te moque pas, c’est pas si facile d’écrire chaque jour quand le monde est figé et toi confiné, ça aide pas à raconter !
La liste est bien sûr non exhaustive (tu peux l’enrichir à ton gré).
Y’en a qui nettoient tout à fond, à fond
Y’en a qui trient
Y’en a qui jettent
Y’en a qui rangent
Y’en a qui ré-organisent
Et puis…
Y’en a qui surfent
Y’en a qui twittent
y’en a qui partagent
y’en a qui transfèrent
y’en a qui like
y’en a qui grrrr
y’en a qui commentent
y’en a qui affirment
y’en a qui contredisent
y’en a qui dénoncent
y’en a qui adoubent
ou encore
y’en a qui font des apéros à la fenêtre
y’en a qui font des apéros sur whatsapp
y’en a qui font des apéros sur Skype
y’en a qui font des apéros sur Zomm
y’en a qui font des apéros
Si t'as pas peur d'être original on peut aussi danser, lire, coudre, peindre, dessiner, sculpter, écrire, méditer, faire sa gym, méditer, cuisiner, manger, jardiner, jouer…………………………………
Et pour finir comme il se doit, afin de nous améliorer merci de cocher la case de votre choix.
« Cela vous a-t-il aidé ? Oui | Non »
Prends soin de toi.
Must Have
Jour 19 : dimanche 5 avril 2020
Ça va toi ?
Après avoir manié le marteau, la truelle et la colle pour « mosaïquer » mon escalier quasiment toute la journée, je reviens vers toi, consciente de ma responsabilité concernant ce journal désormais reconnu d’utilité publique par toutes et tous.
Chère confinée, cher confiné.
Comme tu le sais, après un revirement à 180° de notre gouvernement, le port du masque est à présent vivement recommandé pour tous.
J’ai renoncé depuis longtemps à pousser les portes des pharmacies de mon quartier après avoir essuyé des « désolé, pas de masque » en cascade.
En fin d’après-midi, me projetant demain matin pour les inévitables courses à faire pour la semaine, encore une fois sans protection, nue en quelque sorte, un soudain et compulsif besoin d’y remédier m’est tombé dessus.
Alors, ni une ni deux, télécharge le patron pour faire un masque maison, va chercher un bout de tissus, un bout de polaire, des élastiques, sors la machine, coupe, taille, épingle…sans oublier les marges nécessaires à la piqûre… oups, raté, pas grave, recommence, accroche toi, retourne à l’ordi, suis bien étape par étape, tu vas y arriver…
Et voilà le travail !
Quelque part entre bandit de grand chemin africain et terroriste ganja !!!
Prête à affronter le monde en mode commando, mission survie alimentaire !
Et bien sûr, je ne m’arrête pas là : à cette adresse tu te rendras pour accéder à toutes les explications : https://www.craftpassion.com/
et ci-dessous le patron tu trouveras !
Tu noteras que ta santé me tient très à cœur.
Allez, hop, hop, hop, sors ta machine et que ça saute !
Prends soin de toi !
Introspection
Jour 20 : lundi 6 avril 2020
Ça va toi ?
Lundi, 1er jour d’une nouvelle semaine.
20ème jour de confinement de l’année 2020 (20/20 qu’on disait en début d’année… no comment !!!)
Et je t’entends penser : mais où donc veut-elle en venir ???
Au fait que je trouve que c’est un bon jour et un bon chiffre pour une petite introspection !
Je ne sais pas si nous sommes à la moitié du parcours, plus près de la ligne d’arrivée ou encore très loin. L’horizon n’est pas encore assez dégagé ; encore trop de collines, trop de virages pour l’apercevoir.
Je ne sais pas si je réussirais à sauter toutes les haies : le règlement de la course étant incertain, tout dépendra des entraineurs et des règles en vigueur plus ou moins mouvantes de la compétition. Si la barre n’est pas sans cesse relevée, on peut espérer que si on a réussi à sauter les 20 premières, nous pouvons prétendre franchir les obstacles restants…excepté si nos capacités physiques s’amenuisent entrainant une fatigue qui s’accumule donnant lieu à une baisse de moral, le tout menant probablement à l’échec.
Mais même s’il est vrai que nous avons été inscrits d’office et sans qu’on nous demande notre avis à ces Olympiades particulières, même s’il est vrai que nous n’avons pas suivi le programme préparatoire, que nous n’avons pas bénéficié d’entrainements appropriés…
We are the champions, my friends And we'll keep on fighting 'til the end We are the champions We are the champions No time for losers 'Cause we are the champions of the world !
Dans l’objectif de rester d’utilité publique, je mouille la chemise et t’en propose un maison qui a fait ses preuves :
Tu choisiras (oui, encore !) ce qui te parle le plus car tout est histoire de point de vue et tous sont respectables d’autant qu’ils ont un objectif commun.
Bref nomme le comme tu veux : processus d’acceptation, florilège d’exhortations, méthode Coué, prières…
L’essentiel étant de ne pas perdre de vue que tout athlète qui vise haut se doit de garder un moral d’acier pour se projeter victorieux.
Et ces quelques maximes sont de bons starting-blocks !
J’ai décidé d’être heureux, c’est bon pour la santé (Voltaire)
Mon Dieu (tu prends ou tu transformes, là n’est pas l’essentiel du message) donne-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses que je peux et la sagesse d’en connaitre la différence. (Prière de la sérénité)
Voir toujours le verre à moitié plein
L’art de vivre consiste en un subtil mélange entre lâcher-prise et tenir bon. (Henri Lewis)
Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant. Paulo Coelho
Ne désespérer jamais. Faitres infuser davantage (Henri Michaud)
La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre. Albert Einstein
A toi de jouer … Tu crois quand même pas que je vais tout te servir sur un plateau !
We are the champions, my friends And we'll keep on fighting 'til the end We are the champions We are the champions No time for losers 'Cause we are the champions of the world !
Prends soin de toi.
Ça craint !
Jour 21 : Mardi 7 avril 2020
Ça va toi ?
Bon, aujourd’hui je vais faire court !
Parce que quand on a rien à dire, vaut mieux fermer sa gueule.
Parce que, je sais pas toi, mais moi, j’ai des mains qui s’atrophient à force de les laver 250 fois par jour. Et c’est pas parce que je psychote mais entre le jardinage, le bricolage, le mosaïquage, le lavage des fruits, légumes, salade… faudrait pas que ça dure encore 2 mois car j’ai bien peur que d’ici là elles n’ai fondues dans l’évier entrainant avec elles, corona et tous les autres virus de la terre !
Parce que ça commence à bien faire : je commence mes « soirées » de plus en plus tard ou elles sont de plus en plus courtes !!! Attention, hein, je ne t’accuse pas, ce n’est pas ta faute mais… un peu quand même bien que je sache que tu n’as rien demandé mais c’est pas une raison, ça!!!
Alors du coup, je te le dis tout de go, faut que quelqu’un paye l’addition : prépare-toi, tu vas prendre cher et la punition sera rude.
Patience…la vengeance est un plat qui se mange froid…
Brrrrr !
Prends soin de toi quand même…en attendant !!!
Tata Yoyo
Jour 22 : Mercredi 8 avril 2020
Ça va toi ?
Moi, ce matin au réveil, ça allait couci-couça…les yeux à peine ouverts une espèce d’état bizarre, mi- mélancolique, mi-colérique, avec une vague envie de tout envoyer valser, de sortir, d’aller boire un café…
Alors, j’ai préparé mon petit déjeuner, suis sortie dans mon jardin, me suis interrogée sur la question de m’habiller, ai regardé mon mini chien gambader et tout compte fait j’ai laissé aller.
Compliqué malgré tout ce temps confiné.
Par moment, heureusement pas souvent, je me retrouve secouée, emportée par une vague d’émotion négative qui vient balayer la digue que je m’applique chaque jour à monter pour l’empêcher de me laminer.
Yoyo émotionnel, danger personnel.
Alors j’ai fait deux listes !
Une liste des trucs qu’on faisait avant, dans la vraie vie j’entends, et qui aujourd’hui n’ont plus trop de sens, d’intérêt ou de nécessité : regarder l’heure, par exemple… ce que je ne peux m’empêcher de faire en me demandant bien pourquoi?
Et une liste de ce que je ferai quand on sera libéré et en bonne santé!
Pas très longue, pas très compliquée mais rien que d’y penser, d’abord ça m’a frustré et puis ça m’a calmé.
J’aime bien faire des listes et ça fait des lustres.
Des listes de courses, des listes de trucs à faire, des listes de pièces en projet, des listes de livres à lire ou de films à regarder, des listes d’idées…
Peur d’oublier ?
Façon de libérer mon cerveau pour éviter de ressasser ?
Toujours est-il que les listes, moi je kiffe !
Comme quoi, pour toi et moi, au temps du confinement, y’a des jours avec et des jours sans mais le jour d’après n’est pas le jour d’avant, c’est aussi pour ça que la vie a du piquant !
Prends soin de toi
Attention, chien méchant !
Jour 23 : Jeudi 9 avril 2020
Ça va toi ?
Plus les jours passent, plus j’en dis ! Sur moi, sur ma vie…
Si ça continue comme ça, tu sauras presque tout de moi !
Tu me rétorqueras qu’après tout, un journal, c’est un peu fait pour ça et qu’il ne tient qu’à moi de taire ce que dire je ne veux pas.
C’est vrai, les commandes, c’est moi qui les ai mais la confiance que j’ai en toi m’incite à t’inviter sous mon toit.
Entre, passe la porte…
Attention, il est là, il aboie… Investi d’une mission imaginaire, à défendre sa bergère il s’emploie, le roi du monde il se croit mais en vrai ce qu’il cache c’est-ce qu’il a peur de toi !!!
Quel roublard ce petit chihuahua !
A mon mini chien.
La solitude s’efface pour laisser place à ta présence tenace. Oh non, rien n’est fugace, tout en toi fait trace.
Du matin au soir, sans cesse dans mes pattes, tu m’épates.
Je lui parle, il me répond. Je sais, ça a l’air con mais tu peux me croire, son regard en dit toujours très long.
Et puis on joue…beaucoup! Du matin au soir, à pas d’heure, j’adore le voir de si bonne humeur, plein d’allant, plein de vie…chaque jour avec lui, je ris.
Toi, petite boule de poil tu as pris tant de place et même si je l’avoue, parfois tu m’agaces, je ne peux que te pardonner…Tu finis toujours par me faire craquer !
Sans aucun doute, avec toi la vie est plus gaie, même confinée pour l’éternité !
Prends soin de toi et de tes animaux si comme moi, tu en as !
Je sais que je sais…
Jour 24 : vendredi 10 avril 2020
Ça va toi ?
Déjà 24 jours ? Seulement 24 jours !!!
Cette nuit j’ai rêvé : je nageais sous l’eau, je n’arrivais plus à respirer et… je me noyais. Mais je me battais aussi, acharnée à survivre.
Je me suis réveillée, essoufflée, alors que j’avais enfin atteint le rivage, saine et sauve.
Quand nos nuits traduisent ce que nos jours impactent.
J’attaque une phase… délicate, dirons-nous !!!
La colère monte, la frustration augmente, l’impuissance me lamine…
Bref, depuis 2 jours, faut pas me gonfler !
Tu me diras, ça tombe bien, comme il n’y a personne pour trinquer, ça reste somme toute assez safe !!!
D’autant que :
Je sais que c’est que c’est pour la bonne cause.
Je sais qu’on n’a pas le choix.
Je sais que des gens souffrent, que d’autres meurent.
Je sais qu’on espère tous passer au travers.
Je sais que les soignants se débattent et se battent en prenant tous les risques.
Je sais que nous sommes redevables à tous ceux qui font tourner le pays.
Je sais que cela touche le monde entier.
Je sais que je ne suis pas la seule à péter un câble.
Je sais qu’il y a des seuils à franchir, des étapes à dépasser dans un processus d’acceptation.
Je sais que finalement, c’est rien 2 ou 3 mois dans une vie.
Je sais que la vie reprendra son cours
Je sais qu’on s’en remettra
Je sais qu’on se reverra
Mais là pour l’instant ce que je sais surtout c’est que
J’EN AI MARRE, MARRE, MARRE
d’être confinée
de ne pas voir, câliner, embrasser qui je veux
de ne pas pouvoir aller où je veux quand je veux
de ne pas pouvoir travailler comme je veux
d’être entre moi et moi
d’être abreuvée de posts, infos, articles tous plus alarmistes et contradictoires les uns que les autres
de ne pas savoir quand on en verra le bout
de na pas savoir comment et dans quelles conditions sera le bout
de sortir masquée comme un gangster
de….
Prend bien soin de toi.
Aparté : ne t’en fais pas je vais finir par me calmer mais peut-être pas tout de suite quand même !
Une fois que l’eau bout même si tu baisses le feu, ça redescend pas tout de suite !
Désobéissance Pascale
Jour 25 : samedi 11 avril 2020
Ça va toi ?
Bon, comment te dire...
N’ayant pas d’œufs dans mon panier je me suis dit qu’à situation confinée, Pâques masquée.
Alors, pleine d’envie et le cœur à l’ouvrage, je me suis installée dès poltron minet derrière ma machine à coudre pour protéger toute ma petite famille adorée.
La matinée est passée, la moitié de l’après-midi a suivi, même la galère du patron pas raccord, les erreurs d’assemblage, la recherche des fils en accord ne m’a pas fait renoncer à cette entreprise, certes bien intentionnée, mais pour tout dire, au résultat foiré !
Mais il parait que l’essentiel c’est de participer !
Pour me dédouaner, je t’avoue que je me suis trop précipitée ayant promis hier, d’aujourd’hui les livrer.
Et le prétexte était tout trouvé, on ne rigole pas avec le corona !
Trois semaines que je ne les voyais que par écran interposé…là c’était décidé je ne pouvais plus reporter !
Alors j’ai rempli ma petite attestation, chaussé mon masque, lavé mes mains, fin prête pour la grande aventure émotionnelle d’aller retrouver les miens à 5 kms de distance…une aventure du bout du monde en ces temps si sombres.
Voilà, j’ai pris ma dose, pas longtemps, pas tout près, masqués, sans baisers mais c’était déjà tellement bon…
Hélas, ça a aussi confirmé ce que je craignais : les masques, c’est raté mais je suis rassurée, ils m’ont pardonné…
Désobéissance assumée : Pâques, les œufs et les masques envolés restent nos cœurs à l’unisson reliés .
Prends soin de toi et des tiens
Rêve et réalité
Jour 26 : dimanche 12 avril 2020
Ça va toi ?
Dringggg, 7h15, oulala, comme tous les dimanches matin, ça pique !
C’est vrai que les levers aux aurores, ça n’a jamais été ma tasse de thé !
Mais bon, quand faut y aller, faut y aller !
La voiture est chargée, le sac, préparé, allez hop, petit dej, douche, dernier coup d’œil pour vérifier que je n’ai rien oublié…fermeture de la maison, en route avec mon Nuts lui non plus, pas très réveillé !
Il fait beau, hâte de retrouver mes copains, le cœur léger et l’espoir chevillé au corps de rentrer quelques sous…je la sens bien cette journée !
Etre là où je dois être, à ma juste place.
Ça roule sur le périf, le lion de Belfort veille sur la place Denfert Rochereau, je longe le boulevard Edgar Quinet jusqu’à la hauteur de mon stand.
Mes amis, trop mimi, ont réservé ma place.
Super, aujourd’hui je ne commencerai pas la journée par un coup de gueule !
La plupart des copains sont déjà arrivés, ça discute, ça s’embrasse, ça rigole, ça chantonne…il est tôt mais on est au taquet, contents de nous retrouver, comme chaque dimanche de l’année.
Sur ce, c’est pas le moment de mollir, y’a la voiture à décharger, les bâches à monter, le toit à dérouler, les socles à disposer et les sculptures à installer.
Tout ce petit monde s’active, ça cause, ça s’interpelle, ça s’engueule aussi parfois pendant qu’au milieu de cette effervescence joyeuse et bruyante, passent sur le trottoir quelques étrangers matinaux, des gens du quartier et nos habitués qui viennent nous saluer.
Ah, comme j’aime cette ambiance animée, ce temps de travail décalé pendant que les autres sont en congé, comme j’aime ces dimanches à Quinet !
Nous voilà prêts...à accueillir le public, à échanger sourires, discussions passionnées, négociations négociées.Prêts à empocher un peu d'argent d'un client content qui repartira avec une oeuvre sous le bras.Prêts à échanger à propos de nos semaines respectives, nos coups de cœur livres, films, séries, sans oublier de parler boulot, nous interrogeant et tergiversant sur les prochaines expos..
Et la journée passe, le temps s’accélère et il déjà l’heure de remballer.
Un dimanche de plus au marché, il ne nous reste plus qu’à nous saluer en attendant la semaine prochaine pour nous retrouver.
Allez, allez, fini de rêver, il est hélas grand temps de revenir à la triste réalité d’un dimanche de Pâques confiné.
Et parce que rire est plus important que jamais, voici en résumé le dernier mot scotché par un de nos voisin sur la porte intérieure de l’immeuble :
« N’ayant pas pu nous endormir avant 3h du matin, merci aux voisins de faire en sorte que leurs ébats amoureux soient moins bruyants. Bon confinement »
Je dédie tout particulièrement ce billet à mes ami.es, copains et copines artistes du Marché de la Création Edgar Quinet en espérant les retrouver le plus vite possible.
Vous me manquez !
Prend soin de toi et au marché on retournera!
Discours présidentiel
Jour 27 : lundi 13 avril 2020
Eh ben voilà, on s’en reprend pour un mois !!!
11 Mai, début de la délivrance mais on ne sortira pas tous de l’auberge en même temps. Ceci dit, pas très claires ses explications à ce propos, plutôt vagues même !
Je pourrai reprendre point par point le discours présidentiel mais je suis tellement colère : sa suffisance, son incapacité flagrante à faire son mea-culpa (des manquements, des failles, mais pas que chez nous, partout en Europe, donc c'est moins grave!)
les masques (masque grand public...ça veut dire quoi???") disponibles aux pauvres mortels qu’à partir du déconfinement (c’est cool, il nous reste 1 mois pour le choper avant d’être protégés),
les tests pour ceux qui sont symptomatiques (super, si tu es en phase d’incubation tu l’as dans le zbab)…
Et que dire concernant cette phrase de conclusion hautement philosophique et abscons: se réinventer … à commencer par lui-même...personnellement si je devais réinventer quelque chose ce serait les dernières élections présidentielles ou au mieux les prochaines!
Allez, je vais aller faire un petit tour dans mon jardin, jouer à la baballe avec mon chien, histoire de me calmer et de digérer (et je ne parle pas du diner !!!)
Sans compter qu’écrire encore chaque jour pendant 1 mois…oulala ;)
Accroche-toi, ne baisse pas les bras et continue à prendre soin de toi.
Inventaire à la Prévert
J-27 : Mardi 14 avril 2020
A l’heure où nous sommes et au vu de la situation actuelle, il est grand temps de dresser le bilan de ces 27 derniers jours.
Et j’en profite pour vous annoncer qu’à partir d’aujourd’hui j’ai pris une grande décision : Je ne compte plus, je décompte… histoire d’aller vers la lumière !
J-27 donc… courage ça approche !
Restant cohérente, quoi de mieux qu’un inventaire à la Prévert pour faire le point même si, je te l’accorde, il est plus versant pratique que poétique !
C’est parti !
1 karscher
1 salon de jardin
10 grandes marches
5000 litres d’eau
Pas très écolo mais qu’est-ce que c’est propre
1 sac de colle
300 tesselles de mosaïque
5 marches de seuil
2kgs de joint
15 kgs manquants
1000 litres de sueur,
1 tonne de frustration
1 bon mois de patience
Mais qu’est-ce que ça va être chouette !
6 coupons de tissus
1 écharpe en lin sacrifiée
1 écharpe en polaire sacrifiée
100 mètres de fil
5 heures derrière la machine à coudre
1 tonne d’envie de faire plaisir et de mettre à l’abri
100kgs de déception et de honte
6 masques foirés et montés à l’envers
2 tonnes d’espoirs
Et une réussite au bout du chemin
1 échelle
1 raclette
2 chiffons
1000 litres de sueur
Encore de l’eau
4 bonnes heures
Et hop une véranda toute propre
1 sécateur
1 râteau
1 arrosoir
2 sachets de graines de tournesol
1 sachet de roses trémières
1 dos en vrac
2 sacs 100 litres d’herbe et de taille
2 genoux râpés
Arrosé d’un peu de sueur
Je ne suis pas Lebrun,
ce n’est pas Versailles
mais il est beau le jardin !
Plein de chutes de tissus,
Plein de couleurs, plein de motifs
1 grande ficelle
1 paire de ciseaux
2 bras bien musclés pour déchirer en droit fil
2 chaises
Des tonnes de patience
Des dizaines et des dizaines de nœuds
Et une jolie guirlande colorée pour égayer la pergola
Des éponges
1 seau
Du produit de nettoyage bio
De l’huile de coude
1 bonne dose d’énergie
1 bonne dose d’envie (attention, parfois en rupture de stock !)
2 mains en peau de crocodile
1 bibliothèque
1 atelier
1 maison
1 grand nettoyage mais celui-là compte pour plusieurs printemps !
1 atelier adoré
3 sculptures créées
1 ou 2 autres en projet
Et toujours autant de plaisir, d’envies jamais taries.
1 tapis de sol,
Des baskets,
1 ordinateur
Des heures de cours de gym
de yoga, de méditation…
ça c’est bon !
9645 mots
35 pages
27 jours
des heures et des heures d’écriture
quelques kilos d’incertitude
pour le même poids de joie.
1 lit
1 couette
1 housse de couette
2 oreillers
8 bonnes heures de sommeil bien méritées
Zzzzzzzzzzzzzzzzz
Quand je pense qu’il reste 27 jours…
Mais qu’est-ce que je vais bien encore trouver à faire ???
Au pire, je remets ça ou alors j’essaye le rien, le vide…pas gagné !
« Faire en faisant se faire », disait Sartre, vous l’aurez compris, voici en raccourci, ce qui me définit !
Prends soin de toi !
Réquisitoire
J- 26 : Mercredi
Ça va toi ?
Au passage, désolée pour hier, j'ai oublié de te poser la question, trop occupée à tout checker! J'espère être pardonnée!
Ecrire c’est penser à haute voix !
Et penser, en ces temps confinés, occupe une grande partie de notre temps pour la majeure partie d’entre nous…et du temps, ça tombe bien, on n’en a à revendre !
Analyser, débattre, élaborer des stratégies futures, inondés que nous sommes d’infos, de pistes, de conseils, d’injonctions…toute plus contradictoires les unes que les autres, difficile dans ce contexte de faire la part des choses. Beaucoup de bien-pensance, de leçons de moralité, de faut qu’on y’a qu’à…
Sûrement que le monde « d’après » comme ils disent, sera changé, repensé, réadapté …sûrement que ce que nous vivons, le sentiment d’impuissance, de débordement, d’inadaptabilité, de manque de moyen, de connaissance…fera trace.
Mais aujourd’hui, au risque de créer une nouvelle polémique (sûrement peu étendue, ouf, compte tenu du nombre restreint de mes lecteurs !) je m’insurge, je colère, je dénonce l’idée qui circule en ce moment : celle d’un corona virus issu d’une nature ou d’un dieu vengeur/rédempteur qui serait là pour nous remettre au pas histoire de retrouver le droit chemin du respect de la planète, changer de point de vue sur une société sans éthique qui ne pense que pognon et profit et dont les membres ne seraient que de sombres individualistes.
A les écouter l’Humain, dépourvu de beauté, de bienveillance, d’empathie, d’éthique et de morale, mériterait une punition céleste ou terrestre prenant forme avec le corona virus.
Je n’ai jamais été très friande de leçons et autre injonctions (mon côté rebelle sans doute !), encore moins quand l’idée véhiculée par de soi-disant « sachants » serait que le corona virus aurait la double fonction d’être, à la fois, « ange » annonciateur et bras armé exterminateur.
Je n’aurais pas l’outrecuidance de penser que je détiens la vérité vraie (contrairement à d’autres !) mais ce n’est pas non plus une raison pour brider ma parole : cette « analyse » de la situation est, à mon sens, à mettre dans le même sac que les diverses théories du complot (virus issu de laboratoire…) ou/et des croyances radicales et extrémistes.
Autrement dit, en raccourci, attention danger !!!
Je ne sais pas si à l’avenir, notre société s’en verra changée, transformée, améliorée, je ne sais pas si nous serons plus proches et plus respectueux de la terre qui nous porte, je ne sais pas si nous serons plus à l’écoute les uns des autres, plus solidaires, plus… Je l’espère, bien sûr, comme chacun de nous mais l’affirmer est une autre paire de manches !
D’autant qu’il me semble qu’avant le corona cette prise de conscience écologique et humaniste était déjà en marche même si l’impact concret n’est pas encore assez visible.
Mais puisqu’on ne pige rien à rien, histoire d’enfoncer le clou dans nos petites têtes mal faites, super Corona virus est arrivé à la rescousse.
Nous l’avons mérité ? C’est ça l’idée ? Bien fait pour nous ?!
Ce que je pense c’est que la nature humaine est ainsi faite que, surprise par l’orage, elle se promet d’être plus vigilante à l’avenir mais quand le soleil revient, elle oublie et reprend son chemin.
Certes, peut-être prendra-t-elle celui de traverse ou changera-t-elle complètement de trajectoire ?
Peut-être…ou pas…ou pas tout de suite…
J’adore cette phrase qui dit : « Le maître arrive quand l’élève est prêt »…
Sommes-nous prêts ?
Le corona est-t-il le maître ?
Et les élèves que nous sommes, sont-ils en capacité d’apprendre vraiment et surtout, maintenant ?!
Rien de défaitiste dans mes propos, j’ai toujours eu confiance en l’Humain, en sa capacité à rebondir, à sa résilience (le mot à la mode !) mais je connais aussi sa versatilité, sa capacité à oublier ou à refouler.
Seule l’expérience du terrain de demain nous donnera la réponse.
En attendant, arrêtons les leçons de morale à 2 balles, tâchons de survivre, de traverser et ensuite nous verrons ce que nous sommes en capacité d’en tirer.
Autrement dit : ici maintenant c’est là l’important.
Prends soin de toi aujourd’hui et nous verrons demain.
Retour aux sources
J-25 : jeudi 16 avril 2020
Ça va toi ?
Un rayon de soleil dessine un rectangle improbable sur le mur. Le calme et le silence enveloppe la maison baignée de lumière.
Dehors, la température déjà douce inaugurait une journée presque estivale.
Attablée à un tourillon glané à l’automne passé, les fesses refroidies par le métal d’une chaise marocaine à la forme alambiquée, me voici posée devant mon bol de Ricorée.
La matinée est déjà avancée mais peu importe, aucun horaire à respecter, pas de rendez-vous programmé, la vie à un rythme décalé peut s’installer.
Une légère brise fait frémir les feuilles rouges grenat du prunus, le lilas, d’un violet vif, susurre des mots doux à l’herbe de la pampa et les bambous se courbent vers moi en frissonnant.
Le lierre, d’un vert brillant a recouvert la terre, s’enroulant subrepticement pendant l’hiver au tronc du prunier, grimpant sur le mur de la maison jusqu’à la tapisser complètement par endroit. Bientôt elle sera entièrement recouverte, écrin de feuillage transpercé de fenêtres.
Quelques chants d’oiseaux égayent l’atmosphère pendant que d’autres viennent timidement grappiller les baies sauvages. Surtout ne pas bouger pour ne pas les effrayer et se délecter à les regarder.
Le chat du voisin s’est, comme à son habitude, posté devant la grille, pour venir voir le chien ! Il est drôle, ce chat, je ne sais pas s’il vient pour le narguer ou bien pour jouer mais il s’installe comme s’il était au cinéma !
Puis, las d’observer cette petite boule de poil plus petite que lui qui n’arrête pas de courir en tous sens en aboyant, il se met sur le dos, s’étire longuement, baille et après un dernier regard, disparait comme il est arrivé.
La vie s’étale, là, l’herbe chatouille mes pieds, une nouvelle journée vient de commencer et je mesure la chance que j’ai d’être ainsi confinée.
Prends soin de toi
J-24 : vendredi 17 avril 2020
Le café des délices...
Ça va toi ?
Si tu ne veux pas passer toute ta matinée
A faire la queue devant le supermarché
tout ça parce que t’as oublié le café
je te conseille de bien penser à ce que tu dois acheter.
N’hésite pas non plus à tout noter
à moins que poireauter
à la queue leu leu derrière tes voisins de quartier
occupe ta journée et te fais kiffer !
En tout cas si tu fais comme moi,
t’y reprendre à 3 fois ,
attendre et saoulée, finir par renoncer
en quelque sorte, procrastiner,
tu ne verras pas la semaine passer
sans compter que le café…
pour l’instant, tu peux toujours rêver !
Prends soin de toi… et bois du thé !
La dernière séance
J- 23 : samedi 18 avril 2020
Ça va toi ?
Hier j’ai revu « Inferno » !
Pas le film du siècle, je te l’accorde ça casse pas trois pattes à un canard et pas non plus la peine d’avoir fait HEC mais divertissant et…toute ressemblance avec… est purement fortuite
Film de 2016, suite du Da Vinci Code réalisé par le controversé Ron Howard, d’après la tétralogie du non moins controversé Dan Brown où l’on y retrouve l’émérite Professeur Langdon (Tom Hanks), qui se réveille amnésique dans un hôpital florentin. Son médecin, le Dr Sienna Brooks (Felicity Jones) va s’embarquer avec lui dans une course contre la montre pour déjouer les plans machiavéliques d’un fou furieux, généticien milliardaire psychopathe, qui s’est donné comme mission de déclencher une épidémie mortelle véhiculé par le virus « Inferno » afin d’éradiquer la moitié de la population mondiale, sous prétexte que celle-ci est trop nombreuse pour la terre nourricière.
Comme tu le sais (ou pas) j’adore les thrillers et franchement en ce moment, après un mois de confinement, les inédits se font rares et je ne dédaigne pas revoir des films déjà vus, d’autant qu’avec ma mémoire de poisson rouge et le nombre incalculable de ce que j’ingère, j’avoue que peu d’entre eux laissent une trace pérenne.
Ceci expliquant cela, n’ayant pas vraiment de souvenir ni du film ni du livre, je présumais que je me laisserai porter avec plaisir par cette histoire mêlant religion catholique, décryptage « philosophique » (Dante), histoire de l’art (Botticelli) le tout sous le ciel paradisiaque de l’Italie et de Florence en particulier. Tous les ingrédients pour 2 heures de plaisir frissonnant. Et ce fut le cas d’une part car je suis bon public et que je me laisse porter sans grande difficulté et d’autre part car, comme je te le disais, la liste de choix s’amenuise au fil du temps.
Mais, au risque de passer pour une spectatrice dénuée de toute capacité d’analyse, du moindre sens critique ou même d’un minimum syndical de culture G et te prouver que, même quand on gave l’oie, cela ne lui enlève pas toute conscience, j’ai bien sûr relevé un certain nombre d’incohérences sans compter les questions émanant des agissements des personnages.
Exemple : ce joli médecin dont le rôle initial est d’aider le professeur Langdon a retrouver la mémoire (psychologue? Psychiatre ? neurologue ? …l’histoire ne nous le dit pas !) : pourquoi donc s’embarque-t-elle avec lui dans cette aventure ? Pourquoi l’aide-t-elle à se planquer des méchants et qu’est-ce qui la pousse à s’investir de la sorte d’autant qu’il n’y a pas de romance visible qui s’en dégage.… L’histoire ne nous le dira pas mais nous présumerons qu’un médecin digne de ce nom, ayant signé le serment d’Hippocrate se doit de venir en aide à l’Humanité, même au péril de sa vie.
Ça te parle ?
Tu auras aussi sans doute compris que sous couvert de trame politico-religieuse il n’y a rien d’autre qu’un classique thriller assaisonné des classiques ingrédients : course poursuite, intelligence et charme masculin associé à jolie fille lettrée, secrets, énigmes, mystères et rébus.
Rien de bien nouveau sous le soleil, en somme !
Alors pourquoi tout ce blabla me diras-tu ?
Où donc veux-t-elle en venir ?
Au fait que de l’avoir regardé aujourd’hui, la résonance n’est pas la même qu’hier !
Et pour cause :
Un très très très méchant virus.
Une course contre la montre pour protéger l’Humanité.
Un médecin prêt à se sacrifier pour la santé de tous
L’OMS (présent aussi dans le film sous les traits d’une ancienne conquête du Professeur Langdon), qui tente par tous les moyens d’en déjouer la propagation….
Juste 2 petites choses diffèrent et non des moindres :
La population n’est pas au courant de la menace et c’est le virus qui est confiné et non les personnes !
Comme quoi, c’est bien connu, la réalité dépasse souvent la fiction !
Prends soin de toi en attendant de pouvoir sans crainte retourner nous faire peur pour de faux au cinéma.
Vie commune
J-22 : dimanche 19 avril 2020
Ça va toi ?
C’est dimanche.
Le matin est calme, l’atmosphère douce et silencieuse.
La copropriété s’éveille peu à peu.
Bruit des volets qui s’ouvrent en décalé, murmures de voix ensommeillées, cliquetis des bols du petit déjeuner.
Autour de moi, je ne les vois pas mais je sais qu’ils sont là.
Présences et sentiment d’appartenance.
Pour certains, des copains, pour d’autres juste des voisins, croisés dans l’escalier et dont je ne sais rien.
La journée s’étire mollement, lascivement, c’est dimanche et ça se sent.
Des fenêtres ouvertes s’échappent de la musique, quelques notes de piano, un violon lui répond, une autre vocalise…c’est beau.
Puis les enfants arrivent. Certains descendent des étages pour rejoindre ceux du rez-de-chaussée. Ensemble ils vont rejoindre ceux qui sont dans l’allée.
Une petite bande très gaie qui passe toute la journée à courir, rire et jouer. Ils dessinent des marelles à la craie, ont commencé un élevage d’escargots dans l’allée et passent de foyer en foyer avec joie, spontanéité et envie d’échanger.
J’adore les entendre pépier, c’est le meilleur remède contre la morosité.
C’est dimanche à la copro, il fait beau et pour un temps, on en oublierait presque le confinement.
Ce soir à 20h, les applaudissements pour le personnel soignant remettront les pendules à l’heure. Ténu mais perceptible, la copro vibrera à l’unisson, accoudée aux balcons.
Dimanche s’enfuit à présent.
Reste l’essentiel, les gens.
Prends soin de toi
Saut spatio temporel
J-21 : Lundi 20 avril 2020
Ça va toi ?
13 avril 2020
D’abord une légère euphorie, un souffle ténu de joie, un soupir de soulagement s’est immédiatement fait sentir…
19 avril 2020
Vite rattrapé par un soupçon d’inquiétude, des tonnes d’interrogations et d’innombrables calculs des risques potentiels... Voici venu le temps de la question paradoxale mais inéluctable du bénéfice/risque et son corollaire…
11 mai 2020
Qu’est-ce que je fais ???
J’y vais ou j’y vais pas ?
Je sors ou je reste ?
Ça va être chaud ce déconfrinement !!!
Dis, quand nous lâcheras-tu? Dis, au moins le sais-tu? Que tout le temps qui passe ne se rattrape guère Que tout le temps perdu Ne se rattrape plus
Parait qu’on ne passera pas d’un coup du noir au blanc et que le temps d’après ne sera exactement le temps d’avant…
Sans blague, what a surprise !!!
Automne 2020
le printemps s’est enfui, il s’est évaporé derrière nos fenêtres.
L’été est arrivé mais pour en profiter, ça a été compliqué. Surtout ne pas ôter nos masques tout délavés, usés jusqu’à la corde à force d’être portés sans compter nos innombrables paires de gants ménagers.
En la circonstance, à plus d’un mètre de distance, pas facile, un verre à la main, de trinquer à demain en partageant le pain. Apéros, maillots et sombreros ont été remisés en attendant la prochaine année.
Alors voyant déjà l’hiver pointer son nez, toujours derrière nos fenêtres cloîtrés, avec les copains, les voisins du quartier, à tue-tête on a chanté.
Barbara nous pardonnera, nous sommes las d’encore attendre demain pour à nouveau nous tenir la main et retrouver nos amours si près mais encore si lointains.
Dis, quand nous lâcheras-tu? Dis, au moins le sais-tu? Que tout le temps qui passe ne se rattrape guère Que tout le temps perdu Ne se rattrape plus
Prends soin de toi et pour le temps perdu on verra!
Remerciements
J-20 : mardi 21 avril 2020
Ça va toi ?
Tu me croiras si tu veux mais franchement l’écriture c’est pas toujours une sinécure !
Il s’avère que de nombreux auteurs écrivent sur l’écriture, et je parle là de vrais écrivains, des gens de métier, publiés et reconnus. Mais la question reste :
Qu’est-ce qui pousse à écrire ?
Comment s’y prend-t-on ?
Est-ce que ça jaillit comme une source vive, est-ce que les mots se travaillent, se sculptent comme l’argile et une fois couchés sur le papier, comment les peaufine-t-on ?
Est-ce qu’il faut les polir ou les laisser bruts comme un diamant encore pris dans la roche ?
Trouver le mot le plus juste, au plus près de la pensée qui émerge et qu’on veut exprimer.
De quoi est constitué le fond ? ou plus simplement qu’est-ce que j’ai à dire ? Parfois rien, je l’avoue, mais ma petite expérience me prouve qu’on finit toujours par trouver !)
Et qu’en est-il de la forme, du ton ? Souvent lié à l’humeur du moment en ce qui me concerne tout en m’essayant à varier les plaisirs.
Que véhicule-t-il, quel est son apport, sa valeur ajoutée ou au contraire soustraite?
En tant que lecteur, il m’est arrivé d’être happée par le fond mais hélas, la forme ne me séduisant pas, celle-ci a eu le dernier mot et j’ai refermé le livre, frustrée mais indubitablement, pas réceptive.
Cela dit, il est vrai aussi qu’il y a des moments ou des disponibilités d’esprit plus propices que d’autres.
Laissons tomber linguistique, dialectique et autres tiques … Tout ce blabla pour te dire ce que je t’ai déjà susurré mais là, haut et fort, je veux te le crier !
Ce confinement aura été un bon prétexte: écrire chaque jour ou plus précisément, T’écrire ! Et même si chaque jour ou presque je me dis : « bon, là, ça y est, j’sais plus quoi dire, j’arrête », la nuit vient et porte ses fruits, ou alors la journée ou bien l’actualité…
C’est un peu comme avec la sculpture…il y a des hauts, des bas, des traversées du désert, des jaillissements jouissifs, d’inévitables déceptions. Mais au final le plaisir l’emporte comme un raz de marée et tout le reste est balayé.
Ça mouline, ça inquiète, ça prend la tête, ça se rêve ou se cauchemarde, ça prend de la place, beaucoup, et aussi du temps, beaucoup …mais c’est carrément addictif !
Et tout ça, grâce à toi !
Car écrire son journal, ça fait sans conteste du bien et ça peut même être très thérapeutique mais l’entre soi n’a rien de comparable avec le partage, le lien, l’autre, toi ! Adresser ses mots à quelques lecteurs (sans flagornerie, encore plus quand ce sont des gens qu’on aime et qui comptent), ça change TOUT !
C’est un peu comme un rendez-vous amoureux.
Ta présence est invisible mais quand je t’écris je te vois.
Modestement, humblement, j’ai envie de te surprendre, de
t’amuser, de te dire mes colères, mes joies…de te kidnapper quelques minutes pour t’avoir à mes côtés.
Je ne cherche ni à briller, ni à être gratifiée. Etre aimée, sans nul doute, mais de cela avec toi, je suis déjà assurée !
Merci ami lecteur de donner à mes doigts sur le clavier la permission de se laisser aller et de donner à mes mots le pouvoir de vers toi s’envoler.
Prends soin de toi et merci mille fois.
L’heure a sonné !!!
J-19 : mercredi 22 avril 2020
Ça va toi ?
Bon allez, après les caresses, l’heure de la punition a sonnée !
Perverse, me diras-tu, d’abord elle appâte avec des mots d’amour pour ensuite mieux se venger en retour !
Tu avais oublié ?
Ou peut-être croyais-tu que moi, j’avais zappé?
Même pas en rêve !
Et je t’avais aussi prévenu que la vengeance était un plat qui se mangeait froid…
Je crois qu’il a assez refroidi d’autant qu’il a bouillu assez longtemps!
Le couvercle a sauté, l’eau a débordé, il est temps pour toi de déguster…
Tu n’en sortiras pas indemne, je te le promets !
Je te conseille t d’abord vivement, d’éloigner les enfants…
Attention, ça va être chaud, chaud bouillant…je t’aurais prévenu !
5…4…3…2…1
J’espère que tu t’en remettras… si c’est le cas, prends soin de toi !
Tout est sous contrôle…ou presque !
J-18 : Jeudi 23 avril 2020
Ça va toi ?
Je t’avais prévenu que ce serait rude !
Mais tu m’accorderas des circonstances atténuantes, hein ???
Marie arrive à se tenir, elle gère à peu près, gardant la tête hors de l’eau, avec quelques coulées peu profondes et pas mal de longueurs enchainées sans incidents !
Comme je le disais jusque-là tout allait bien mais il a fallu que Lulu s’en mêle !
C’est là que ça s’est corsé, que tout a basculé et que ça a débordé !
Fallait s’y attendre, un mois de confinement, c’est pas sa faute, elle a pété les plombs !
Alors là, tu vois, pour aujourd’hui on va se la jouer petit, on va faire court et on va aller se cacher sous le lit en espérant tomber dans l’oubli et promis juré, demain, Marie reprend l’écrit.
Aparté : je t’entends d’ici et oui, je suis d’accord, tout ça frôle la schizophrénie mais rassure-toi, quoiqu’on en dise, ça se guérit !
En attendant prends soin de toi et le post d’hier… je t’en supplie, oublie !!!
Cendrillon et Le Roi
J-17 : Vendredi 24 avril 2020
Ça va toi ?
Je te le jure, ça fait tout drôle !
Si tu as bien suivi, tu te souviendras qu’il y a une dizaine de jours j’avais entamé de « mosaïquer » mon escalier mais bloquée par manque de joint suffisant j’avais dû me plier à attendre « jusqu’à nouvel ordre ».
Mais ô surprise, qu’ouïe-je, qu’entends-je ?
le « Roi Merlin » a ré-ouvert les portes de son royaume !
Ni une ni deux, la petite Cendrillon, après un temps de réflexion un peu laborieux, décide de remiser ses haillons et d’enfiler un pantalon digne de ce nom.
7kms de route à braver l’interdit, mais Le Roi est ouvert alors tant pis, c’est décidé, le risque est pris.
1ère constatation : hummm c’est bon !!! Un petit goût de vraie vie.
2nde constatation : Je ne pensais pas que la circulation serait aussi dense que ça ! Du monde sur l’autoroute, y’en a !
Arrivée chez Leroy, le magasin a une drôle de configuration : des espèces de « voies » bricolées avec un peu de tout et n’importe quoi, des rayons bouleversés, impossible de te repérer, des bacs de terreau au milieu des allées et une queue aux caisses à te demander si tu ne vas pas renoncer avant même de commencer.
Cela dit, tout est conçu pour que les risques soient minimisés et les gestes barrières respectés avec un flux très encadré et maitrisé.
Après tout, s’ils sont ouvert c’est que ça a été autorisé.
Les gens sont patients et sympas, le sourire aux lèvres, du moins ce qu’on en voit derrière les masques en tissus colorés, en serviettes en papier, bricolés et parfois tout de guingois ! Un peuple de gangsters en goguette !
Envie de communiquer, besoin de se parler, de décompresser, personne ne semble pressé et Cendrillon, sans l’avoir demandé, accepte l’aide proposée par un petit prince bien élevé.
Un seul obstacle cependant, disposés sur le chariot, les caillebotis d’1m2 empilés se révélant trop larges pour passer à la caisse et au parcours de sortie délimité !
Aïe, ce fut un peu compliqué mais finalement, bon, on a fini par y arriver.
Ravie d’avoir acheté tout ce qui me fallait, et en un temps record s’il vous plait, je me suis dis, que pendant que j’y étais, refaire le plein du carrosse pour que tout soit parfait !
C’est là aussi que j’ai compris que ce n’était pas vraiment la vraie vie.
1,23€ le litre de 95, je ne me souviens pas d’un prix à la pompe aussi bas !
Ceci dit, rassure-toi, la petite souris, qui comme tu le sais est mon amie, m’a murmuré que cela ne durerait pas !
En attendant, cet après-midi buissonnière m’a donné un vrai sentiment de liberté retrouvée sans compter ce délicieux petit frisson de la transgression !
Mais il m’a aussi donné l’idée de ce qui nous attend dans la vie d’après… et je me dis que ça va quand même être compliqué à gérer. On fera avec, pas moyen d’y couper même si ce sera sans doute moins simple que ce qu’on espérait.
Sur ce, dès demain à quatre pattes sur son perron Cendrillon va pouvoir réenfiler ses haillons, truelle et joints à la main, pour terminer la tâche avant que le confinement ne prenne fin.
Elle est pas belle la vie, hein ?
Prends soin de toi et vive Le Roi !
Parlez-moi d’amour, redites-moi des choses tendres…
J-16 : samedi 25 avril 2020
Ça va toi ?
Comme tu le fais probablement, en temps de confinement, on en profite pour faire des choses qu’on n’a pas faites depuis longtemps, qu’on avait repoussé aux calendes grecques sous des prétextes fallacieux ou tout simplement zappé par un manque de temps précieux.
Mais tout a changé, et du temps maintenant, on en a !
C’est pourquoi je me suis attelée à cette tâche-là:
Depuis qu’ils ont quitté le nid, l’étage de la maison, ancien royaume de mes enfants, est depuis longtemps désinvesti : leurs chambres désertées accueillant désormais séchoir à linge avec table et fer à repasser !
Reliant les 2, un petit palier accueille la bibliothèque colorée, elle aussi abandonnée depuis que la liseuse l’a remplacée.
Depuis des années un mur de photos encadrées surplombe un joli bureau en bois foncé qui complète le mobilier du palier.
Des photos de mes parents, de moi petite, de mes enfants, des amis, de quelques tranches de vie…
Il fait chaud à l’étage l’été, très chaud ! Et ça ne plait pas trop aux cadres photos. Au fil des années certains sont tombés, d’autres se sont disloqués…pas du plus bel effet !
Hier, cherchant à occuper la journée, l’urgence d’y remédier a pointé son nez.
D’abord, enlever un à un tous les cadres. Gratter à la spatule les résidus jaunâtres et collants laissés par la patafix. S’ensuit un lavage énergique mais pas vraiment magique…15 ans de vie ne l’a pas épargné !
Puis sortir chaque photo de son cadre démantibulé et les déposer là, en vrac, sur le bureau en attendant de les repositionner dans une autre configuration, histoire de changer !
Ça y est, le mur est propre et même si les marques laissées par les cadres ont résistées à mon lavage acharné, pas grave, les photos ré-épinglées, cacheront la misère avérée.
Alors alors, comment donc vais-je les disposer ? Par affinités ? Celles du passé groupées ? Les plus récentes, ensemble ? Ou encore la famille, les amis, séparés ?
Après moult réflexion, j’ai décidé de tout mêler et de faire un pêle-mêle comme ça vient…c’est bien !
Bien sûr, tu connais ça, les photos te replongent instantanément dans le contexte : les souvenirs prennent corps, ce moment de vie précis, couché sur papier brillant t’invite immédiatement à revivre l’instant et sans que tu n’es aucune prise, une vague d’émotion t’emporte subitement.
Le pouvoir de l’image, tout comme l’air d’une chanson, peut être si puissant !
De ce méli-mélo de photos jonchant le bureau, certaines d’entre elles sont nettement au-dessus du lot.
Les unes appartiennent à ma vie de jeune femme et mère : mon fils bébé, une larme au bord de la paupière, photographié en noir et blanc par son père, ma fille âgée d’environ 4 ans posant dans mon atelier en marinière, petit collier de perles et son petit sac assorti, mon mari en cuisine, torchon en guise de tablier souriant à pleines dents sous ses bacchantes à la gauloise…
Les autres appartiennent à mon enfance et à mes parents : mon grand-père, bras levés dansant à la Zorba, moi vers 3-4 ans assise sur une barque tirée sur une plage que je présume italienne et bien sûr quelques une de mes parents prises avant ma naissance :
Sur l’une d’elle on y voit mon père jeune homme assis sur un muret dans un pose très actor studio et portant des chaussures bicolores… humm séduction garantie !
Sur une autre, très hollywoodienne aussi, ma mère jeune femme, épaule dénudée et regard de biche…humm très jolie !
En la retournant pour y fixer ma patafix je découvre quelques lignes de sa main adressées à son amoureux, son mari, mon père.
J’ai toujours aimé cette photo et peut-être l’avais-je déjà lu (sûrement même) mais je n’en ai pas souvenir.
Et voici ce qu’elle lui écrivait et qui m’a bouleversé :
« Dédiée au seul homme de ma vie à qui je dois l’extase de tous les élans d’amour, de sincérité, de profondeur, avec le ferme espoir de réciprocité dans toute la durée jusqu’à ce que mort s’ensuive d’une union durable, saine et fidèle. Ta femme chérie »
L’eau a abondamment coulé sous les ponts depuis lors et leur histoire d’amour a été très belle mais a fini par couler ! Ce sont des choses qui arrivent, c’est comme ça, c’est la vie aussi.
Peut-être te diras-tu que c’est un peu inconvenant, impudique de te livrer ses mots aujourd’hui et je t’avoue que bien sûr, j’y ai réfléchi. Tous deux sont partis depuis de très nombreuses années et je me suis dit que le moment était bien choisi, en ces temps confinés, pour parler d’amour et rendre hommage à ceux qu’on aime et qui nous ont aimés.
Je dédie donc ce billet à ceux qui m’ont donné le jour, moi, fruit de leur amour et dont l’absence ne dément pas combien je les aime en retour.
Et je ne pourrais pas m’arrêter là sans en profiter pour déclarer aussi tout l’amour que je porte, inconditionnellement à mes enfants.
Prends soin de toi... de tes parents ...de tes enfants.
J’ai envie…
J-15 : Dimanche 26 avril 2020
Ça va toi ?
Pour un dimanche, c’est parfait !
Sur une idée originale née lors d’une escapade de ma contrebandière amie Marie-Pierre Deloeil, je me suis prise au jeu de sa proposition-consigne : une liste d’envie alphabétique !
Exercice drôle, un peu casse-tête juste ce qu’il faut et très positif pour contrer ces temps confinés. Pour un dimanche, c’est parfait !
Tu t’y colles aussi ? A toi de jouer !
J’ai envie, j’ai tant d’envies !
A : d’A…pesanteur
B : de Bercements
C : de Câlins
D : de Désirs
E : d’En-vie
F : de Frivolités
G : de Grâce
H : d’Happiness
I : d’Ivresse
J : de Jubilations
K : de voler sur les lignes de KLM
L : de Lumière
M : de Merveilles
N : de Nirvana
O : De Oui, Oui, Oui
P : de Passions passionnées
Q : de Quasimodo mais en plus beau
R : de Rire aux éclats
S : de Siroter tout ce qui se sirote
T : d’un nouveau Tatouage
U : d’Uriner tout ce que j’ai précédemment siroté
V : de Vivre, vivre, vivre…longtemps !
W : des Wermuth, ma tribu !
X : de racheter du Xerès, marre du vinaigre de cidre !
Y : de Yallah, on y va !
Z : de Zorro, mon amoureux masqué d’enfance…raccord is’nt it ?!
Prends soin de toi et n’oublie pas d’avoir envie !
Menteuse comme un arracheur de dents
J-14 : lundi 27 avril 2020
Ça va toi ?
Y’a des jours avec et y’a des jours sans, c’est comme ça en temps normal et aussi en temps de confinement!
Bon, c’est pas non plus dramatique, je te rassure !Je ne suis pas malade, ceux que j’aime non plus (pourvu que ça dure !), ni au bord de la dépression, pas non plus d’envie de suicide ou de pendaison (cela dit sans vouloir manquer de respect à ceux qui souffrent)…en revanche je pourrais rapidement me laisser envahir par une grosse vilaine colère !
Et pourquoi donc un tel état ? C’est grave docteur ?
Ben voui et j’aime pas quand mes plans sur la comète sont déjoués !
Stop !
Je vois bien que le suspens est trop intense pour toi et que tu es au bord de la crise de nerfs…ben comme ça on est 2 !
Allez, j’ai pitié et je vais tout t’expliquer :
Début mars, en prévision d’un magnifique printemps qui s’annonçait suivi d’un été que j’imaginais radieux et ensoleillé- à cette époque on pouvait encore se permettre de rêver !- je commande un store banne à installer sur le châssis de ma véranda, espérant ainsi à la fois réduire un peu la chaleur étouffante de la maison et profiter d’un coin ombragé dans le jardin. Le paradis lilasien, en somme !
3 jours plus tard, je réceptionne le store banne dans un entrepôt du fin fond de Noisy-le Sec.
Ça pèse un âne mort !
Tant bien que mal, je charge la bête dans la voiture, le décharge toute seule comme une grande en y laissant quelques litres de sueur et le stocke à la maison.
Il pleut, début mars, beaucoup ! Ce n’est donc pas le temps idéal pour envisager l’installation. Décision prise avec K qui doit m’aider à l’installation que nous la reportons d’une quinzaine de jours.
Sauf qu’entre–temps, badaboum, vlà le corona qu’est là !
Le colis reste donc tel quel. Inutile de l’ouvrir, me dis-je, puisque ce n’est pas d’actualité. Même pas l’idée de vérifier que tout y est…indécrottable positivisme ou naïveté confiante ou mieux, connerie pure et dure ! Ceci dit, cela n’aurait pas changé grand-chose au final !
Mais voilà t’y pas, qu’on s’achemine vers la sortie…alors samedi, après avoir appelé K et décidé qu’on s’occuperait du bébé très bientôt, me vient l’idée d’ouvrir le carton pour anticiper la manœuvre.
Les 2 parties de structure du store, check.
Les 2 parties du rouleau pour la toile, check.
La toile, check.
Ok, et après… comment les relie-t-on ?
Hop hop hop, notice en main, je vérifie qu’il ne manque rien…et bingo, pas de « connecteurs » pour assembler la structure et le rouleau !!!
Autrement dit, impossible de monter le bidule !
Tu suis jusque-là ? T’arrive à visualiser le souci ?
Bon, alors, action réaction, appel immédiat au site de vente du schmilblick.
Petit problème : article reçu le 5 mars donc déjà trop tard pour une réclamation ou un remboursement.
Mais le corona est là et voilà une excuse toute trouvée auquel aucun service après-vente ne pourra s’opposer.
Je ne vais pas me gêner pour utiliser le confinement !
Car, oui, je fais une réclamation, oui, il manque 3 pièces essentielles mais pourquoi 1 mois ½ après l’achat ?
Alors là, direct en live au téléphone…j’invente !!!
Une pincée de vérité saupoudrée sur un mensonge éhonté, le tout bien ficelé et sans aucune difficulté ! Et sans aucun sentiment de culpabilité, pas une once ! Les mots sortent de ma bouche sans aucune difficulté et une partie de moi se délecte de tant facilité à improviser. A chaque question posée, une réponse jaillit, toute trouvée ! Pas de cafouillage, pas de silence emberlificoté, ça roule je me découvre une qualité de menteuse effrontée !
Bref, résultat des courses : Pas de bras, pas de chocolat, pas de store banne pour la véranda.
Le SAV veut me rembourser mais moi ce que je veux c’est surtout pas me retaper le colis à rapporter mais pas question d’abandonner, je vais continuer à négocier et sinon, je prends le pognon et je vais de ce pas recommander ailleurs mon store banne de véranda !
Na !
Je sais d’avance que ce post te passionnera car tu auras compris la haute importance de cette tranche de vie !!!
Prends soin de toi…avec ou sans véranda !
Le repos du guerrier
J-13 : mardi 28 avril 2020
Ça va toi ?
Aujourd’hui je breake, je pause, je pouce, je dis stop !
Pour que je puisse souffler, me reprendre, me recadrer, me fustiger, redescendre de mon palmier, éviter de décompenser, arrêter de déconner, de tout raconter sans plus aucun filet de sécurité, de péter un câble déjà bien rongé, de masquer le fait que je ne sais plus trop quoi raconter, de lâcher prise et laisser aller ce sacré journal de confinée !
Et d’ailleurs, que raconter quand, quasi toute la journée tu ne fais que déambuler entre la cuisine et le salon, passer de la chaise au canapé, t’asseoir, te relever jusqu’à ce que la nuit arrive pour aller te coucher, crevée par toute cette énergie contenue et si mal utilisée, vidée d’avoir si peu pu bouger.
Même s’il est vrai que je suis la première concernée, ne t’avise pas de penser que je ne le fais pas que pour moi.
Je sais que toi aussi tu as besoin d’un peu de répit et je t’interdis de mettre en doute toute la compassion que j’ai pour toi car je t’entends d’ici soupirer parfois, gavé.e que tu es par tout ce blabla, charabia sans queue, tête ni même bras !
Profites-en, repose toi car le 11 mai est encore loin et ce qui est certain c’est que je reviendrai demain !
Prends soin de toi et ne t’inquiète pas, tout ça prendra bientôt fin !
Déconfits !
J-12 : mercredi 29 avril 2020
Ça va toi ?
7 semaines de confinement, qui aurait cru qu’on tiendrait aussi longtemps. Et pourtant on l’a fait !
Mais comme tu le sais, une nouvelle bataille approche et elle sera de taille. J-12… tu te rends compte, ça approche mais en toute honnêteté, je crains que ce soit moche !
Personnellement, au début du confinement, j’imaginais naïvement qu’à la sortie, la vie reprendrait son cours normalement, telle que nous la connaissions.
Que nenni, ça y est, plus de déni, j’ai enfin compris que ce monde-là, on pouvait l’oublier et qu’on n’était pas près de le retrouver.
Le monde d’après…On fera avec mais pas sûre qu’on soit prêts.
Je pensais liberté retrouvée, maintenant je sais que ce sera plutôt liste de contraintes imposées.
Sans compter qu’on ne sait pas vraiment combien de temps tout cela va durer. L’incertitude est toujours beaucoup plus difficile à appréhender : marge de manœuvre très limitée et impossible de bien s’armer.
S’acclimater, s’adapter, c’est sûr on y arrivera d’autant qu’on n’a pas le choix.
Peut-être même qu’avec le temps finira-t-on par oublier comment c’était dans le monde d’avant.
Vivre chaque jour avec ce virus qui nous menace imprimera au fer rouge sur nous sa trace.
Et en pratique ça va donner :
Rayon convivialité : des retrouvailles bien cadrées !
se retrouver mais toujours pas s’embrasser, s’enlacer, pas encore de hug autorisés
s’approcher, pas trop, le 1 mètre restant d’actualité sans oublier d’être masqué…c’est quand même compliqué !
Manger ensemble, OK, à condition d’être un nombre limité, un seul en cuisine et attention, mains bien lavées, interdit de tousser ou d’éternuer, oublie cacahouètes, chips et tout ce qui est à piocher… dangereux, risque d’être contaminé.
Rayon courses : ça va prendre toute la journée !
On en a déjà une vague idée : queue toujours aussi longue au supermarché en tenant compte des distances de sécurité mais tout ça multiplié par autant de commerçants chez qui aller. Bref, nos emplettes vont bien nous occuper, va falloir s’armer de patience…le shopping va être compliqué !
Ecole, collège, lycée, nos enfants en danger.
Restos, cinés, spectacles, expos : pour le moment, figés.
Aller bosser, compliqué. Télétravail vivement conseillé.
Transports en commun hautement risqué, pas recommandé.
Et les vacances d’été ? Franchement, j’ose à peine y penser, je me demande comment on va gérer entre désirs, plaisirs partagés et mesures sanitaires autorisées.
Bref, ça calme et c’est pas gagné ! Mais on ne peut pas y couper, va bien falloir s’accrocher pour résister ensemble à cette foutue actualité.
Prends soin de toi, on y croit !
Fil rouge
J-11 : jeudi 30 avril 2020
Ça va toi ?
Comme tu le sais, dans toute histoire, il y a toujours (ou presque) un fil rouge.
J’aime bien les fils rouges.
Ça permet à l’auteur de créer du lien (c’est pas pour rien que c’est un fil !) et au lecteur de se sentir inclus dans la boucle, complice et otage consentant.
Tu vois où je veux en venir ???
Oui, c’est ça…la mosaïque de l’escalier !
Nous en étions restés à l’escapade de Cendrillon chez Le Roi mais ensuite, plus rien, silence radio total !
Vois-tu, il est important de ménager un insoutenable suspens pour tenir le lecteur en haleine.
Allez, sachant que tu n’y tiens plus, je vais mettre fin à ce supplice pervers que je te fais subir.
L’ogre s’est invité dans l’histoire, bien plus affamé que ce que j’avais imaginé: 20kgs de joint il a avalé mais le bougre n’en a pas eu assez pour terminer l’escalier !
Oh non !!!
Alors, pas le choix, Cendrillon, après avoir réenfilé son pantalon digne de ce nom (cf Cendrillon et Le Roi), a repris son carrosse pour retourner voir Le Roi. La bête, sans compassion pour Cendrillon exige d’être nourrie pour apaiser enfin son inextinguible faim.
La première escapade, franchement, c’était rien… comparée à celle-là qui lui a semblé ne jamais prendre fin.
Elle a même craint, tant il y avait de queue au magasin, que ça pouvait peut-être durer jusqu’au petit matin !
Enfin, tout est bien qui finit bien, Cendrillon est rentrée à la maison avec le sac de joint.
Reste plus qu’à se remettre à quatre pattes et gaver l’ogre de sa pâte.
En espérant qu’avant la libération, Cendrillon aura enfin terminé ce satané escalier coloré !
Prends soin de toi… surtout si tu dois retourner chez Le Roi !
1er Mai, c’est muguet !
J-10 : Vendredi 1er mai 2020
Ça va toi ?
Une fois n’est pas coutume, publication du jour anticipée car souhaiter un bon 1er mai à pas d’heure dans la soirée serait inapproprié sans compter que je ne voudrai pas que ce brin de muguet ne commence déjà à se recroqueviller.
La beauté est éphémère mais la pensée ne l’est guère.
Maintenant, écoute le bruissement délicat et léger, hume cette douce fragrance parfumée de ces quelques clochettes de tendresse et de joie que je t’envoie pour te souhaiter du bonheur malgré le corona.
Car même si aujourd’hui pas de défilés, pas de revendications, c’est quand même chômé et ça, ça ne change pas :
le 1er mai ne se négocie pas, et c’est pas ce p’tit virus de malheur qui va nous empêcher de célébrer de ça !
Prends soin de toi
Vocabulaire
J-9 : samedi 2 mai 2020
Ça va toi ?
Après le tintinnabulement des clochettes et la douceur du 1er mai, retour à la triste réalité !
Dans ce monde qui se rétrécit, le vocabulaire commun s’appauvrit pendant que s’enrichit celui découlant de cette nouvelle vie.
Nos conversations, si tant est qu’on en ait, finissent toujours par revenir à ces mots-là pour informer, expliquer, analyser, disséquer, exorciser… ces maux-là.
Masques, gel hydro alcoolique, désinfection, tests, vaccins, lavage des mains, chloroquine, température, caméra thermique, immunité….
Solidarité, entraide, voisins, applaudissements, apéros-skype, créativité, solitude, promiscuité, dépression, personnes âgées, personnes à risque, Ehpad….
Economie, déficit budgétaire, politique, amende, régions, pays, union européenne, monde….
J’en oublie, c’est certain mais ceux-là forment une liste suffisamment longue à mon goût pour donner une image claire (et sombre) de ce que nous traversons…
Et oui, ça fout le bourdon !
Allez, prends soin de toi et le monde s’éclaircira.
Histoire à tiroir
J-8 :Dimanche 03 mai 2020
Ça va toi ?
Hier, quand vers midi, C me l’a envoyé, j’ai tout de suite adoré !
Quelle incroyable pertinence, quelle résonance si appropriée !
Alors ni une ni deux, j’ai partagé à des amis qui sans aucun doute, allaient aimer.
Je l’ai donc envoyé à G, qui comme prévu, a aussi été emballée…qui à son tour l’a fait circuler.
Réception : Samedi 12h
Lettre de Mme de Sévigné
Jeudi, le 30ème d'avril de 1687
"Surtout, ma chère enfant, ne venez point à Paris ! Plus personne ne sort de peur de voir ce fléau s’abattre sur nous, il se propage comme un feu de bois sec. Le roi et Mazarin nous confinent tous dans nos appartements. Monsieur Vatel, qui reçoit ses charges de marée, pourvoie à nos repas qu'il nous fait livrer, Cela m’attriste, je me réjouissais d’aller assister aux prochaines représentations d’une comédie de Monsieur Corneille "Le Menteur", dont on dit le plus grand bien. Nous nous ennuyons un peu et je ne peux plus vous narrer les dernières intrigues à la Cour, ni les dernières tenues à la mode. Heureusement, je vois discrètement ma chère amie, Marie-Madeleine de Lafayette, nous nous régalons avec les Fables de Monsieur de La Fontaine, dont celle, très à propos, « Les animaux malades de la peste » ! « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés »". Je vous envoie deux drôles de masques ; c’est la grand'mode, tout le monde en porte à Versailles. C’est un joli air de propreté, qui empêche de se contaminer, Je vous embrasse, ma bonne, ainsi que Pauline.
Jusqu’à ce que vers 18h, un nouveau message de sa part m’est arrivé:retour d'un prof de Français qui a voulu vérifier…balayant en partie, la saveur du récit !
Recéption : samedi 18h
« La lettre de Mme de Sévigné est un faux très certainement à mon avis car Mazarin est mort en 1661. Le menteur de corneille a été représenté en 1644, il n'y a pas eu d'épisode de peste à Paris en 1687 mais au nord-ouest de la France vers 1668. Pas de lettre à Mme de Grignan référencée à la date du 30 avril. Le terme confiner utilisé par de la Fontaine est plutôt utilisé en droit. Aux malades de la peste .. Publié en 1678. Lettre un peu courte pour Mme de sévigné. Le coup des masques est bien joué car on connaissait les masques des médecins en forme de bec à cette époque mais peu en vogue qd même. Ils provoquaient plutôt la terreur . À ces époques de peste récurrente, il y ait eu néanmoins des certificats de santé, des embargos, des quarantaines et des registres. On a rien inventé À mon avis un poisson 1er avril, le premier mai !... Écrit le jeudi, 30ème d'avril...... 2020. »
Cela dit, même si, hélas, je suis un peu frustrée, je trouve que pour autant, l’histoire mérite d’être narrée.
Et j’y vois aussi l’occasion de me rattraper : un peu de « vraie » littérature pour étoffer notre culture n’est pas à dédaigner…histoire de finir en beauté ce journal d’une confinée qui, comme tu l’auras remarqué, n’a pas toujours volé très haut dans le genre lettré !
Prends soin de toi…et relis tes classiques ça t’occupera !!!
Compte à rebours
J- 7 : Lundi 04 mai 2020
Ça va toi ?
Nous y voilà.
Aujourd’hui, nous entamons notre dernière semaine de confinement…enfin, si d’ici là notre cher gouvernement ne change pas d’avis !
Tu auras sans aucun doute entendu que rien n’est encore sûr, qu’il faut vérifier que tout est OK pour relâcher les fauves dans l’arène en évitant qu’ils ne se fassent tous dévorer.
La semaine dernière c’était vendu, du moins c’est comme ça que moi je l’ai entendu mais aujourd’hui, ça ne se fera que preuves à l’appui.
Franchement, depuis le début de cette apocalypse, ils n’auront eu de cesse de souffler le chaud et le froid nous laissant perplexes, perdus et ayant perdu la foi.
Mais bon, c’est comme ça.
C’est long 7 semaines, très long et même si comme toi, j’en ai profité pour faire des trucs, certains nécessaires d’autres pas mais qui auront au moins eu le mérite de combler tout ce temps dont je disposais… que, comme toi, je n’avais pas demandé et dont je me serais aisément passée !!!
Il y a plein d’autres choses que je n’ai pas fait et que je garde au chaud pour la prochaine fournée qui, j’en ai peur, nous pend au nez.
Tout au long de ces journées, je t’ai raconté en long en large et en travers à quoi je me suis occupée mais je ne t’ai pas encore dit tout ce que je n’ai pas fait :
Je n’ai pas chanté à ma fenêtre
Je n’ai pas tourné de sketche humoristique
Je n’ai pas posté de vidéo sur youtube
Je n’ai pas joué de piano , Chopin, Bach et Mozart sont restés au placard (ce qui était pourtant dans ma liste au départ)
Je n’ai pas cuisiné (c’est vraiment pas mon truc)…mais j’ai mangé !
Je n’ai pas pris de cours de guitare avec Thomas Dutronc
Ni de cours d’anglais (ça aussi c’est une bonne piste)
Je n’ai pas lu plus que d’habitude (mais je lis déjà pas mal en temps normal !)
Je n’ai pas beaucoup travaillé à l’atelier………….
Et malgré tout, le temps s’est écoulé, les jours ont passés plus vite que je ne l’imaginais et jusqu’à aujourd’hui, je suis passée à travers des gouttes ne sachant toujours pas si je dois m’en réjouir ou regretter de ne pas penser être immunisée.
La liberté aura peut-être un gout amer mais malgré tout, je crois que je préfère prendre le risque calculé de tenter de la retrouver.
La colère monte, elle est palpable, je le sens, l’inquiétude pointe mais je pense quand même qu’il est temps de nous redonner l’illusion d’être vivant.
Le risque est grand, peut-être, mais quoiqu’il en soit nous ne pouvons pas envisager de vivre confinés et sous cloche jusqu’à la nuit des temps.
Alors, hop, prêts à sauter le pas, à plonger dans le grand bain en espérant ne pas se noyer !
Equipe-toi bien, sors palmes, masque et bonnet, pour le maillot, choisis en un beau pour te sentir bien…
Prêt ? A 3 on y va… en se tenant la main !
Prends soin de toi et, ensemble on surnagera, faudra bien !
Nota bene : Il semblerait que le 11 mai, c’est confirmé.
L’art de la vie
J-6 : Mardi 05 mai 2020
Ça va toi ?
Confiné = créativité ?
Ça explose, ça foisonne, partout sur la toile, ça ose !
A chacun son média, à chacun son karma !
Depuis cette mise sous cloche, tout le monde s’y met, tout le monde crée et c’est vrai que c’est LE bon moment de s’y coller, expérimenter, sublimer, expulser et comme le dit notre président, se réinventer !
La contrainte peut être bonne conseillère, nous obligeant à sauter les barrières, à trouver des chemins de traverse pour contourner les mers mais à l’inverse, si elle est trop rigide, elle peut aussi nous plonger dans l’abîme, nous confronter au vide.
Des traversées du désert, en près de 30 ans de « carrière », j’en ai eu avec la peur de ne pas en revenir, de ne pas retrouver l’oasis du désir, de croire l’idée asséchée, de ne jamais pouvoir me remettre à œuvrer. Mais l’expérience nous apprend à gérer, sachant, moins inquiets, qu’on finit toujours par retrouver le chemin de l’atelier et la joie que cela nous procurera.
Contrairement à d’autres, cette période de confinement n’a pas été très propice. Pourtant j’avais tout le temps du monde, toute la liberté, toute l’envie que je pouvais souhaiter mais étrangement cela n’a pas suffi. Certes, j’ai quand même fait quelques pièces mais quelque chose manquait, un je ne sais quoi, assez mal identifié, m’empêchait d’être pleinement reliée, même le plaisir de créer était tronqué.
Et hier, j’ai enfin capté ce qui coinçait.
Ce petit grain de sable qui obstruait le mécanisme, pas complètement mais juste assez pour que la machine puisse bien tourner.
C’est la vie elle-même qui a déserté l’atelier, figé ma créativité, raidi mes mains et appauvri mes idées.
Plus de nourriture émotionnelle excepté la sombre actualité, sphère humaine rétrécie, échanges avec autrui, bannis, la source de la vraie vie s’est tarie, ne reste qu’un lent et pauvre débit à peine suffisant pour humidifier le nid.
Mais heureusement, la sculpture s’étant un peu dérobée, l’écriture a pris le relais faisant d’une pierre deux coups, comblant le manque et me reliant à vous.
Demain la vie reprendra ses droits. Alors le désert reculera, l’eau rejaillira, étanchant ma soif et nourrissant ma joie.
La seule vraie source de l’art c’est nous, toi, moi, ici-bas.
Prends soin de toi.
Internement imminent
J-5: Mercredi 06 mai 2020
Ça va toi ?
C’est pas d’hier, l’âge n’y est pour rien, j’ai toujours parlé toute seule !
Parfois, pour éclaircir ma pensée, m’entendre parler m’aide à la structurer, parfois, juste comme ça, les mots m’échappent à haute voix, ou encore, mais là tu le comprendras, pour parler à mon chien…qui comprend tout mais ne me répond pas (cependant on y travaille assidument ;))!
Je te vois, toi, qui me l’a souvent fait remarquer car oui, c’est vrai, ça peut m’échapper partout, même en société. Et franchement, ça ne me gêne pas plus que ça de passer pour une déjantée !
Mais là, faut pas déconner, trop c’est trop, je commence à m’inquiéter !
Je me surprends maintenant à parler à ma télé !
Tu vas me dire que le confinement, au bout d’un moment, ça te pousse à perdre pied !
Eclaircissons quand même les faits :
Je ne réponds pas au présentateur du journal télé ni ne donne la réplique à l’acteur de ma série préférée (quoiqu’il m’arrive de faire des commentaires sur ce qui se passe mais chut, ça aggraverait mon cas) et c’est quand même moins grave qu’il n’y parait !
Trois fois par semaine je me connecte à la vidéo postée par ma prof de gym préférée qui depuis plus de 20 ans me fait bien suer ! Depuis le début du confinement, voyant que nous n’étions pas près de nous retrouver, elle nous concocte un cours de gym bien rythmé par écrans interposés. Généreuse, courageuse et néanmoins professionnelle, elle s’y colle de chez elle afin de nous faciliter la vie sans ménager son énergie.
Une heure bien remplie d’abdos fessiers et quand c’est fini, on est bien rincées ! Et évidemment elle parle, et pas que pour expliquer car le cours on le connait pour de vrai mais plutôt pour nous demander si on suit, si ça va, émaillant aussi sa parole de mots tendres à notre encontre.
Et ça fait du bien, de la voir, de l’entendre, de savoir qu’elle nous sait là et qu’on partage ce moment-là.
Et c’est comme ça que ça a commencé. A son bonjour moi aussi je l’ai salué, quand elle demande : « ça va toujours à la maison », je lui réponds et quoiqu’elle dise je ne peux pas m’empêcher, même essoufflée, de lui rétorquer que tout va bien, que tout est parfait et que moi aussi j’ai hâte de la retrouver !
Et ça me fait du bien de lui parler au moins autant que de gymnastiquer. Car dans la vie, tout est lié.
Alors bien sûr, quand j’ai réalisé que je parlais à la télé, j’ai commencé par me fustiger, je me suis dit que je frôlais la folie mais que finalement, tant pis, je ne peux m’en empêcher et surtout qu’il est important de ne pas brider sa spontanéité même au risque de finir internée !!!
En résumé, il est temps que ça se termine, qu’on retrouve la salle de gym avant que ma santé mentale ne se fasse définitivement la malle mais avec des abdos fessiers bétonnés !
Prends soin de toi et t’inquiète pas pour moi, l’ambulance est là!!!
Vive la rose et Les Lilas
J-4 : Jeudi 07 mai 2020
Ça va toi ?
Sortie ce matin…un vent de légèreté souffle sur le quartier.
Depuis quelques jours plus de monde en circulation, des gens, des chiens, des voitures, des scooters, des camions. La ville a remis le son. Et pour nous, citadins grand teint, ben c’est bon !
Bricolex a ré-ouvert. Une file de bricoleurs patients, sourire aux lèvres, ressortent heureux, chargés de leurs pots de couleurs.
Dans beaucoup de boutiques, derrière les rideaux métalliques entrouverts, les commerçants s’affairent à préparer leur ouverture prochaine. Ça lave, ça astique, l’effervescence est perceptible et puis le soleil brille, ça aide, ça booste, ça frétille.
J’adore ma ville. Je n’en suis pas originaire, c’est Paris qui m’a vu naitre, mais Les Lilas c’est ma terre-mère. En la traversant un jour de printemps, il y a plus de 30 ans, un je ne sais quoi m’a pris aux tripes, un sentiment d’être pile poil au bon endroit, un coup de foudre immédiat.
Alors on s’est installé, sans vouloir se la péter, dans la plus belle maison dont on puisse rêver.
Une vieille dame pleine de charme gardant précieusement 2 siècles de mémoire, histoires de ceux qui l’ont habité et qu’il nous tenait à coeur de préserver…oui les maisons aussi ont une âme, celle de l’empreinte que nous y avons laissé.
Mes enfants y ont grandi puis la vie nous a contraints à la quitter et nous nous sommes expatriés dans une commune à proximité mais j’avais laissé ma terre et perdu mes repères.
Quelques années plus tard, j’y suis revenue, l’appel des Lilas était plus fort que moi. 18 ans ont passés et la ville a bien changé mais son charme reste entier.
Il m’est arrivé de songer à déménager mais dès que je mets le nez dehors, balayée l’idée de la quitter, je continue à l’adorer. Confinée ou pas c’est ma cité, c’est chez moi.
Elle, si animée habituellement, s’était endormie.
De la voir aujourd’hui, enfin reprendre peu à peu vie me ravit.
Le Lilas a fleuri, les étroits passages bordés de maisons d’où s’échappe le bruit des tondeuses à gazon, la rue de Paris et son animation, recroiser les gens du quartier, échanger un bonjour, comment va la santé, refaire quelques emplettes sans se prendre la tête, retourner au marché et croiser les copains pour papoter de tout et de rien …
Pas la peine d’aller au bout du monde pour se sentir bien et c’est pas le corona qui va changer ça !
Prends soin de toi
Le lama et le corona
J-3 : Vendredi 8 mai 2020
Ça va toi ?
Tu sais quoi ?
On va peut-être sortir du bois grâce au lama !!!
Non, non, c’est pas une blague, j’ai pas tout compris mais il semblerait que les anticorps de cet animal si sympathique quand il ne crache pas pourrait nous sauver de ce méchant corona !
Je sais, c’est une piste parmi tant d’autres mais moi celle-là, je la trouve sympa ! L’Homme, mis à genoux par un microscopique vilain corona qui pour se relever serait tributaire d’un gentil lama !
On dira ce qu’on voudra… mais que ce monde est narquois !
Terrifiant parfois, la preuve est là mais magnifique aussi, regorgeant de beauté et d’infinies possibilités.
Nous avons été bien secoués, un rappel à l’ordre bien tancé que nous ne sommes pas près d’oublier mais aujourd’hui, même si nous n’en sommes pas encore sortis, n’oublions pas en toute circonstance de célébrer la vie !
Prends soin de toi and enjoy the word !
Fin de partie
J-2 : Samedi 09 mai 2020
Ça va toi ?
J’aurai pas cru
Que j’aurai tenu
Mais là j’en peux plus,
J’ai plus de jus
C’est la fin,
Ça sent le sapin
Ça se rétrécit
Se rabougrit
C’est pas qu’j’m’ennuis
Mais là c’est cuit !
Je l’sens bien
Y’a presq’plus rien
L’citron est pressé
Même les pépins se sont barrés
C’est comme ça,
Faut accepter de lâcher
C’est plié !
Allez, encore demain
Et bye bye les copains !
Prends soin de toi
Alors…hein, on sort ?
J-1 : Dimanche 10 mai 2020
Ça va toi ?
Ça y est, cette fois c’est la der des ders !
L’heure des adieux a sonné.
55 jours et 72 pages de blabla j’crois qu’ça suffit comme ça !
Un dernier mot pour te remercier de m’avoir supporté (dans les 2 sens du terme!) en plus d’avoir été confiné !
Bref, demain, on se déconfine, et c’est normal que ça nous turlupine… Lulu fulmine !!!
Continue à prendre soin de toi…et sortir un peu, ça nous changera ;)
A quoi sert d’écrire, peindre, sculpter, danser, chanter….
Si on ne se saisit pas de cet espace
Si rare, si précieux, si fugace
Pour livrer en toute sincérité
notre authenticité,
et prendre ce risque calculé
d’exprimer sans peur
et avec tout son cœur
qui on est
pour de vrai !
marie wermuth- Graines d'histoires- Tous droits réservés